27 octobre 2024
Au bout du quai, le silence est épais. Les herbes sèches restent immobiles, et le gravier glisse sous les pieds. L’eau autrefois passait ici, creusant des sillons d’argile et de rouille, élevant de petites buttes le long des berges. Plus tard, je plongerai une main dans cette terre fendue, pour retrouver ce qui persiste — une trace humide, une marque laissée par le fleuve avant son retrait. Si je ferme les yeux assez longtemps, je pourrais peut-être encore sentir l’eau se heurter aux pierres, remonter sous mes semelles.
La ville ne nous attendra pas ; nous la traverserons, une rue après l’autre. Sous les ponts couverts de mousse, derrière les vitrines éclatées, s’entasseront des morceaux de verre et de vieux journaux. La vieille gare se tiendra là, ses rails rongés s’entrecroisant en un réseau de lignes folles sans but. Les façades se fendilleront, les volets en bois pendront, retenus par des charnières rouillées. Parfois, une bourrasque arrachera une affiche, dévoilant des mots que le soleil a effacés depuis longtemps. Les bâtiments tomberont par endroits, une brique à la fois, tandis que l’eau imaginaire trouvera son chemin sous les arches fissurées. Plus tard, je me souviendrai de ce moment — du bruit de la pluie qui rongera lentement les pavés, des flaques où les reflets vacilleront avant de s’éteindre.
Ce n’est pas tant ce que l’on voit, mais ce que l’on devine. Une rue droite, au loin, noyée dans la poussière. Un éclat de lumière sur une vitre souillée par le temps. Un ruisseau qui court brièvement entre deux rangées d’herbes. Je m’arrêterai, les yeux fixés sur l’horizon, et je chercherai à reconstituer de mémoire une carte de ces sentiers perdus , de ces villes repliées sur elles-mêmes. Un jour, peut-être demain, je tenterai de dessiner cette carte — des ponts, des canaux, des venelles étroites qui serpentent entre les entrepôts et les jardins en friche. L’eau effacée n’y laissera sans doute que des marques à peine visibles , se fondant dans les fissures des murs.
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ni
Face à l'absurdité du quotidien, l'accumulation devient une forme de résistance. À travers une série de négations, "Ni" explore les petites frustrations de la vie moderne, les contradictions de nos sociétés, et l’effondrement progressif d’un monde saturé de promesses non tenues. Chaque ni est un rejet, une tentative d’expulser ce qui nous accable, de la tartine qui tombe toujours du mauvais côté aux discours vides des dirigeants. Mais à force de nier, c'est une autre réalité qui se révèle : celle d'un univers où tout semble s'effondrer sous le poids de ses propres absurdités. Ce texte, à la fois drôle et tragique, nous plonge dans un crescendo inexorable, où la répétition devient catharsis.|couper{180}
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