actions, obligations

comment le vocabulaire propre à la finance, à l’argent pénètre t’il dans notre propre langue et en grande partie inconsciente la souille. Encore qu’un mot en lui-même ne soit rien mais que les toutes premières sonorités qu’on y trouve, celle de l’enfance, en deviennent abîmées dans l’oubli, chassées d’un Éden pour atterrir en enfer. J’essaie de me souvenir de la toute première fois où j’ai entendu le mot action, mais je l’ai certainement lu avant de l’entendre de la part d’autrui. une action effectuée à l’intérieur d’une page, d’un paragraphe, et que ma voix aura prononcé intérieurement le découvrant . Obligation devait se rapprocher musicalement d’oubli, peut-être une interprétation sauvage et qui longtemps m’aura induit en erreur. Une "oubligation" Gassion c’était le nom des concierges qui habitaient en bas de l’immeuble de la rue Jobbé Duval. Ils étaient vieux et tout secs, gentils, affectueux, avec des cigales en plastique accrochées à leurs rideaux. Oublie Gassion, je n’ai jamais vraiment pu les oublier, ils reviennent de temps en temps me visiter, ou je vais les visiter en pensée. Je n’ai jamais conservé de lien avec eux une fois parti dans le Bourbonnais, comme je ne conserve de lien avec personne. Enfin ça ne m’empêche pas de penser a beaucoup de gens et tout le temps. Conserver des liens j’imagine que c’est proche des raisons des sépultures dans les cimetières, on écrit, on téléphone, on rencontre certaines personnes à période régulière, pour être certain qu’ils sont à un endroit, un lieu précis, qu’ils ne nous envahissent pas l’esprit de façon intempestive- ce que je ne cesse de vivre depuis toujours. Donc entretenir des liens c’est enterrer quelqu’un ou quelque chose dans la fantasmagorie de mon esprit.
Cela me ramène encore une fois à ce baiser morbide. Ma mère me poussant dans le dos pour que j’aille embrasser mon aïeul froid allongé dans sa chambre dans son grand lit. Action ! Puis la sensation peu agréable des lèvres posées sur la viande froide légèrement piquante. Oublie Gassion vite le contact de la pulpe d’un doigt sur un corps d’insecte en plastique. Les morts et les vivants, les liens et les tombeaux, la mémoire et l’imaginaire, Gulliver attaché au sol par des milliers de petites créatures rageuses qui ne cessent de réclamer leur dû, des comptes. Je me réveille quand je veux les gars, sauf que là non je ne peux pas, je ne peux plus, ça ne fonctionne plus. Pris dans les actions les obligations, bien pris.
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}