mai 2021

Carnets | mai 2021

L’histoire

Je crois que nous vivons un temps qui veut se débarrasser de l'histoire par la profusion des histoires. Il y a tellement d'histoires désormais et sur tous les tons, qu'il y a de brins d'herbe dans une prairie. On n'y voit que du vert et on dit voilà en gros l'histoire. Voilà comment on pense l'histoire globalement. Ce n'est peut-être pas une intention consciente. Bien sur l'histoire est toujours plus ou moins manipulée par le pouvoir, par la politique, tout comme nos propres histoires nos histoires personnelles lorsqu'on s'appuie sur celles ci afin de tenter de prouver qui nous sommes. On peut tenter de le prouver au monde comme à nous mêmes d'ailleurs, je pense qu'il s'agit d'un levier pour tenter de s'extraire de quelque chose qui nous effraie. On raconte l'histoire, on raconte des histoires parce que parler est cette tentative d'exister face à l'irrémédiable. Ce qui est désolant c'est que l'on transforme ce miracle en boue la plupart du temps. Je pensais à tous ces films de science fiction qui commencent bien et dont le scénario devient de plus en plus poussif en son milieu pour finir lamentablement la plupart du temps. C'est qu'il s'agit d'une sorte de décalque, on suit un squelette de récit établit, le même toujours avec quasi les mêmes ingrédients. Je parle de la science fiction mais on peut prendre aujourd'hui tous les genres c'est pareil. L'idée générale est de produire des histoires en plus grand nombre pour alimenter les plate formes d'un contenu aussi plat que possible. Hormis quelques exceptions évidemment. Il semble que la boue ne soit d'ailleurs là en excès qu'à la façon d'un écrin qui servirait à distinguer ce qui tente de s'en échapper. Une exagération de saleté pour mettre l'accent sur le propre. Un peu comme le jeu des 7 erreurs de ce magazine télé. Avons nous besoin de l'histoire, des histoires ? bien sur que oui cela n'est pas à remettre en question, seuls les immortels peuvent se passer d'histoire. Ils peuvent aussi se passer de penser, d'aimer, de créer. Peut-être que l'histoire est une façon de tenter de régler le problème d'Œdipe, cette admiration et cette haine inconsciente la plupart du temps que nous trimballons de génération en génération via les histoires afin de ne pas l'oublier. Comme si cette émotion nous était nécessaire, comme si dépourvue de celle ci nous ne serions plus que des robots des zombies. Une admiration haine du père. Que ce soit un Dieu , un demi dieu, une star, un homme peu importe dans le fond. C'est bien ce mouvement je t'aime je te hais qui est à la source de l'histoire, de toutes les histoires parce que tout simplement ce mouvement d'attirance répulsion est à l'origine de notre univers. C'est sans doute ce qu'on appelle l'amour, cette colle ce ciment qui fait que la matière soit solide, que les histoires, l'histoire toute entière puisse tenir debout. Ou pas. Et il est inquiétant de voir que de plus en plus ces histoires ne sont plus construites avec cette colle ce ciment mais avec des procédés narratifs hollywoodiens eux mêmes chipés à l'ancien Testament qui lui les aura encore piqués à l'épopée de Gilgamesh. C'est à dire qu'on se trouve désormais face à une Histoire dont ne nous intéresse que le squelette mais pas la substance.|couper{180}

