Submergé
Librairie de Paris, Place Clichy à Paris.
Je ne pouvais pas tomber mieux que sur cet atelier d’écriture , déjà je retrouve cette sensation d’être presque totalement submergé. Je m’accroche à des pensées, des phrases récurrentes qui ne cessent de tourner en boucle. Comment je vais faire ? Je n’ai pas le temps, suis débordé.
ça me fait rire.
Car mes élèves me disent exactement la même chose lorsque je leur propose des ateliers, des exercices, du travail personnel à faire à la maison.
On se dit tous plus ou moins ce genre de chose. Une défense, un barrage contre l’atlantique, en l’occurrence cette apparent chaos qui nous tombe littéralement dessus et dont on cherche l’issue en redoublant d’efforts pour s’organiser, souvent en vain.
En vain parce que la sensation éprouvée, l’adrénaline qu’elle déclenche ne se trouve pas sous le sabot du premier cheval venu.
On aime ça se faire peur n’est-ce pas, même si on ne se l’avoue pas facilement, si on se réfugie derrière l’idée du sort, bon ou mauvais.
40 jours à me creuser la tête pour réaliser les exercices quotidiens de cet atelier d’écriture, ça peut évoquer la traversée du Sinaï, le déluge, un tas de choses parmi lesquelles aussi un jeûne, un carême, des sauterelles qui voltigent et une manne aussi.
La régularité est une clef possible, je l’ai déjà. 2200 textes publiés sur ce blog me rassurent un peu sur mes capacités. Sauf que là il y a un cadre c’est un peu plus difficile et en même temps c’est peut-être justement ce qui me manquait, je ne suis pas totalement dupe.
Donc submergé d’accord, mais avec masque, palme et tuba.
J’ai tout de même passé une grande partie de la journée à pondre trois paragraphes, une tache de fond de tous les instants. le résultat est ici :
https://www.tierslivre.net/ateliers/40jours03raymond-carver-trois-fois/
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}