notule 13
Photo de Nitin Arya sur Pexels.com
Quand je pense au mot écriture, je pense au mot crier, au mot torture, naturellement, sans y penser. Parce que l’écriture a débuté ainsi dans la difficulté d’être. Dans le passé. Et que ce passé s’introduit comme un intrus souvent dans mon présent.
Parce que je suis attaché à cette mémoire du passé comme un avare à ses deniers. Lorsque je désire me fustiger, je peux très bien valider ça.
Et ainsi rester le même envers et contre tout.
Quel plaisir étrange de toujours vouloir être le même contre vents et marées.
Proche de l’obscène.
Ainsi donc tout partirait en carafe, tout se désagrégerait autour de moi, tout ne serait plus que ruines, pertes, désolation, oubli, disparition.
Sauf moi ?
Superbe imbécile rayonnant d’imbécilité !
Enfant.
Mais je peux encore remettre les mains dans la boue juste après la pluie.
Je peux reconstruire Ninive, et Babylone et même Paris vous savez
juste avec trois cailloux et deux brindilles.
vous ne me croyez pas ?
C’est cela le problème à dépasser depuis toujours
que vous ne me croyez pas cela n’est rien, c’ est une chose facile à régler.
Mais vous, pour quelle raison ne me croyiez vous pas ?
Et tomberais-je dans l’illusion encore de me risquer à vous plaindre ?
Si je n’étais pas constitué uniquement de ce même silence que l’on trouve entre les mots, les phrases, les lignes et tous les textes jamais écrits jusqu’à présent.
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}