J’aurais adoré devenir professeur d’université. Pas toute une vie, non. Quelques temps seulement, aller mettons un lustre. cinq petites années ce n’est pas beaucoup dans une vie. Pour contribuer. Placer sa petite pierre à l’édifice. Mettre un peu le doute. Réveiller ceux qui dorment. Ou encore leur instiller des rêveries plus fécondes dans leur sommeil. Je crois que j’aurais vraiment pris un réel plaisir à brouiller les pistes. à faire des cancres les bons élèves provisoirement. juste pour qu’ils goutent ne serait-ce qu’une minute ou deux à cette sensation si confortable. Puis que la peur s’emparent soudain d’eux. qu’ils se secouent. Qu’ils se fabriquent enfin une raison à la /cancritude/. Il suffit d’une raison. C’est cela la créativité. Rien d’autre. S’inventer, se trouver des raisons. Arrêter d’en chercher. Je pense à Deleuze un peu. A Jankélévitch beaucoup. Lui avait le sens de la musicalité. Avantage certain. Il connaissait la valeur précise d’un silence. Alors que d’autres dont je ne citerais pas les noms ne furent que des moulins à paroles. Des bonzes récitant plus ou moins leurs mantras afin que ceux-ci, héritage, patrimoine, se perpétuent. Enseigner mais quoi. Ce n’est pas la matière l’important. C’est la façon. J’ai connu des profs sans gloire. Dans des lycées obscurs. Des environnement hostiles. Des matières pas vraiment baisantes derechef. Mais quel feu d’artifice quand l’un d’entre eux prenait le taureau par les cornes. Qu’il prenait appui justement sur le prétexte d’une matière à enseigner. Pour tous nous extraire peu ou prou de la médiocrité. pour parler de la vie en général. Pour enseigner à se demander ce que la vie est. Gloire à ceux-là. J’aurais aimé appartenir à cette catégorie. Peut-être, encore mieux que j’y appartiens déjà sans le savoir. De manière totalement inconsciente. Ce ne serait pas une première. Cela se serait déjà vu aussi mille fois. Que l’on soit totalement ignorant de notre vertu réelle de notre véritable impact sur le monde. Est-ce que c’est grave de ne pas savoir. Non, c’est aussi du savoir plus profond.
Enseigner à se demander.
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}