Suivre un protocole
protocole visuel pour lacer une chaussure.
Avant de suivre un protocole, je parie qu’il faut s’y engager de façon consciente et volontaire. Disons que si on fait le choix, il vaut mieux s’y tenir que non. En informatique si on commence avec le protocole FTP il ne vaut mieux pas changer d’idée en cours de route, sinon ce qu’on en attend finira fatalement en un paquet de données inexploitables d’un côté ou de l’autre. Il faut deux côtés pour lancer un protocole, un émetteur et un récepteur. L’émetteur envoie un certain paquet de règles à appliquer, à respecter, le récepteur s’y plie, il les applique. En cancérologie, il ne vaut mieux pas jouer au malin, n’en faire qu’à sa tête, le protocole est strict, le protocole ne compte pas pour du beurre.
Sans doute que le protocole est auréolé d’une certaine gravité dans mon imaginaire. Et que la gravité fait reculer. On aimerait bien rire mais ce n’est pas le moment. Protocole oblige.
Appelé aussi étiquette parfois, suivre l’étiquette- on se souviendra des levers, des couchers du roi soleil, de ses repas, de ses défécations, de ses ablutions, de ses fêtes comme de ses guerres - étiquettes compliquées retorses - obligeant courtisane et courtisan à suivre un protocole, ou, si l’on est policier une piste, sans la lâcher. et il est important de ne rien lâcher à ce moment là, disent les chefs cuisiniers de la téléréalité. Car l’important est de parvenir au bout, à bout de. Fabriquer le meilleur des mets qui produira la plus belle crotte, qui elle-même choira dans la plus belle cuvette etc. N’oubliez pas le protocole pour laisser propre l’endroit une fois l’affaire achevée.
Un protocole médical est-il semblable à un protocole scientifique, à un protocole artistique, à un protocole vinicole ? Ce qui les relie tous c’est la notion de mode d’emploi, la liste à puces ou numérotée, ne pas faire le petit 2 avant d’être passé par le petit 1.
Ce qui semble assommant à première vue provient surtout de l’ignorance des bénéfices que l’on peut en retirer. Cette ignorance qui déclenche l’outrecuidance de n’avoir rien à secouer des protocoles en général.
C’est une erreur de jeunesse.
Je n’ai jamais bien aimé les modes d’emploi. Et encore moins les plans de construction des meubles Ikea. Ce qui ne m’a pas valu que du bon.
Car réfléchis au pourquoi du comment, un peu.
Les ancêtres se sont pliés en quatre, de plus dans certains pays on a réduit leurs os dans des cassettes pour qu’ils deviennent empilables à l’infini, ou qu’ils prennent moins de place dans les cimetières, et peut-être aussi pour aider leurs descendants à se défaire encore un peu plus de tout lien émotionnel qui nous entrainerait à n’effectuer que du sur place dans l’ici-gît. Il faut avancer c’est la loi. Qui n’avance pas recule.
On peut penser un petit instant, à ce protocole si compliqué pour envoyer une fusée dans l’espace. Une génération vers l’avenir. Il faut y réfléchir un tant soit peu. Et ensuite suivre la marche à suivre, à la lettre. Au moment du compte à rebours, il sera hélas trop tard pour hésiter.
Le protocole est lancé. Plus qu’à prier pour que tout marche ( il faut avancer)
Un singe dans la cabine là-haut n’en mène pas large, il a retroussé ses babines pour montrer ses dents, une réaction de primate en cas de danger réel. Un sourire nerveux.
En bas un homme retrousse ses manches pour s’y mettre, pour se faire à l’idée, pour enfiler une chaussure qui d’emblée lui semble trop petite Les fesses posées sur un tabouret, il a à étiré la chaussette pour qu’elle ne fasse pas un pli, puis il a présenté le bout de ses orteils dans la gueule de la godasse, il y a glissé le pied tout entier, a lacé les lacets, noué les brins pour faire un joli nœud.
Maintenant l’homme a une chaussure à son pied, mais ça ne sert à rien de se réjouir trop vite, ce n’est pas fini, il faut aussi mettre l’autre à l’autre pied. Puis se lever, choisir une direction vers quoi marcher, et avancer. ( il faut toujours avancer, sinon on ne fait que reculer)
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}