Le même

Au fond tu es toujours le même, cette réflexion avant de t’endormir et qui surgit comme une évidence, le genre d’évidence que l’on ne voit pas tellement elle est évidente justement. Mentalement tu es revenu en arrière dans des situations nombreuses de ta vie et c’est comme si la poussière s’envolait dans un film au ralenti mettant à nu ce même. Un voyage dont on ne saurait dire la durée ni même le commencement, sauf peut-être une attention à cette singularité sur le seuil du sommeil. tu as toujours été le même être dans le fond, sauf qu’il semble difficile de l’exprimer avec des mots, cela relève plus d’une sensation étrange, une certitude soudaine de retrouver son visage- encore qu’il ne s’agit de rien de physique, mais d’une silhouette éventuellement, et ce malgré toutes les vicissitudes traversées. Et tu n’étais plus ce pauvre bougre de plus de soixante ans, tu ne semblais plus vraiment avoir d’âge mais tout de même il te semble que tu es plutôt jeune, éternellement jeune. Tu t’es souvent posé cette question si les fantômes existent et que toi-même en devienne un, quelle apparence aurais- tu. Et il t’a souvent paru faux que l’on puisse apparaître dans l’état où nous aurions quitté cette vie. Mais peut-être existe-t’il aussi une sorte de libre arbitre pour les spectres, et, si on pouvait choisir, décider de notre apparence pour surgir tout à coup face aux vivants ; ceci ne te semble au demeurant pas si loufoque que cela puisse le paraître à première vue. D’un autre côté si c’est une apparition destinée aux vivants, possible que eux nous voient tels qu’ils se souviennent de nous. Il pourrait même y avoir une sorte de double apparition celle du mort et l’autre projetée par le vivant à partir de l’image fixe d’un ultime souvenir du défunt. Mieux, celle entre toutes qui pour des raisons éminemment intimes personnelles sera retenue. Et peut-être que parfois les deux visions coïncident... sont la même.

Post-scriptum

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener