Marathon.

Non mais là, c’est exagéré. Je ne sais pas si vous avez vu Word War Z, mais l’armée de zombis qui cavalent après Tom Cruise, c’est que dalle par rapport à ce que j’ai aux fesses. De plus fait exceptionnel à noter déjà dans ce film, les zombis sont dotés d’une vélocité jamais vue auparavant. Et bien les dracos vont encore plus vite.
Je cours je cours je cours, je suis entrainé pour cela, je m’en aperçois en courant, c’est absolument dingue.
Ils sont des milliers et moi seul devant, à petites foulées comme une ballade matinale.
J’essaie de sauter une haie, et oh miracle, un bond facile, et de plus élégant, je retombe sur mes guiboles et reprends la course comme si de rien n’était. Monté sur coussins d’air.
C’est en passant devant la vitrine du super U que j’ai aperçu mon reflet. C’est un peu hard à avaler, mais je ne suis pas celui que j’ai cru être.
D’abord j’ai une petite tète et un très long corps type athlète africain, un corps visiblement taillé pour cavaler des heures peut-être même des jours.
J’en ai sous les baskets, je le sens. Je peux allonger la foulée. Je l’allonge et creuse la distance avec l’armée de dracos. De temps en temps je me retourne et je les vois perdre de plus en plus de terrain.
J’aperçois un fleuve. Je me demande si pour la nage c’est pareil.
C’est pareil. Un crawl d’enfer ! je tente la brasse papillon et là stupéfaction j’ai la moitié du corps qui sort de l’eau sous l’effet double hélice des bras.
Dingue non ?
J’ai presque atteint la rive. Suis ivre de ces nouveaux pouvoirs que je me découvre. Et tout à coup je les aperçois. Une armée de dracos m’attend de l’autre coté. Je suis pris en sandwich.
Je jette un coup d’oeil par dessus mon épaule. J’ai peut-être quelques options que je n’ai pas encore découvertes. Des hélices, des ailes, un bidule à faire tournoyer pour défier les lois de la pesanteur et m’élever au dessus de ce cloaque.
Rien.
Un deus machina m’arrangerait bien.
Mais non ça ne se passe pas du tout comme ça.
Les dracos savent nager , ils m’encerclent. Me voici pris à nouveau dans leur filet.
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}