J. a gagné un séjour lors d’un jeu concours, quelques jours à passer dans un hôtel de luxe, un forfait de 1000 euros à dépenser . Il nous l’offre et S. décide que nous irons à Saint-Raphaël. Nous y voici. Ce qui ne m’enchante pas. Mais je ne dis rien, je pense juste que la situation est surréaliste. En outre, parvenus au terme de ce séjour peu envie d’en relater les détails. En me réveillant de bonne heure il fallait que j’écrive ce genre de vacherie. Pour quelle raison, difficile de le savoir vraiment, mais il semble que ce soit encore et toujours l’idée ou l’impression, le sentiment de l’écart qui prédomine. Le refus chronique de se rejouir des soi- disant bonnes fortunes.
Ecrire des vacheries serait-il une motivation ? Vacherie si violente selon l’idée que je m’en ferais par avance qu’elle ne pourrait jamais se dire de vive voix. Dommage de pas savoir les dire en Grec ou en latin, dans une langue morte. Donc je les écris en douce et en français, langue de tous les jours, et je ne les relis plus après cela- mort et enterré - le fiel, comme le djinn dans son flacon.
Mais se retrouver devant un paysage et ne pas trouver les mots. D’ailleurs paysage ou n’importe quoi ou qui d’autre, rester muet dans cette sorte de stupeur proche de l’idiotie. Ne pas trouver les mots, quoi dire, comment nommer. C’est à priori la pire malédiction avant d’en découvrir le potentiel inouï, l’étendue infinie des merveilles. Insupportable merveilleux, effroyable à souhait comme il se doit. C’est à cet instant que je découvre cette fonction dans Google Photos. On prend une photographie d’une chose innommable, on choisit l’option Lens, et l’on se trouve tout à coup avec des mots, la plupart du temps inconnus et dont on prendra soin de tout oublier une fois l’application refermée.