l’ordre des priorités
Reste calme. Conserve ton sang-froid. Pas de geste intempestif. Observe. Observe comment les événements se mettent progressivement en place. Ceux qui sont issus de ton fait et ceux provenant de l’extérieur. Ne te laisse pas envahir par la peur, la colère. Remets donc autant que tu puisses le faire encore de l’ordre dans ce que tu considères être des priorités. Ainsi par exemple met de côté tout ce qui t’entraverait pour monter cette exposition de visages imaginaires. Peins les bords, signe, vernis les toiles, vérifie les systèmes d’accroche, trouve un titre pour chacune. Prépare tout cela en priorité. Pour le reste la banque, l’expert comptable, les impôts, remets à la semaine prochaine.
Oui mais cela me prend la tête. Je ne pense qu’à ça. La désinvolture de cet employé du CIC par exemple qui me sucre mon découvert autorisé sans autre. Pas même un simple mail, pas un courrier. Juste le rappel d’un vague coup de fil au mois de juillet pour me demander mon bilan. Sans me dire que cette autorisation de découvert était liée au fait de le produire. Il se dit « surpris » par la véhémence du mail que je lui ai balancé. « Surpris ». Et depuis deux heures tu ne penses plus qu’à ça. Un nouveau mail expédié n’y changera rien. Mais cela fait du bien de l’expédier tout de même. Ne serait-ce que pour dire que tu n’es pas naïf ou aveugle concernant les rouages vicieux de ce genre d’établissement. Le contraste entre la réalité et l’image publicitaire qu’il désire imposer. Te voici donc à découvert pour de bon. Réfléchis. Mets de l’ordre dans tes priorités. Sûrement la semaine prochaine tu découvriras qu’au fond c’est exactement ce que tu voulais. Que rien de tes actions comme de ton inertie est innocent. Que le but n’est pas forcément négatif. Que là aussi il faut savoir effectuer un pas de côté. Changer de point de vue. Mettre en œuvre dans la vie ce que peindre ne cesse jamais de t’enseigner. Ce qui te met en colère ? N’est-ce pas encore une forme de dépendance que tu as crée toi-même. Un manque de foi finalement dans le fait qu’aligné rien de fâcheux ne peut arriver. L’ordre des priorités tu le vois désormais n’est qu’un reflet. Le reflet d’un alignement avec tes valeurs. Le doute qui s’immisce ne sert jamais à autre chose qu’à mieux corriger l’alignement.
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}