Carnets | mai 2021

La modernité

Une phrase de Rimbaud reste logée quelque part dans le bidonville de la mémoire. Le fameux "Il faut être résolument moderne". Dans la cabane recouverte de tôle ondulée juste à coté il y a Barthes, Roland Barthes qui tout doucement se désagrège au soleil de Mai en murmurant un je m'en fous pas mal de la modernité, c'est à dire que cette idée me laisse indifférent. Et puis Chirac qui renchérit en disant ça m'en touche une sans faire bouger l'autre. C'est qu'elle en aura mené par le bout du nez cette fameuse modernité... il n'y a qu'à regarder autour de soi, visiblement ce n'est toujours pas terminé. Et en même temps on sent bien une fatigue. Le nombre des trainards semble augmenter. Je veux dire ceux qui n'arrivent plus à courir après elle tout simplement parce que l'envie, les raisons leur manquent. C'est peut-être un effet de l'âge. Il parait que lorsqu'on vieillit on devient de plus en plus conservateur. Peut-être devient plus lucide sur tous les trompes couillons. Derrière le fard de la modernité au bout du compte que découvre t'on sinon une vieille dame qui fait ce qu'elle peut pour ne pas sombrer dans la décrépitude totale. Est ce que cette antiquité poussiéreuse est cette fameuse modernité ? je n'ose pas être malpoli en parlant du fondement de notre société Est ce l'ennui et son effroyable répétition le carburant de ses mille et une fantaisies ? Est ce parce que l'abondance considérée comme la vertu sur laquelle semble s'appuyer encore notre idée d'économie nous rend indécrottables en matière de changement de diversité de nouveauté ? Nous allons abondamment vous faire économiser, trier électriquement... La modernité ressemble à un vieux tapin mon petit chou et ça ne présage rien de bon pour l'avenir. Car pas de doute que tôt ou tard on utilisera sa déchéance pour prôner une idée toute neuve d'éternité, de solidité, de fiabilité et de fidélité et pour finir de propreté. Tôt ou tard c'est visiblement presque déjà demain. Ce ras le bol du zapping, de cette cohérence artificielle bâtie sur l'incohérence absolue en dit déjà long sur le désir de changement en train de germer dans des cervelles abreuvées, irriguées par des poncifs qui sont d'ailleurs comme autant de produits installés en tête de gondole dans le supermarché des idées de notre temps. Soyons écolos roulons électrique sur le dos de certaines peuplades dont la jeunesse vive s'éteint tragiquement à extraire du lithium pour nos batteries. Ou encore des métaux précieux pour nos indispensables smartphones. Cette civilisation de masse l'est vraiment , à la masse. Le discernement tire sa révérence en même temps que la vieille modernité. On ne voit plus que du veau du bovin de l'ovin un peu partout sans compter sur le cochon qui se débite à tous va et pour peu cher. Et des bergers invisibles tout là haut dans des tours de verre dont les chiens sont les flics debout sur les chars de ce défilé foutraque. Le carnaval perpétuel et désolant d'une pensée politiquement et moralement correcte, une érosion bizarre fabrique le désert sur lequel on vend du mirage de l'oasis et pas mal de bombes pour égayer divertir détourner l'attention. Cette fatigue éprouvée pour la surprise, la nouveauté dissimule à peine une faim, une avidité pour le retour au linéaire, à l'ordre. Une fatigue doublée d'un énervement et de jugements à l'emporte pièce. L'étranger comme l'étrangeté deviennent saugrenus puis assez rapidement dangereux et hostiles. La singularité ne fait même plus sourire elle révulse quand on ne fait pas tout pour ne pas la voir, la rendre banale autant dire invisible. Mais qu'est ce qui fait que la modernité a remporté un tel succès du 18 ème siècle à nos jours ? Qu'elle a tant fait tourner le monde dans tous les sens comme dans une lessiveuse ? Je dis le 18 ème parce que c'est à partir de cette époque qu'on a tenté de la mettre vraiment en mots. Il est probable qu'elle vienne de bien plus loin, de la Renaissance Italienne. Et cette dernière n'est qu'une resucée d'un phénomène qui prend sa source à l'origine même de notre humanité. Je veux dire n'est ce pas résolument moderne de descendre des arbres pour aller se balader dans la savane et devenir la proie de toutes les bestioles affamées qui trainent sur cette terre ? Il y a du pour et du contre toujours. Le mieux serait de se tenir au milieu de ne pas montrer d'avis trop tranché , signe d'extrémiste évidemment honni de nos jours pourrait t'on encore penser mais non. Justement le milieu aussi semble être devenu aussi une position intenable. Il faut trancher citoyen ça commence comme ça et ce n'est pas bien nouveau. On croit juste que c'est moderne parce qu'on nous le vend ainsi. Question d'emballage, de marketing rien que du copywriting. D'ailleurs on peut bien nous vendre tout et son contraire nous nous en fichons bien le seul truc qui nous intéresse désormais c'est de ne pas crever trop vite, de ne pas souffrir trop, d'être tranquille , pas malade si possible, de ne pas être dérangé par n'importe qui n'importe quoi Essayer de remettre un peu d'ordre dans sa tête, dans sa maison, dans son jardin ce n'est déjà pas une sinécure alors s'il vous plait madame la modernité eut égard à votre grand âge et au fait que malgré tant de vicissitudes vous soyez encore admirablement bien conservée, amusez nous dans le poste à l'heure du café si vous voulez, mais pour le reste faites nous donc pas suer. Ces arguments évidemment en valent d'autres que d'aucuns ne tarderont pas à élargir bien au delà des murs du jardin, de la maison. Cette mondialisation effrayante qui peut d'un coup faire surgir dans la salle à manger un pygmée, un aborigène, un breton et même un portugais désormais ! Trop c'est trop ! On nous revendra la France aux Français à rire larigot sur tous les tons et en argot. Vous verrez ce que je dis si c'est pas vrai. Peut-être que dans le fond c'est juste une façon d'exorciser et rien de plus je veux parler bien sur de mon texte matinal . Je nous le souhaite autant que je nous plains.|couper{180}

La modernité

Carnets | mai 2021

Exigence

Derrière toutes tes prières l'exigence se traine prête à bondir pour un oui pour un non pas d'issue. Je sais que tu as essayé de la piquer l'euthanasier, l'amadouer, la ligoter l'entortiller, la soudoyer, l'hypnotiser, la saouler, la renverser, la bourrer, la tromper, la baiser, l'endormir, l'assouvir, la saisir, la retenir, la bousculer, l'agiter, la secouer En vain. Chez toi l'exigence est ce moyeu d'où sourd la lumière et l'ombre j'en connais chaque rayon de ce beau paon qui fait la roue en criant Léon par ci Léon par là Tu n'as pas assez fait ceci tu as beaucoup trop fait cela. Je te regarde et je me tais Tu restes encore si belle malgré toutes les années malgré les rides et les crevasses ta peau fripée tes cheveux filasses. Mon bel élan d'amour. Quand je te regarde j'ai toujours 20 ans. Et je dis merde au temps qui passe merde à l'éternité merde à la mort je débouche une bouteille et nous trinquons en nous dégottant des bourrades jouant des coudes les arpions en éventail. Est ce que tu m'aimes Est ce que je t'aime ? En sommes nous toujours là ? Sommes nous en dessous ou en deçà ? On doit bien avoir exploré tout le kamasutra... ne sommes nous pas repus ? allongés en sueur sur de beaux draps on attend on prie et c'est toujours toi qui la première décide exige de remettre ça. Moi c'est bien connu je ne suis qu'un malgré moi.|couper{180}

Carnets | mai 2021

Bonne santé

La dépression est le signe d'une santé de fer surtout si on la laisse ainsi revenir comme une fatalité de poussière pertinemment utile nécessaire à toute velléité de propreté. ô une joie féroce d'agiter le plumeau à s'enfiler des cachetons à gogo n'en doute pas. Sans la nuit point de jour et vice versa déclare doctement le bonhomme de neige tout sage qui fond lentement au fond de je ne sais plus quelle nuit de je ne sais quel rêve ou cauchemar. Tout ça c'est du poncif mon cher ! m'a dit Gerda en écartant les cuisses pour attiser mon vice tripotant son calice, clin d'œil de malice. Mon dieu c'est au poil Tant qu'on peu encore se frotter la panse quelle chance profitons. Un peu de doigté quand même nous ne sommes pas des sauvages lâche le contrôleur contrôlant mon billet. alors que je tentais de lui ficher bien profond dans le fion. Petit rigolo m'a vomi le conducteur du train vous croyez tout pouvoir faire dérailler comme ça ? Vous vous flanquez les doigts dans le nez J'ai bien regardé Gerda et c'est vrai, elle avait du nez. Un nez légèrement pointu avec des narines palpitantes comme des anémones de mer Tout mon sang s'est mis à refluer je me suis assis sur la moleskine cul nu ça collait un peu et puis ce bruit obscène mon biquet Avez vous encore du feu jeune homme ? M'a t'elle demandé Et tout a encore recommencé Le train s'est à nouveau ébranlé j'ai regardé par la fenêtre tout bougeait tout gazait quelle santé !!|couper{180}

Bonne santé

Carnets | mai 2021

Pour Gaston.

Cette violence, la pensée voulant la dompter est pire. supplice de la délicatesse de l'élégance. J'ai saisi tout d'un coup la brutalité comme une beauté dans une pierre tachée de couleur laissée derrière lui par Gaston. Une sainte horreur des manières me monte aux lèvres comme un effroi me rend muet.|couper{180}

poésie du quotidien

Carnets | mai 2021

Retrait

Il y a ressentir et puis le retrait. Un concert dans un kiosque au bord du soir, quelques chaises désordonnées dans le jardin du Luxembourg. Leurs cris de fer sous le ciel vaste lorsqu'on les arrache soudain à l'attente. Ressentir tout cela des années après comme si tout était là présent. Une douleur ou une joie si je me leurrais encore sur la douleur la joie. j'écoute le vent dans les feuillages. J'essaie d'apercevoir la musique. de sentir tout cela au plus juste à l'instant du retrait. Pour tracer un trait neuf.|couper{180}

poésie du quotidien

Carnets | mai 2021

Pouvoir et pensée

La pensée peut-être est une forme d'art. Un art du cirque, de l'acrobatie. J'ai envie de dire ça parce que je fus acrobate. Je sais comme il faut s'entrainer beaucoup avant de commencer à pouvoir approcher de la souplesse. de cette souplesse là. Cela va avec une idée de la jeunesse. Et aussi avec le pouvoir. le besoin de puissance. Pensée puissance pouvoir Et puis un jour on se loupe, on chute. parfois de haut. On découvre la douleur, la vraie. On comprend qu'elle soutient la pensée. que la pensée panse. Qu'il faut aller encore plus en dessous en deça. Accepter de n'être que le silence d'une sensation. pour écouter le cœur. Des digues, un barrage alors s'évanouissent L'enfance le retour au démuni au léger soudain d'une plume à l'intime du tout pour rien.|couper{180}

Carnets | mai 2021

C’est trop beau !

