le retour du vieux françois

huile sur toile (en cours de réalisation 100x80) 2023

je ne serais pas si étonné qu’on en revienne tôt ou tard à une syntaxe proche de celle du vieux français dans l’ordre bousculé des mots qui nous rend cette langue à la fois si familière et si lointaine aujourd’hui. en lisant un poème de la revue catastrophe j’ai aussi pensé à Christophe Tarkos, à Mallarmé, à un bon nombre d’autres dont le but fut souvent celui de désordonner un ordre entendu ou imposé plus que de raconter des histoires. Des histoires on ne peut jamais vraiment en sortir, en revanche d’un ordre, d’une syntaxe certainement, mais encore faut-il savoir à quel prix. Pas une large audience pas de consensus. Ce qu’on en à faire, pas grand chose. Mais pour ceux qui aiment la langue pour ce qu’elle est, vivante, jamais aussi émouvante que dans son re agencement imprévu et qui fourbit de nouveaux sens, une autre parole que l’habituelle, voici une petite joie matinale. Ensuite si je rapproche cette façon de poser un ordre des mots différent de l’ordinaire avec la touche de couleur, par épaisseur ou au contraire fluide posée de façon aléatoire, contre justement une marche à suivre classique j’en arrive à peu près à la même chose que l’apparence moderne est une remise à jour, un update. Il faut voir aujourd’hui les grands maîtres de l’art figuratif chinois contemporain manier le pinceau éventail. On a l’impression qu’ils suivent les vents d’une navigation intérieure, leurs choix sont au début incompréhensibles mais une fois que l’on commence à voir où l’apparent hasard conduit leur pinceau, on est bluffé. Ils sont parvenu à créer une passerelle entre deux époques très éloignée, celle des vieux lettrés patients et la nôtre manipulée par toutes les urgences, il en résulte une émotion troublante, très forte lorsque soudain on tombe sur un mot que l’on croit connaître et que tout à coup cette pseudo connaissance s’évanouit pour laisser place à une intimité fabuleuse, quasi surnaturelle.

Post-scriptum

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener