Le rêve de publicité

Pas de publicité pour ma dernière exposition. Pas de photographie non plus. Je n’en ai pas éprouvé le besoin, la nécessité. Je vis en ce moment tellement à coté de ce que tout le monde nomme la réalité. A moins que je ne cesse toujours de m’obstiner à ne pas vouloir y entrer. Mon rêve publicitaire s’est achevé je crois. Celui qui contenait ( avec peine ) le délire de la notoriété de la célébrité, de la renommée.
A 25 ans j’écrivais sur mon petit carnet : le dernier refuge sera l’anonymat. J’étais si fier de cette trouvaille. Ensuite je crois que j’ai passé le reste de ma vie à vouloir étayer cette intuition. J’ai fait tout ce qu’il fallait pour essayer de me rendre visible, de me rendre intéressant, voire séduisant, oh bon sang comme j’y suis allé de bon cœur, comme volontaire pour la trépanation. Vol au-dessus d’un nid de coucous, un très bon film en passant.
Puis une fois un ou deux tours de piste enfilés, découverte extraordinaire de la piste de sciure et du rôle que finalement le public m’avait de guerre lasse attribué. Auguste, je me suis drapé dans un joli sourire.
Rendons à César ce qui revient à César.
Même ce blog est le dernier sursaut effectué pour me débarrasser à jamais de toute rêverie publicitaire.
Je tire sans doute ses dernières cartouches. Je n’aura pas fait trop long feu. Quelques années, trois petits tours et puis s’en vont.
Ce qui reste c’est l’anonymat.
Même moi ne me reconnait plus.
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}