peindre à l’huile sans médium

Première couche huile sans médium

Toujours revenir à une idée de pauvreté. Non pas une mentalité de pauvre, se plaignant de manquer, de n’avoir jamais assez. Mais au contraire se débarrasser de ce qui gêne, encombre, brouille, rend confus, éparpille. Hier je faisais le constat d’un empêchement pour peindre à l’huile comme je le souhaiterais. C’est à dire pouvoir m’y mettre à n’importe quel moment, sans empêchement dû au fatras qu’il faut toujours mettre en place : le pot pour nettoyer les pinceaux, les mélanges de médium, toute la cuisine . Une panoplie à Installer, désinstaller, parce que je travaille dans le même espace dans lequel je reçois les élèves. J’ai pensé me faire un autre atelier a l’étage où je pourrais laisser le travail en cours, le bazar, mais trop de frais à engager pour rendre viable le projet. Donc ces derniers temps je me suis rabattu sur l’acrylique. Ce qui ne me convient pas. Le rendu n’est pas le même qu’à l’huile. Même une fois les toiles vernies. Une affaire de texture, de matières. Donc j’ai trouvé une piste, peindre à l’huile sans médium. Il me restait une ou deux plaques de bois que j’avais enduites de médium blanc, j’ai testé. Ce que je cherche c’est une matière, une pâte. Et tout de suite la règle du gras sur maigre m’est revenue. En général je commence par des couches fines diluées dans du white spirit ou de l’essence de térébenthine, mais j’ai décidé de ne pas utiliser de diluant du tout. Travailler directement à partir des couleurs des tubes en l’occurrence un orange de cadmium et un bleu de cobalt. Le but est de trouver la bonne épaisseur pour la première couche tout en prévoyant les prochaines, plus épaisses sans doutes. Toujours la règle... bien sûr à l’huile on est toujours assujetti aux différents temps de siccativité de la peinture. Pour les mélanges une fois les couleurs pures déposées j’ai utilisé du blanc de titane. Finalement suffisamment onctueux, fluide pour ne pas avoir besoin d’ajouter du médium. Bien sûr j’ai travaillé sur un petit format, des petites touches successives. Je ne crois pas que je puisse adapter ce procédé sur de plus grands espaces. A moins de presser les tubes entiers sur la surface puis d’utiliser des racloirs... mais dans ce cas j’en reviens à la peinture au couteau ce qui n’est pas mon but. Et puis c’est là que la mauvaise pensée sur la pauvreté revient, pas les moyens, et surtout la peur du gâchis comme de la facilité. Non le seul capital disponible est le temps. Un grand espace n’est qu’une vue de l’esprit finalement. Je devrais arriver à un résultat aussi sans me presser, en prenant bien le temps. Et même en utilisant le même pinceau. Un petit pinceau. À suivre...

Une heure plus tard je regarde. Un format 80x80 cm de la peinture pure et sans gabegie avec toujours le même petit pinceau. Bon d’accord ça ne représente rien, ça ne dit rien, ça ne parle de rien. Ça ne me change pas beaucoup… peut-être même que ça me rapproche de ce qui m’éloigne.

État du tableau à 10h30 toujours sans médium et avec le même petit pinceau

Post-scriptum

haut

Pour continuer

import

Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

import

technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

technique mixte 70x70 cm

import

La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener