Description partielle.

La tasse par exemple. Celle qui est posée sur le bureau de verre à quelques centimètres, (environ 5) , au-dessus du coin gauche du clavier. Je dis une tasse mais ce n’est pas le bon mot. C’est un mug de couleur gris-beige dont la partie gauche cylindrique s’enfonce dans l’ombre. En haut une ellipse plutôt ouverte ce qui indique un point de vue de l’observateur en hauteur par rapport à l’objet. La partie droite du cylindre est éclairée par la fenêtre à ma droite. Sur le rebord quelques reflets sans doute dus à l’éclairage de l’écran de l’ordinateur. Le mug est peut-être vide. De mon point de vue je ne peux pas dire s’il reste encore du café au fond de celui-ci. Le manche de ce que j’estime être logiquement une cuillère trace une oblique depuis le bord inférieur gauche de l’écran vers une partie plus obscure, le fond de l’objet. Cela m’a tout l’air d’être une cuillère tout à fait ordinaire. L’une de ces cuillères que j’ai toujours connues depuis mon enfance. Peut-être d’ailleurs fit-elle partie de ce lot de vaisselle et de couverts que nous nous partageâmes mon frère et moi. Ce devait être au printemps 2014 lorsque nous avons débarrassé la maison de notre père ; celui-ci décédé en mars de cette même année. Presque 10 ans désormais. Je me rends compte soudain que je peux compter un peu mieux les années qu’autrefois, grâce à ce petit garçon qui m’appelle Pidou et qui est né le jour même de l’enterrement.

Derrière le mug je distingue une gomme de la marque Staedler (modèle Mars plastic) . Je la prends dans la main et constate qu’elle est encore dans son emballage. En la tournant de chaque coté je constate que celle-ci provient d’Allemagne, qu’elle a été fabriquée à Hambourg ce dont je n’avais pris la précaution de vérifier auparavant. Quel étonnement.

Un peu plus à gauche un carter vide dans lequel on peut installer un disque dur type SATA. J’ai sur une étagère derrière moi une pile de ces disques étiquetés " Images, textes, Documents importants, Vidéos, Podcasts". Je prends conscience que je les utilise de plus en plus rarement. C’est ainsi que me vient à l’esprit cette intuition bizarre. la présence de ce carter vide près de ce mug dont je ne sais plus s’il est vide ou encore un peu rempli de café tissent comme une relation inédite. Une relation qui pour l’instant m’échappe. Ce qui me fait aussitôt songer qu’un tas de relations du même genre se déroulent ici même sur cette table et dont j’ignore à peu près tout du comment et du pourquoi. Ce qui m’interroge également sur les raisons qui me poussent à laisser ainsi les objets acquérir une sorte d’autonomie, à envahir certains espaces sans que je ne m’y oppose vraiment. Peut-être une sorte d’entrainement qui aurait commencé il y a de cela des années. Un entrainement à se laisser déborder par les objets plutôt que de m’astreindre à leur assigner une place, un ordre, qui serait beaucoup plus, selon moi, un genre d’évitement, une facilité, quelque chose de faussement rassurant et qui souvent m’agace.

Pour continuer

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener