Densité du réel ( note de chantier sur l’atelier des #40jours)

Écrire pour donner une existence au réel, une densité particulière peut-être être proche d’une sensation kinesthésique de celui-ci ci au travers des mots. Encore que, c’est plus un faisceau de registres, allant du toucher au goût en passant par la vision et l’ouïe, qui crée encore comme d’autres strates inédites de ce que nous nommons « les sens » et qui trompe le mental qui perd ainsi ses habitudes ses repères, ouvrant ainsi l’accès à un supra mental, proche d’une ubiquité soudaine, éphémère pourtant sitôt qu’on change paragraphe de page.
Attirer l’attention du lecteur par la diversité phénoménale du détail, de la précision de celui-ci qui sitôt qu’on croit les saisir, les arrêter dans une image mentale, saute de détail en détail. La lecture ainsi, proche d’une hypnose, d’une transe, qui éjecte l’être soudain d’un réel approximatif, effleuré, pour le plonger dans un fourmillement d’informations, un univers d’ondes de vibrations, et où la phrase devient le fameux serpent, l’anaconda, le guide au travers de cette confusion soudaine, une réalité étrangère, totalement, une réalité qui de ce fait touche au magique, au fantastique.
Mais avec des objets de tous les jours, rien d’extraordinaire dans ces objets sinon d’être tout à coup débarrassé de l’habitude de trop les voir, c’est à dire de ne plus les voir.
Soudain une irrépressible envie de retrouver Francis Ponge au fin fond de la bibliothèque., de tenir physiquement le bouquin dans les mains, de refuser une lecture uniquement numérique, virtuelle.
Hier soir un second texte sur le thème de la ville souterraine, descendre, descendre descendre…
Le premier texte #40jours#07 : /https://www.tierslivre.net/ateliers/40jours07-amnesie-crescendo/
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}