Pathos

Un vieux mot grec devenu synonyme de n’importe quoi. Mais justement il n’y a que ça de bon le n’importe quoi non. Ce qui n’empêche nullement l’agacement premier de surgir comme un beau diable de sa boîte. Tu lis un texte, le pathos te saute à la gorge, tu voudrais zapper. Premier réflexe. Faut s’accrocher tout au contraire. Mesurer l’écart. Toujours mesurer l’écart. Ne pas confondre avec s’écarter. Ce qu’on apprend de soi quand on se retrouve confronté à cette gêne. C’est comme découvrir un furoncle sur un beau cul. Cela ne colle pas avec l’imaginaire. Pas plus qu’avec la réalité que l’on est toujours tenté de désirer. Le pathos joue un rôle déclencheur, provoque un déclic, clic clac à un instant T dans cette bouillie de pensées dans laquelle nous ne cessons jamais de patauger. Ce que provoque le pathos, d’abord cette sensation pénible de déjà-vu, de trop vu, quelque chose qui flotterait à la surface, un genre de liquide graisseux, oléagineux, masquant la limpidité rêvée d’une eau qui selon le sens accordé aux choses naturelles devrait couler de source. Mais le son perçut éveille quelque chose d’inédit qui ne vient pas. Pire, qui remet en question notre souhait d’inédit. On s’attend à prendre de l’altitude et on retombe au sol comme une merde. Voilà ce que j’apprécie peu a priori dans le pathos. Mais je ne suis pas un homme d’à priori. Enfin je m’efforce d’en sortir le plus souvent qu’il m’est donné d’y penser, puis de pouvoir effectuer un effort pour y parvenir. Parfois il y a meme un sacré décalage entre le moment où je me dis merde quel pathos, et le commencement de cet effort pour me remettre en question. Je crois que c’est lié aux propriétés intrinsèques de la naïveté. On n’est jamais aussi naïf que lorsqu’on refuse la naïveté. Quand on imagine être doté d’une lucidité. Il n’y aurait certainement pas de pathos sans cette pseudo lucidité. Cependant à bien me souvenir de tout ce que j’ai vu et pensé à l’âge de cinq ans n’était-ce pas justement contre cette prétendue lucidité des adultes que je combattais. Qu’une part de moi n’a jamais cessé de combattre. Le pathos, autrement dit ce déversement brouillon d’un état d’âme, cela fait partie du travail d’écrire que de s’obliger à le relire. À chercher ses tenants et aboutissants, à en extraire une sorte de quintessence. Parfois il suffit de peigner le texte, le débarrasser de ses pellicules, de ses poux, de ses lentes, de tous les empêchements mis en place pour le rendre illisible. Pas forcément trop bien peigné. Mais clair déjà. Et pour atteindre à cette clarté prendre le pathos à bras le corps. Le secouer comme un prunier. Dis moi clairement le nom de ton putain de fruit bordel. Ne surtout pas aller selon sa pente. Résister, tenir bon. Malheureusement le pathos est un peu comme le diable. On croit qu’il a disparu, que l’on en a fini avec lui et soudain on s’aperçoit qu’il revient à la charge là où on l’attend toujours le moins. Que depuis notre lucidité on est justement en train de nager en plein pathos. Une solution serait d’en rire si ça ne faisait pas grincer des dents ou pleurer. Mais non, revenir à l’aspect pratique, terre à terre, d’abord se rendre chez le dentiste, régler le foutu problème du sourire.

Post-scriptum

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

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mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener