mai 2021
Carnets | mai 2021
Exposition de peintures.
Deux de mes élèves ont décidé de se lancer. Elles veulent exposer leurs tableaux dans une chapelle tout près d'ici dont les lieux ont été aménagés pour recevoir des artistes. J'adore cette idée car elle procure une direction, un sens au travail réalisé et à venir. Mais une fois l'emballement, l'excitation passée il reste à mettre en œuvre un tel projet. J'ai envie ce matin de faire une sorte d'inventaire des ressources nécessaires pour les aider à mener leur projet à bien. Exposition Pieuré de Salaise sur Sanne Patrick Blanchon 2019 il n'y avait pas de cimaise et bien sur pas question de faire des trous dans les murs. J'ai donc choisi de placer quelques œuvres dans des niches existantes en tirant partie de l'architecture des lieux. Dans certains cas il faut encore plus penser au respect des lieux, que votre exposition les respecte et si possible les sublime ! La préparation de l'exposition La préparation est sans doute l'étape la plus importante du processus. vous verrez que si vous vous êtes préparés sérieusement tout sera nettement plus simple une fois le jour j. Imaginez quelques instants dans quel état d'esprit vous allez vous trouver. Au début c'est assez vague, on vous a dit oui, une date a été décidée en générale éloignée dans le temps. Cela ressemble à une sorte de rêve, c'est assez vague. Je n'ose à peine vous parler de mes toutes premières expositions... Je n'étais pas encore classé dans la catégorie peintre professionnel à cette époque heureusement. Car lorsque j'y repense j'ai froid dans le dos. Etant un spécialiste de la procrastination en tous genres j'avais l'habitude de tout préparer à la hâte la veille des expos. Ce qui ensuite se soldait pas des difficultés innombrables évidemment, parmi lesquelles l'obligation de faire des aller retour pour aller chercher ce que j'avais pu oublier. Ou bien de me rendre dans des grandes surfaces de bricolage pour acheter de la ficelle, des agrafes et je ne sais quoi encore... On apprend bien par ses échecs et par la fatigue surtout de les reproduire. Au bout d'un moment il m'est apparu évident que la préparation devait se faire le plus soigneusement possible. Et c'est aussi à partir de cette prise de conscience que ma carrière de peintre a décollé. Prévoir n'est pas facile si vous n'avez jamais exposé, si vous n'avez pas d'expérience. On ne sait pas vraiment quel genre de difficulté pratique nous risquons de rencontrer. Prévoyez donc une mallette dans laquelle vous pourrez mettre une agrafeuse ( le mieux serait qu'elle soit électrique, mais ce n'est pas obligé) des agrafes ( attention, celles qui vont bien avec votre agrafeuse, dans la précipitation il m'est arrivé plusieurs fois de me tromper de type d'agrafes et d'être bien embêté au moment où il fallait recharger l'agrafeuse.) Un rouleau de scotche large et un fin, de la ficelle, des cartes de visite, des feutres de couleur, des pastilles de couleur, un couteau suisse ( important si vous oubliez le tire bouchon pour le vernissage ). Une pince coupante, un tournevis plat et cruciforme, (parfois il faut bricoler sur place une cimaise mal accrochée , ou encore dévisser un spot qui ne fonctionne pas.) Titre de l'exposition et cohérence des œuvres exposées. Beaucoup de lieux d'exposition demandent un titre, cela leur sert à l'insertion des informations dans un calendrier d'évènements par exemple, parfois aussi le titre est placé sur une affiche que les organisateurs fabriquent avec un de vos visuels. D'autres fois ils vous demanderont de fabriquer vous mêmes cette affiche. En tous cas il est rare qu'on ne vous demande pas ce fameux titre que vous aller chercher un bon moment parfois en buvant force thé ou café, parfois en vous demandant ce que vous êtes allés faire dans cette galère. C'est tout à fait normal dans le cadre des activités de loisir amateur dont fait partie la peinture. La plupart du temps une œuvre est un tableau, et vous n'avez peut-être pas l'habitude de travailler en série, de développer un thème. Néanmoins de quoi parle t'on vraiment lorsqu'on évoque la nécessité d'un titre ? De cohérence bien sur et c'est aussi là que les difficultés deviennent le plus aigues assez souvent. Il y a plusieurs façon de faire apparaitre une cohérence dans votre travail. Et c'est aussi une source de découvertes insoupçonnées car généralement ce n'est pas une question que se posent les "amateurs". La cohérence par rapport à un thème. Depuis que vous peignez vous avez peut-être réalisé de nombreux tableaux sur un thème, que ce soit le paysage, la ville, les personnages, des natures mortes etc. Il est assez simple alors de trouver un endroit où vous alignerez toutes ces œuvres sur un seul thème pour choisir vos meilleures pièces celles dont vous êtes le plus satisfaits. Si vous participez à une exposition collective il ne s'agit pas de tout emporter, on ne vous permettra pas de tout accrocher et cela fera de la manutention pour rien. Renseignez vous au préalable sur le nombre d'œuvres requis, sur les formats autorisés, ne venez pas par exemple avec des toiles de 1m sur 1.50m si vous n'avez qu'un mètre carré ou deux pour exposer. Prévoyez toujours cependant une œuvre ou deux de plus que ce que l'on vous demandera. Il arrive aussi qu'une sélection s'effectue sur place et que certains tableaux se trouvent rejetés par les organisateurs. Vous avez donc décidé d'un choix de tableaux 5 ou 6. Parfait ! Vous avez fait la plus grande part du boulot. La cohérence par le format. Un peu plus compliquée mais pas irréalisable. Admettons que vos gouts vous portent à l'éclectisme. Un jour un paysage un autre la nature morte, un autre encore un personnage... vous aurez du mal à trouver une cohérence par le sujet, le thème. Mais si vous avez l'habitude de réaliser toujours le même type de format celui ci peut être une sorte de fil conducteur en dernier recours. Pensez y. Cela vous donnera peut-être aussi des pistes à l'avenir notamment sur cette notion de format. La cohérence par la couleur. Si vous pratiquez l'abstraction il peut être intéressant de classer votre sélection par couleur. Y a t'il dans votre choix plus de couleurs chaudes ? de froides ? Cela peut être une bonne piste aussi pour faire un choix ? La cohérence par la technique. Peut-être ne pratiquez vous qu'une seule technique, l'aquarelle par exemple, ou la peinture à l'huile, dans ce cas pas de soucis. Mais si vous naviguez d'une technique à l'autre cela peut être plus difficile de trouver une cohérence surtout si vous n'avez pas non plus trouvé de theme. On voit souvent ce genre de difficulté chez les peintres amateurs qui pratiquent l'abstraction. Dans ce cas choisissez des œuvres réalisées avec une seule technique et vous verrez que ça fonctionne bien le plus souvent. On peut aussi mixer tous ces conseils et trouver ainsi sa propre manière de rendre les quelques œuvres que vous aller choisir cohérentes. La sélection des œuvres Pour choisir vos œuvres à exposer quels seront à votre avis les critères ? Elles peuvent toutes être magnifiques individuellement et ne pas fonctionner ensemble. Ce n'est donc pas forcément la beauté, celle que d'ailleurs vous serez au début le ou la seule à leur attribuer qui fabriquera la fameuse harmonie, ou cohérence. Ce qu'il faut penser c'est le dialogue des œuvres entre elles, comment parvenez vous à les faire communiquer ensemble afin qu'aucune ne prenne trop ou pas assez le pas sur les autres. Pour que le spectateur considère l'ensemble de vos œuvres accrochées que cette harmonie soit évidente et qu'elle le touche. Souvent dans ce travail de sélection je me suis aperçu que certains tableaux dont je n'étais que moyennement satisfait se transformaient lorsqu'ils étaient associés à d'autres et même se démarquaient de l'idée première que je m'en était fait. Comment marquer alors le plus de points ? Comme j'en ai parlé dans le paragraphe précédent je dirais que c'est un mixte. Vous serez le premier étonné par votre sélection alors soyez attentif à ce qui vous traverse à ce moment là. Si vous êtes vraiment satisfait de votre choix vous aurez fait le boulot, vous n'aurez rien à vous reprocher. Le pire étant toujours ce doute en ce qui me concerne de n'avoir pas suffisamment pris de précautions au préalable, une fois que je suis certain de mes choix je ne crains plus grand chose y compris les critiques éventuelles. A la limite cette sélection bien menée est déjà un succès que nous devriez savourer pleinement. Le succès est d'ailleurs tellement aléatoire lorsqu'on présente son travail qu'il ne vaut mieux pas trop s'y attarder soit par l'excitation que cette pensée procure soit par la peur qu'elle ne soit qu'échec et déception. Faites le job de votre mieux, soyez vraiment satisfait de vos choix et vous verrez que vous aborderez l'exposition bien plus tranquillement. De plus tout ce que vous allez découvrir sur vous même en recherchant cette fameuse cohérence vous permettra de pouvoir mieux parler de vos peintures. Parce que vous vous serez questionnés vous serez prêts à mieux affronter les questions des visiteurs. Les lieux. Je ne connais pas les lieux personnellement mais je crois que c'est une bonne idée de visiter ceux-ci lorsqu'on désire exposer. Cela permet d'imaginer combien de tableaux pourront être accrochés. Apparemment il y a plusieurs salles il conviendrait aussi de trouver un chemin pour le visiteur qui l'emmène d'un point à l'autre de l'exposition. Cela signifie qu'il faut réfléchir à une organisation, une cohérence de l'ensemble. Les systèmes d'accrochage Quel est le type de système d'accrochage que les lieux proposent ? y a t'il des cimaises ? de l'éclairage en quantité suffisante ? Ce qui entrainera de bien penser aux systèmes d'accrochage des tableaux. A bannir en général le clou ou la vis plantée dans le milieu d'une baguette de châssis, trop de difficultés ensuite pour placer les œuvres de niveau. Il suffit parfois d'un millimètre d'erreur pour qu'on ne puisse accrocher correctement et que l'on doive alors faire appel à des stratégies fumeuses de bricolo, Genre cette horrible pate jaune que l'on colle au dos du châssis et sur la surface de certains murs d'expo. Hors de question de s'habituer à ce genre de pratique sous peine de se faire houspiller par les propriétaires des lieux en question. La bonne pratique d'accrochage Le meilleur système consiste à placer une cordelette accrochée par deux points de fixations de chaque coté du châssis. Il sera bien plus facile ainsi de les accrocher correctement. Même si on se place dans une catégorie de peintre amateur on se démarquera rapidement en pratiquant ainsi. Pour plus d'informations sur les systèmes d'accrochage https://www.artistics.com/fr/comment-accrocher-un-tableau-nos-conseils Les systèmes d'accrochage Les documents à prévoir Chaque œuvre doit être signée de façon visible par son auteur. On peut aussi inscrire quelques informations au dos de la toile comme le titre, l'année de réalisation et pourquoi pas la technique utilisée ( acrylique, huile, etc) Les professionnels ajoutent souvent un certificat d'authenticité réduit. Pour les amateurs ce n'est pas obligé bien sur mais imaginez que votre travail plaise et que vous fassiez des ventes ? Parfois tout commence comme ça, par une expo, on rencontre le succès et c'est une bonne idée de le prévoir. on pourrait même se demander si se lancer dans les bonnes pratiques ne le fait pas venir plus rapidement... A coté de chaque tableau accroché on peut aussi prévoir une étiquette où seront inscrits le titre de l'œuvre, l'année de réalisation, la technique utilisée et les dimensions. Pour les prix on peut aussi les rajouter sur l'étiquette, les avis sont partagés sur cette pratique. Et certains lieux d'exposition ne l'autorisent pas. Le mieux alors est de prévoir une liste numérotée où l'on retrouvera le nom du tableau, ses dimensions, la technique et le prix. Celle ci sera imprimée en plusieurs exemplaires, mieux : plastifiée de même que les étiquettes, et à disposition des visiteurs. L'avantage de la plastification des documents est un gain de temps précieux. Une fois votre exposition terminée vous rangez tout dans une pochette une boite prévue à cette effet et vous aurez moins de travail pour la fois suivante si vous devez déplacer la même expo. Le vernissage. ça y est tout est en place il ne reste plus qu'à recevoir les visiteurs pour la première fois. C'est une sensation étrange dans laquelle se mélangent la peur et l'excitation. On se sent en vie c'est génial ! Pour recevoir correctement vos premiers visiteurs vous avez la possibilité de leur donner une date de vernissage... celle ci figurera dans tous les documents qui seront utilisés comme support de communication. Je ne vais pas vous faire le liste de ce que vous devez acheter comme boissons chips ou cacahuètes. Par contre je vais vous parler de l'état d'esprit qui fonctionne le mieux lorsque vous y serez. Ne restez pas en retrait, allez vers les gens et recevez les comme si vous étiez le propriétaire des lieux et eux vos invités. Accordez leur de l'attention, comment ont ils prit connaissance de l'expo ? D'où viennent t'ils ? Si ce sont des gens qui viennent de loin posez leur des questions sur les raisons de leur visite, sont ils venus spécialement pour l'expo ou bien est ce par hasard qu'ils ont découvert celle ci ? Vous ne pouvez pas savoir les bénéfices immenses que l'on peut tirer de ces quelques préambules qui ne consistent au final qu'à s'intéresser à l'autre avant même de commencer à parler de vos tableaux. Cela s'appelle l'empathie et c'est aussi un outil que vous devriez emporter dans votre mallette. Le fait de rencontrer des personnes qui vous parleront de ce qu'elles éprouvent à la vue de votre peinture c'est cela le principal. Ne pensez pas aux ventes, n'allez surtout pas vers les autres avec cette optique. Soyez débarrassés de cela, ça vous rendra bien plus détendu, ouvert et vous verrez que vous passerez un moment agréable. Cependant ayez un petit carnet ou prévoyez un livre d'or afin de demander aux visiteurs leurs adresses email, c'est un excellent réflexe à mettre en place même en temps qu'amateur. Imaginez que vous fassiez une nouvelle expo quelques mois plus tard, qu'est ce qui peut vous empêcher d'inviter à nouveaux ces personnes pour les convier à voir l'évolution de votre travail ? Rien bien sur à part le fait de n'avoir pas leurs coordonnées pour le faire. Voilà je ne pense pas avoir oublié beaucoup de choses quant à la préparation de cette exposition que mes deux élèves vont réaliser. Il n'y a plus qu'à comme on dit. Si vous aussi être amateur et que vous désirez exposer vos œuvres j'espère que ce petit article vous aidera. N'hésitez pas à commenter et à rajouter au besoin des questions je me ferai un plaisir d'essayer d'y répondre.|couper{180}
Carnets | mai 2021
Hier sous la pluie dans les bouchons
J'écoutais France Culture. J'avais allumé le poste après avoir déposé devant sa porte à Caluire ma belle-mère qui, si tout va bien, fêtera ses 90 étés cette année. Cela faisait longtemps que je n'avais pas écouté cette station mais je reconnu immédiatement la musique du générique de l'émission "à voix nues". C'était un échange épistolaire , une correspondance amoureuse voulait on nous faire croire, entre François Mitterrand et Anne Pingeot. Plus Mitterand que Pingeot dont on ne lu pas grand chose. Cela me renvoya à mon époque pré pubère quasi immédiatement et plusieurs fois je me suis gratté le crane pour me demander comment la naïveté pouvait traverser à ce point les différents murs, blindages et barrières menant à l'Elysée. Comment ? voici un homme dont on dit qu'il fut redoutable en matière de politique et qui démontre son indigence crasse en matière de correspondance amoureuse. Car hormis la littérature enrobant les " je t'aime" les "je te veux" "tu es à moi" je n'ai relevé à peu près rien d'autre que du blabla. Comment est-ce donc possible ? Et puis j'ai trouvé. Ce n'était pas difficile car j'avais été moi-même victime de ma propre vanité épistolaire autrefois. Dans ces correspondances amoureuses il n'y a que du flan, des envolées lyriques et tout est adressé à une chimère personnelle évidemment. Ce plaisir de se mettre soi disant à nu dans l'encre n'est la plupart du temps que de la masturbation et pas grand chose d'autre. D'ailleurs