Plaire
Léonor Fini, Divinité Chtonienne guettant le sommeil d’un jeune homme.
On ne peut pas plaire à tout le monde et tout le temps. Tout le monde le sait et pourtant on persiste dans l’erreur. Pourquoi ?
Un certain confort sans doute proche de la paresse, de la vanité, de l’orgueil. L’idée d’être unique, important, incontournable.
Moi moi moi.
J’en étais presque tout à fait revenu lorsque je suis tombé sur Gaston. Pile poil au bon moment, parce que la vie, quoiqu’on en dise est très bien fichue, la vie c’est une mécanique de précision.
Lui ne voulait plaire qu’aux négresses. Moi à toutes les femmes qui passaient.
Mais la dernière baffe m’avait sonné, je commençais à douter de mon positionnement de queutard dans la vie.
Le positionnement, on dit ce mot désormais mais avant les vieux disaient : Est ce que tu sais ce que tu veux dans la vie ?
Et c’est parfaitement exact qu’en matière de femmes je ne savais fichtrement rien de ce que je voulais, à part qu’elles m’aiment et que je puisse coucher elles avec autant qu’il me serait possible de le faire, et même au delà.
Je voulais plaire à toutes et au bout du compte rien ne marchait jamais.
J’étais un don juan des temps modernes qui n’avait pas assez creusé les véritables raisons de son besoin de séduire.
Qui fuyait même à couilles rabattues ces fameuses raisons, car forcément elles n’allaient pas me plaire. Elles me parleraient ces raisons du malheur d’être soi, d’être seul et de ne pouvoir l’accepter, ces raisons étaient de plomb alors que je rêvais de bulles, de plumes et de plumards.
Elles évoquaient aussi à voix très très basse la nécessité. Cette fameuse nécessité dont je ne voulais jamais entendre parler.
Celle qui fait foi.
Personnellement je me refusais à toute nécessité comme une vierge effarouchée pour le coup.
Pour le coup rêvé, fantasmé, un ailleurs à repousser le plus loin possible de peur que.
Ce qui me laissa vite penser, grâce au regard de Gaston sur ces femmes évoquant la générosité de la Terre, ces noires obscures aux blanc des yeux si blanc , que je cherchais vainement au dehors ce qui ne cessait de me fuir à l’intérieur de moi ou que je fuyais d’ennui de trop le voir.
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}