moi qui t’ai nourri

je l’ai entendu beaucoup et je l’entends toujours , c’est souvent un reproche ; un rappel à l’ordre ou à la raison. Mais quoi, comment ose-tu, moi qui ai tout fait pour toi, moi qui t’ai nourri, quelle ingratitude .
Pas rare que ce soit plus facile de faire à bouffer que de prendre l’autre dans ses bras, de lui parler, de lui dire vraiment la vérité.
Le facile et le difficile et tous les modes de communication qui en découlent.
Et si on inverse les choses ?
Pour faire à bouffer, il faut du fric, dont il faut en trouver, pour en trouver il faut travailler, se rendre à ce travail de bonne heure, supporter les autres toute une journée de travail, qu’on l’accepte ou pas, revenir ensuite, entrer dans un supermarché, chez un boucher, un épicier, être à peu près poli, vider son porte-monnaie, faire une carte bleue, grossir encore le découvert, prendre un crédit à la consommation, et enfin rentrer chez soi exténué.
Faire à bouffer.
Et là le merdeux se pointe la gueule enfarinée, tu ne m’aimes pas assez etc.
Alors tu réponds moi qui t’ai nourri, ou moi qui t’ai donné la vie, ou moi quelque chose, n’importe quoi en fait pour ne pas être gommé de la surface du monde soudain. Quelle injustice non ? Qu’il te reste une maigre chance d’exister un tout petit peu jusqu’au moment de poser la tête sur l’oreiller quoi.
Moi qui t’ai nourri.... quelle ingratitude.
Le merdeux en profite pour s’enfoncer encore plus dans ses rancunes pour se construire ainsi avec la rancune. Pour n’être plus que rancune.
Tristesse, malheur, rancune des trop nourris, des trop habitués, des borgnes parfois très semblable à ceux qui se vivent sous-alimentés.
l’origine d’un mode de communication le plus facile du monde sans doute.
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}