les réponses d'Anne Pingeot, rares dans l'émission semblent me donner raison. Elle doute et c'est évidemment ce qu'elle peut faire de mieux face à un tel déchainement narcissique. En ce sens les hommes de pouvoir possèdent ce privilège tout au contraire du gueux que je fus. On leur répond. J'ai envoyé à une époque une bonne centaine de lettres à une jeune fille modeste et simple de ma campagne qui ne m'a jamais répondu. Et c'était certainement la meilleure des réponses possibles lorsque j'y pense. Ces échanges épistolaires se déclenchent bizarrement avec le manque et la distance qui transforme une silhouette, l'autre en cette partie merveilleuse de soi à qui l'on voudrait s'adresser et qu'elle nous réponde. C'est une projection pure et simple, une illusion et tellement douce et tellement cruelle qu'on la sent aussi douce et réelle qu'une vraie réalité. Mais au bout du compte il n'y a qu'un peu de honte à la fin de s'être tant épanché hors de soi pour rien. Peut-être ne nous a t'on pas tout dit tout lu. Peut-être y avait il des passages plus ordinaires, plus érotiques, voire salaces carrément dans tous ces épanchements. Cela m'aurait plu évidemment de les entendre le cas échéant et sans doute aussi cela m'aurait rassuré de considérer le bonhomme comme un gars comme les autres. Mais ce ne fut pas le cas. J'ai mis presque 4 heures pour faire l'aller retour sous la pluie et les bouchons entre le trou du cul de l'Isère et la colline où vit la grand-mère. Dans la voiture à l'aller nous n'avons presque pas parlé sinon du temps maussade qu'il fait pour un mois de mai et de ce miracle que représente pour elle son journal de mots fléchés. -ça me tient compagnie vous savez qu'est ce que je ferais d'autre sinon ? je tournerais en rond. Phrase n'appelant pas de réponse au final mais révélant une éducation, une finesse d'esprit, une élégance de la conversation, qui mit fin en douceur à celle-ci à peine commencée. Et j'ai encore été surpris de tant de violence, de fermeté chez cette petite dame toute frêle dont j'ai l'honneur d'être le gendre.|couper{180}
Carnets | mai 2021
Galères esquifs et vaisseaux
Sur la route encore ce besoin de curiosité comme un muscle à entretenir. André Dubois l'auteur du blog traficmania a mis en ligne un nombre considérable de vidéos dans lesquelles il parle de son expérience du blogging. J'écoute et je suis tour à tour fasciné et perplexe. Fasciné car il y a évidemment un savoir faire indéniable et une expérience riche transmise dans ses propos. Perplexe parce que je suis probablement incapable même si je le désirais de mettre en œuvre le moindre des conseils qu'André propose. C'est une vision du blogging à laquelle je m'intéresse depuis plusieurs mois parce que je voulais mettre en place des cours de peinture en ligne. Comme je ne savais pas comment m'y prendre j'ai commencé à suivre des blogs dans la même thématique mais j'avoue que ça m'a assez vite gonflé. A bien réfléchir cela m'a gonflé parce que je n'ai probablement pas besoin de cours de peinture. Que je les ai suivi dans l'espoir de découvrir un contenu qui m'accrocherait. Mais je ne suis évidemment pas le client idéal de ce genre de site. Ce qui me fait rebondir sur ce blog , le mien, qui ne sert à rien selon la vision d'André Dubois. C'est à dire qu'il ne part pas d'un problème à résoudre, d'une niche, d'un positionnement et d'une envie plus ou moins bien déguisée de faire des ronds. Parfois je me dis que je perds mon temps à écrire tous ces textes qui ne seront lus que par une poignée de personnes. Mais j'ai depuis longtemps passé le stade d'attendre des compliments, pas plus qu'un message provenant d'un éditeur, et même l'idée de créer des recueils comme je l'ai déjà fait pour "propos sur la peinture" me semble dérisoire à présent. On fait des choses selon les buts que l'on se fixe. Et comme je n'ai à proprement parler pas vraiment de but de départ sinon peut-être m'exercer à une constance d'écrire sans plus, il est logique que je n'en retire que ce que j'ai demandé à ce blog. Des centaines de textes sur les deux ans et demi d'existence du