L’habileté ou la vie

habiletéPublié également sur https://pblanchon.com/spip.php?article12Le mieux serait de réunir les deux mais c’est rarement ça. Trop habile c’est mort, trop vivant ça fait mal aux yeux...alors une fois encore la voie serait-elle celle du milieu ?Tu te souviens d’une époque lointaine où tu t’étais déjà posé une question similaire concernant la photographie.A l’époque le “piqué” comptait plus que la photo elle même... et le petit cadre noir qui préoccupait tant les puristes ; ceux ci limaient avec frénésie le passe-vue de leur agrandisseur afin de prouver au monde entier qu’ils n’avaient pas recadré leurs clichés...Mais dans le fond c’est bien la photo qui compte comme le tableau en peinture ... Ce que ressent le spectateur n’a pas grand chose à voir avec les recettes utilisées.L’habileté est préoccupante car elle semble prendre le pas sur la vie. J’ai beau ouvrir mon esprit et mes yeux, mon cœur , l’habileté sans âme me chaut peu.Une âme mise à nue aussi me procure un haut le cœur si la sensiblerie l’emporte sur la sensibilité.Trouver l’équilibre entre les deux peut-être .. encore que ce n’est pas sur : on risque de tomber sur du tiède.Les asiatiques, doués d’une patience infinie sont capables de répéter un trait des milliers de fois avant de sentir que ce trait enfin est juste. Un entrainement sur le long terme est alors accepté et c’est en se pressant lentement qu’ils cheminent dans la pratique et acceptent d’atteindre à la maîtrise à un age avancé.En occident nous sommes pressés, j’ai connu un élève de 70 ans qui était venu me voir pour apprendre à dessiner , et il voulait atteindre à la maîtrise en seulement une année ...Il aurait pu. L’expérience de la vie lui aurait servi d’ accélérateur. Encore faut il se libérer du connu comme de la comparaison.L’habileté en dessin et peinture ce ne peut être un art de la copie à terme, mais plutôt l’acceptation de qui nous sommes pleinement sans entrave, sans peur. La fameuse peur du ratage vous savez ...l’habileté ce n’est pas dessiner comme Leonard de Vinci mais comme tu es.Quand l’habileté épouse la vie, que la vie épouse l’habileté et qu’on en reste baba alors on peut dire qu’il se passe quelque chose du domaine de l’art, du sacré etc. Mais si on ne dit rien c’est très bien aussi : les grandes joies aussi sont silencieuses.

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

technique mixte 70x70 cm

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener