Ne te prends pas la tête
Photo gratuite comme la méchanceté des hommes
— Ne sois donc pas entêté, laisse tomber la neige, un chat de perdu aucun autre de retrouvé et alors ? et tant mieux pour partir en vacances, plus besoin de chercher quelqu’un pour lui servir le boire et le manger… alors quoi ? tu vois, toute situation même à priori mauvaise à du bon n’est-ce pas ?
— Ta gueule ! j’ai répondu et j’ai tourné les talons, je suis parti dans les collines, il faisait super froid et le ciel était d’un bleu irréel, bleu comme l’âme hors.
Pour retrouver la solitude de l’enfance le sas est souvent la méchanceté, elle est chez moi, en moi, de la même nature que celle du serpent à sonnette que le badaud dérange en lui marchant « sans le faire exprès » sur la queue. C’est une méchanceté réflexe.
Et s’il y a une chose que je déteste le plus au monde c’est l’inattention, mais cela n’est encore rien par rapport à ce qu’elle déclenche lorsque je la surprend en moi-même. Alors là vraiment j’en bave des ronds de chapeau.
Je suis mon meilleur tortionnaire, aucun de toutes celles et ceux que j’ai subis n’arrive à ma cheville, pas plus qu’à ma tronche. Cependant que je ne me résisterai pas, je finirai un de ces quatre par m’en abasourdir, à sombrer dans la plus noire des idioties.
C’est une fatalité qui vient elle aussi tout droit du bleu, de cette effroyable sensation de bleu.
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}