site qui me laissent une sensation parfois pénible d'inutilité tout en me révélant justement un désir de l'être, utile. En même temps que mon esprit plutôt libertaire se réjouit de cette défaite de l'utilité. C'est une vision sans doute naïve utopique du blogging que je me suis forgée. Une sorte de prétexte finalement pour pouvoir pondre tous ces textes. Un grand brouillage de pistes comme j'en ai l'habitude et qui m'aura permis de mettre à plat ma vision de la fiction de façon sans doute maladroite la plupart du temps parce que l'habileté comme en peinture me semble un danger. Ce qu'il m'est de plus en plus vital c'est cette maladresse. Ce que tout le monde appelle ainsi sans vouloir s'y arrêter. Le fait d'animer des cours auprès de jeunes enfants depuis une vingtaine d'années désormais m'a rendu humble concernant les catégories de l'habile et du maladroit. Rebelle je l'étais de toutes façons dès le début mais je ne savais pas quoi faire de cette rébellion vraiment à part me rebeller. C'est le fait de donner, de partager qui a changer le contenu et le sens de cette rébellion primordiale. C'est aussi l'obligation de clarifier afin de transmettre l'information le plus efficacement possible qui m'a conduit aussi à rédiger des notes au départ. Quand j'ai ouvert ce blog je ne voulais parler que de peinture et du quotidien du peintre que je suis. Et puis avec le temps je me suis aperçu que cela ne pouvait pas se faire si facilement, et peut-être aussi que je ne désirais pas non plus la facilité. Bref j'ai exploré ce "je" ce "moi" sur de nombreux tons sans doute pour en rire au début, un peu par dérision jusqu'à ce que la sympathie au bout du compte finisse par arriver et que le sourire gomme ce rire sans doute trop exagéré, un rire malheureux. Ce qui est étonnant c'est aussi la découverte d'autres blogs , d'autres bloggeurs pour lesquels j'ai découvert des affinités, de l'amitié et même de l'admiration et de la tendresse. En fait c'est comme un voyage en bateau, un rassemblement d'embarcations vers on ne sait où l'ensemble de ces blogs auxquels on s'abonne et que l'on suit parfois de près, parfois de loin, que l'on perd de vue et qui soudain disparaissent ou ressurgissent. Oui j'ai pensé à des galères des esquifs et des vaisseaux, toute une flotte voguant vers un monde, chacun le sien au fond mais dont la somme de tous fait un au final. C'est une belle expérience. A coté de celle ci je me dis qu'il est possible d'en vivre d'autres parallèles. D'ouvrir un nouveau site spécifiquement dédié à la peinture, pour répondre à des problèmes concrets que les peintres débutants ou confirmés peuvent rencontrer et dont ils cherchent la ou les solutions. Je me dis que j'ai encore envie de faire tellement de choses que c'est surement un genre de bouée que je me cherche pour ne pas accepter la vieillesse. Et d'un autre coté si la bouée existe c'est bien qu'elle est utile. Je crois qu'il faut souvent en revenir aux bases pour ne pas se perdre, pour ne pas perdre le Nord. Qu'est ce que je veux vraiment ? J'aime partager aider apprendre enseigner c'est de ces choses dont je tire ma subsistance pour la plus grande part bien plus que de la vente de mes toiles. Parfois il arrive que l'on se trompe de talent ce qui n'est pas bien grave non plus à condition que l'on ne s'obstine pas. Par contre ce qui est chouette c'est de naviguer la nuit sous les étoiles et d'apercevoir ça et là la silhouette d'une autre embarcation se découpant dans le bleu marin. Quels que soient les buts les rêves les talents, on peut s'accouder au bastingage quelques instants allumer une cigarette et faire un petit signe de la main à ces voyageurs que l'on croise : bloggeurs, baleines et dauphins. Et puis pour en revenir à André Dubois ce n'est pas parce que sa façon de blogger est à l'opposé de la mienne qu'il ne m'intéresse pas. Je dirais même que c'est tout le contraire. Départ de Vasco de Gama Bonus : une émission de France inter m'a inspiré ce texte qui parle de Vasco de Gama et de l'expansion Portugaise au 16ème siècle.|couper{180}
Carnets | mai 2021
L’intention.
