contenu

nature morte, Paul Cézanne

le contenant et le contenu, quelque chose à creuser dans cette image, un vase ébréché ne peut plus contenir la même chose, on peut y placer autre chose, des fleurs séchées, des éléments qui ne s’enfuiront pas par la brèche, ou encore s’en séparer, le jeter. Quand juge t’on que c’est le bon moment de se séparer d’un vase ébréché, sur un agacement, au bout d’une longue série de petites gènes presque invisibles, l’idée de se séparer n’est-t’elle pas déjà inscrite tout à fait en amont même de ce moment où l’on a acquis l’objet qu’il faudra jeter ou dont il sera d’une importance quelconque de vouloir le détourner de son emploi. Le plus important est-ce le contenant ou le contenu, ce trouble en y pensant.

L’habitude de se voir en tant que contenant, de s’affubler d’une importance, laquelle ? pour créer du contenu, c’est encore autre chose.

L’importance est donc d’importance entre contenant et contenu.

Et si par hasard l’importance, toute notion d’importance se perdait soudain, si le contenu n’avait plus aucune importance tout comme le contenant... quelque chose serait délivré qui serait aussi proche d’un contenu. Une étagère de livres dont on ne voit plus les titres, mais qui forme toujours en soi une image de la lecture, de la bibliothèque, d’une certaine culture. Une question bien plus que n’importe quelle réponse que l’on se sera toujours donnée comme prétexte.

Important le prétexte, peut-on jamais produire quoique ce soit sans but sans raison, sans prétexte. On en revient à la notion d’acte gratuit, qui n’est jamais gratuite puisque cherchant à se prouver à soi la réalité d’une gratuité inventée, fantasmée, c’est à nouveau un prétexte que l’on se sera donné.

Peindre sans raison, peindre avec un corps, le corps s’exprimant par geste, la raison serait encore de laisser s’exprimer un corps. Tenir le corps dans l’ immobile est aussi un acte. Ne rien faire peut-être le contenu d’un faire ébréché, d’une raison ébréchée.

A qui s’adresse un tel contenu, on ne fait jamais rien sans s’adresser à une image d’autrui, à une image de soi, qu’à des images.

Peindre ce que l’on ne peut considérer comme une image, peindre à la fois le contentant et le contenu, "peindre l’être" comme dirait un ami peintre, ce que je trouve toujours un peu trop ronflant comme expression. Et le non-être alors ne se peindrait-il pas ? le lieu où n’existe ni contenant ni contenu, juste un grand silence et rien ?

Le non-être il est possible que ce soit un sérieux malentendu. Le non être c’est cette vie ici-bas où l’on s’accroche à des raisons comme à des épines. Et ici on insiste sur le bas pour s’inventer encore un haut, bien sûr.

c’est contenu dans le paquet.

Il faut se contenter de ça comme se contenir, sinon on devient un fâcheux, un emmerdeur, un chercheur qui ne trouve jamais rien.

Post-scriptum

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Pour continuer

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

technique mixte 70x70 cm

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener