Stage de peinture ce dimanche "oser, hésiter"
Une spirale à l’encre de chine
Partir avec ces deux mots, oser et hésiter. Ne rien préparer vraiment. C’est osé. Eprouver quelques doutes, c’est hésiter. Ce qui fait songer à la notion de préparation. Quand la résistance s’insinue jusque là. Le refus de préparer quoique ce soit pour être au moment, tout entier livré au moment, à ce point d’équilibre qu’impose ce terme. Equilibre fondé sur quoi, toujours la question en suspens. Même si l’on sait pertinemment que c’est une somme de déséquilibres successifs qui crée cet équilibre là précisément, et pas un autre.
Y aller les mains dans les poches ? c’est hésiter. Se souvenir qu’on a une vie, que l’on n’a pratiqué que cela, que le déséquilibre est notre grande affaire, qu’on n’a pas à en rougir, c’est oser.
En fait le secret du mouvement ce n’est pas oser ou hésiter, aucun de ces deux verbes n’est un havre de paix, une sinécure. Aller à fond dans l’un comme l’autre est un bon exercice pour comprendre la friction, l’invisible force comme chef d’orchestre placé entre les deux.
L’écrire ici renforce t’il quoique ce soit ? Est-ce un préambule au rituel ? Une manière de se rassurer, d’aller quérir un semblant d’audace ?
Probablement un peu de tout ça, et rien de tout ça puisque qu’avant de commencer quoique ce soit on ne sait pas, on ne sait rien, parce qu’il faut tout oublier pour se lancer dans la journée une nouvelle fois.
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}