Ne pas quitter des yeux l'intention. Parfois elle vous fait renoncer à des occasions en apparence magnifiques rutilantes. Vous vous bouffez la rate en vous traitant d'andouille ou de sale con, mais c'est ne pas comprendre la puissance de l'intention. Elle loge sous la pensée de tous les jours, la pensée aveugle, la pensée pratique. Avoir une intention n'est pas une bonne expression. On ne peut pas l'avoir c'est elle qui nous tient. Et il faut marcher parfois une très longue distance avant de le comprendre.|couper{180}
Carnets | mai 2021
Éphémère effet mer
Quelqu’un a crée une statue de sable et puis s’en est allé Et c’est à cet instant où je passai Que l’éphémère et l’effet mer Se sont retrouvés. Œuvre éphémère|couper{180}
Carnets | mai 2021
Voir la mer
Des années sans voir la mer et un soir la voici Elle n’a pas changé|couper{180}
Carnets | mai 2021
Lourd et léger
La pesanteur est venue, elle était grasse, plantureuse, avec une langue reliée à toutes les évacuations. Les égouts et les dégouts. Mais je ne suis pas parti. J'ai tourné la chaise pour placer mes bras croisés sous mon menton. J'ai regardé la pesanteur danser. Elle allait et venait à petits pas tout droit sortie d'un Botero. Sous le regard de l'autre que j'étais, la pesanteur a prit ses aises. Et j'ai découvert qu'elle avait un peu de tout et même de l'humour. Et puis j'ai aperçu la légèreté. Et je me suis mis bêtement à comparer. Sa taille fine, ses traits graciles, son élégance naturelle et sa simplicité. Sous des dehors sophistiqués. Je me suis mis à hésiter. Entre le profond et le superficiel Entre le noir et le blanc entre le vulgaire et le grossier. Entre la baise et la tendresse. J'ai mis mon doigt un peu partout pour gouter l'acide et le sucré Pour choisir ce que je préférais. Au final je ne sais toujours pas laquelle je préfère. Je crois qu'elles sont toutes deux ambivalentes et solidaires comme deux moitiés disjointes la nuit et le jour seul l'œil ouvert qui ne cille plus peut reconstituer leur unité. illustration : Suzanne et les vieillards, 1609-1610, Pierre Paul Rubens (Madrid, Académie des Beaux-Arts de San Fernando)|couper{180}
Carnets | mai 2021
Divers tissements
Se divertir, se distraire, se recréer à tout bout de champs, une fuite éperdue hors de soi vers rien. Un rien pauvre appauvrissant en diable le plus vertueux de tous les saints. Parce que saint n'est plus mode autant que bœuf et le mouton est roi. Tous les chantres bêlants le diront haut et fort et le rabâcheront. Héritage empoisonné d'une oisiveté princière où de beaux messieurs et de gentes dames rivalisaient d'esprit jusqu'à plus soif tarissant ainsi tout l'important d'avant, le réduisant à une peau de zob, de chagrin. Le 18ème et les lumières n'ont rien éclairé d'autre que la misère qui les entourait pour s'en gausser, se rehausser, se distinguer. Par contraste exister. Le bel esprit primesautier, la légèreté, l'agilité, Un pansement sur une jambe de bois. On nous a tant fait croire à la gloire, à l'esprit, aux belles lettres, à la philosophie et à la science, à grands coups de slogans de rediffusions de tubes, de classiques et de bouquins de poche, qu'au bout du compte par lassitude, par habitude, forcément on y a cru. Ne me dites pas que tout cela n'était pas prévu. Et le loisir fut brandi soudain, le nouveau crucifix, avec tous ses pèlerinages, ses génuflexions, ses embouteillages lors des congés payés. Derrière le front populaire quelle intelligence fomentait de toutes neuves entourloupettes ? Le progrès aussi oh la la le progrès comme un bon vieux veau gras tirant ahanant le char de la modernité. Quel carnaval ces petits malins nous auront encore inventé là. Car dans le fond rien n'a bien changé depuis le fin fond des âges. Que du ressassé, de la resucée, rien de neuf n'est vraiment inventé. Il y a toujours des riches et des pauvres, des forts et des faibles, des braves et des pleutres, et des cocus par monceaux. Divertir pour attirer l'attention. Pour capturer l'attention afin qu'elle n'aille pas batifoler dans les fourrés, dans les chemins pas balisés. Divertir pour canaliser l'idiotie. Cette enfantine part de nous mêmes toujours prompte à se laisser berner et séduire par innocence par naïveté ou par paresse ou par fatigue. Les déceptions s'accroissent d'autant qu'on espère toujours de plus en plus. Et fabriquer de l'espérance et du rêve c'est un sacré métier. Qui se fait payer fort cher. Ce sont toujours les mêmes princes primesautiers en apparence qui tiennent les cordons de la bourse. Des présentateurs télé et des acteurs et des artistes nominés qui vont flatter l'Etat ventripotent. Comme à Versailles autrefois la cour se reflétaient dans la longue série de miroirs pendant qu'au delà toute la France peinait afin de rendre plus transparent le verre, plus fastueuse la belle image et quel culot d'avoir pour le jardin débauché Lenôtre. Même ça on nous l'a dérobé. Et des impôts et des taxes et maintenant audio visuelle... Non rien n'a vraiment changé depuis la taille et la gabelle. Ce sont toujours l'avidité et le pouvoir qui tiennent les rennes de ce traineau qui s'enfonce de plus en plus vers l'incurable. Se divertir ne vaut que si de prime abord on est bien averti. Des tenants et des aboutissants de la farce et du folklore. Se divertir comme on boit comme on baise, comme on s'oublie, comme on s'annule à petit feu pas seulement par ennui mais par absence. Absence d'être absence de sens face à l'hégémonie de l'avoir et de paraitre. illustration:Ernst Ludwig Kirchner, Autoportrait en soldat (huile sur toile, 1915)|couper{180}
Carnets | mai 2021
Réussir rater
Hier encore grande discussion sur le fait de réussir, de rater un tableau. Certains jettent, ne veulent plus voir, ont honte. C'est à la mesure de l'exigence, de l'orgueil aussi. Souvent réussir est un cliché, c'est reconnaitre dans un travail celui d'un ou plusieurs qui rassure et réconforte. Encombrement. Il me semble avec l'âge que j'apprends une discipline insoupçonnée. Celle de pratiquer le ski sur piste noire. Je n'ai skié qu'une seule fois dans toute mon existence. Vers 8 ans et ça c'est mal terminé. Je n'ai pas obtenu d'étoile, mais une douleur au coccyx de plusieurs jours. Je n'ai jamais réitéré pour diverses raisons. Economiques essentiellement. Je m'aperçois que la peinture répond à un désir et à une frustration sans doute aussi de skieur. Il faut slalomer entre ces notions de réussite et de ratage sans relâche sinon gare à la chute. J'ai un nouveau travail sur le chevalet, j'ai fait une petite vidéo que j'ai postée sur mon compte instagram Le premier commentaire que je lis est une observation sur ma "maitrise". Drôle comment on peut se trouver à des années lumières entre peintres parfois sur le sens d'un simple mot. La maitrise c'est justement cette adversité contre laquelle lutter, slalomer pour ne pas s'étaler en dextérité froide, en habileté camouflant des béances. Slalomer j'aime bien, je prends plaisir c'est toujours ça l'étoile à suivre.|couper{180}
Carnets | mai 2021
La rareté
La rareté est une fille de rien qui cache ses trésors sous des haillons c'est pour ça sans doute ce mépris cet intérêt pour les souillons De la part des prétentieux des parvenus, des imbus, des perdus. tous se fabriquent des idées de ciel clair, de transparence des nues D'esclaves agitant des feuilles de palme, au dessus de leur front brûlant De nichons en pomme, en poire, tout un marché bourré de chalands. Et des culs oblongs, en forme de fusée pour sidérer le temps. La rareté s'ignore et c'est dans le bel oubli qu'elle court les pieds nus. Légère de sa jeunesse folle, ivre d'un rien, dans l'ombre des fortifs. Certains l'appâtent au fric, au miel, tandis que d'autres tendent du rosbeef. Elle leur sourit trois petits tours et puis encore s'enfuit ça les agace ça les énerve, elle laisse derrière elle la ruine et l'ennui. C'est qu'ils savent au fond d'eux mêmes ce qu'ils lui doivent. Ils l'ont abandonnée un jour en voulant faire le zouave Devenir plus ceci plus cela ce temps perdu en sens inverse. C'est qu'il se souviennent en la voyant, d'illusions ils se bercent. Mettre la main dessus la dévorer toute crue, l'achever jusqu'au bout. Pour être enfin tranquille sans regret sans remords troulala itou. Ceux là ils s'imaginent que ça ramènera le sel, à la vie le vieux bon gout. Illustration Albertine Ralenti, fille de rien|couper{180}