Torsion
peinture Gérard Garouste
Tu peux tout tordre, afin de modifier le sens commun et décider de ton sens à toi, modestement bien sûr, sans crier à tue-tête regardez comme j’ai bien tordu ceci ou cela.Sans pour autant te rendre dans le monumental, ce que tu détectes d’impossibilité pour le moment à l’intérieur de ce désir. D’une part parce qu’il te faut rester accroché comme l’âne à la terre au sol à l’idée d’une matière, le fric, l’espace. De l’autre l’énergie, le temps pour réaliser ce désir qui t’accaparerait sur un moindre nombre de pièces alors que tu as tant à fournir pour les prochaines expositions. Mais l’acceptation de cette torsion quand même ce n’est pas rien pour aujourd’hui. Non pas que tu ne la pratiques pas depuis longtemps mais, jusque là, ce moment même,tu ignorais tout de sa raison d’être. C’est grâce au commentaire que tu détestes tellement d’ordinaire que le sens te vient soudain. Par ce lieu cet espace qui se crée dans la friction des commentaires et les trouées que l’herméneutique y fore et dynamite. Et de l’écrire en même temps que de le trouver, de sentir comme cette justesse a de l’aplomb.
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}