C'est l'expression que j'entends lorsque les enfants voient un dessin ou une peinture qui leur procurent une émotion particulière. Quand ils ne savent pas vraiment quoi dire et qu'ils sont touchés, ils disent "c'est trop beau" Ce n'est pas très différent finalement de ce que peuvent exprimer les adultes que je rencontre dans mes expositions. Ces derniers utilisent le "comme c'est beau" le "j'aime beaucoup", le "comme c'est intéressant" ce qui revient à la même chose que ce que disent les enfants lorsque qu'ils veulent surtout marquer le fait qu'ils ont éprouvé quelque chose sans pouvoir vraiment en parler mais qu'ils veulent tout de même le faire savoir. Je me suis parfois senti frustré de rencontrer toujours ces mêmes expressions je l'avoue. Une sorte de fatigue directement reliée à ce problème de reconnaissance qui se déclare lorsqu'on se découvre en manque de celle-ci. On désirerait des expressions moins "bateaux" , quelque chose qui vient vraiment de la personne qui est en train de nous dire ces mots que l'on sent empruntés à une multitude. Mais c'est déjà tellement lorsqu'on y pense. Au moins il y a cet effort de l'autre de tenter de nous avertir qu'il éprouve des sensations, une émotion vis à vis de ce qu'on lui montre. Pourquoi aller chercher plus loin finalement me direz vous ? Est ce que l'on peint pour obtenir cette fameuse reconnaissance ? Je ne l'ai jamais vraiment cru. Dans mon for intérieur quelque chose de bien plus important que ce besoin de reconnaissance était en mouvement : L'envie de m'exprimer pour savoir qui j'étais avant toute chose. Pour m'extraire de la formule convenue. Pour surtout savoir si je pouvais exister, si j'en étais capable, ou viable, en dehors de toute formule convenue. Sous entendue une peur lancinante qui me poussait jusqu'au fin fond de mes cauchemars à refuser cette forme d'obéissance que propage un programme éducatif comme un virus dans tous les neurones de notre cervelle. Je ne voulais pas devenir un robot. C'était cette peur affreuse qui me poussait à ne rien accepter que je ne puisse comprendre par moi-même. Pour ne pas me dire à moi-même ce fameux "c'est trop beau" qui dans le fond clôt toute conversation possible avec les autres ou avec soi-même. Sans doute suis-je trop exigeant mais c'est surement pour cela que j'ai choisi cette carrière d'artiste peintre, c'est cette exigence à ne pas me reposer dans la formule toute faite qui m'y aura poussé en grande partie. Au début on pourrait confondre cet élan avec de la vanité, de la prétention et s'en est toujours en grande partie. Comment lucidement pourrait on faire autrement ? Je me souviens de ces dessins que j'effectuais en classe et sur lesquels je représentais mes camarades, au début c'était surtout des caricatures pour attirer leur attention. J'avais du mal à me faire des amis, à la vérité je ne savais pas du tout comment m'y prendre. Je détestais le football, la plupart des sports collectifs d'ailleurs, tout ce qui au final obligeait à faire cet effort de respecter un certain nombre de règles sans prendre le temps de se pencher sur celles ci, de les comprendre. Ce n'était pas tant de la rébellion lorsque j'y repense qu'une sorte d'incompréhension, un étonnement de voir que je ne pouvais pas pratiquer une activité sans en saisir tous les tenants et aboutissants. Je n'arrivais pas à faire confiance aveuglément comme le faisaient mes camarades. Et cet aveuglement me les rendait à la fois héroïques comme suspects. Il y a longtemps eu chez moi ce doute d'être en même temps une sorte de génie et un parfait idiot. Ce fut terriblement difficile de parvenir à trouver l'équilibre entre le trop et le pas assez. Aujourd'hui je sais que je ne suis ni l'un ni l'autre. Pas tout à fait l'un ou l'autre ce qui est apaisant, tranquille, et surtout cela me permet de plaisanter, de prendre du recul sur ma propre vanité comme sur celles qui animent la plupart d'entre nous. Dans le fond la vanité est un peu comme une formule toute faite, une sorte de "c'est trop beau". Elle fait à la fois peur et elle intrigue aussi. Elle n'est peut-être qu'un passage obligé pour prendre confiance en soi. Cependant qu'une fois cette confiance acquise elle ne sert plus à grand chose, on devrait la laisser s'éloigner comme les fusées laissent certains étages aller se dissoudre dans l'atmosphère afin de s'alléger, prendre de la vitesse et s'élancer afin de percer les mystères de l'espace intersidéral. Il y a beaucoup à dire sur ce "c'est trop beau" et finalement lorsque je me souviens des premières fois où je me suis mis à regarder les filles, et plus tard ensuite les femmes je n'ai jamais été bien éloigné d'une formule toute faite pour exprimer les émotions que ces rencontres déclenchaient. Entre le trivial, le grossier, le vulgaire et les tentatives naïves d'évoquer poétiquement le sublime de ces émotions. Car finalement ces formules toutes faites ne se soucient t'elles pas que de cela bien plus souvent que de l'objet lui-même qui la déclenche ? Dans le fond il y a aussi dans ces formules toutes faites une certaine violence qui m'a toujours atterré comme j'imagine un homme une femme peuvent l'être si on ne les définit qu'à la façon d'un tableau, d'un miroir. "C'est trop beau" je ne te fais exister que pour te reléguer presque aussitôt ou simultanément dans la catégorie des objets qui me servent à imposer à moi et aux autres l'image de moi qui me convient. Une pure invention qui se reflète dans toute invention. Le "c'est trop beau" c'est un peu l'exclamation de Narcisse découvrant son image à la surface tranquille de l'eau et qui en tombe éperdument amoureux jusqu'à se noyer dedans à la fin. C'est aussi le risque de l'artiste, des protagonistes d'un couple une fois la passion ou la fusion amoureuse dépassée. Quelque chose se perd pour laisser place à un vide nécessaire et qu'il s'agira de remplir désormais avec la plus grande attention, l'amour de tous les jours. Ce weekend les petits enfants et leur père sont venus chez nous et nous avons fait de la peinture. Je leur ai montré un truc ou deux. Prendre une feuille de papier et la tacher progressivement de jaune, de rouge puis de bleu en utilisant de l'eau puis en tamponnant ça et là avec de l'essuie tout. Une fois sèche on peut dessiner par dessus avec des feutres de différentes épaisseurs. Gros trait, moyens traits, tout petits traits. On peut aussi s'amuser à créer des hachures, des petits ronds ou des points de différentes tailles pour apporter ça et là du rythme. Ce fut un bon moment passé et puis à la fin nous avons fait des photos Et on a tous dit ensemble : "c'est trop beau !" En riant. Peintures réalisées par Matxin 8 ans et Lottie 5 ans|couper{180}

Carnets | mai 2021

Exposition de peintures.

Deux de mes élèves ont décidé de se lancer. Elles veulent exposer leurs tableaux dans une chapelle tout près d'ici dont les lieux ont été aménagés pour recevoir des artistes. J'adore cette idée car elle procure une direction, un sens au travail réalisé et à venir. Mais une fois l'emballement, l'excitation passée il reste à mettre en œuvre un tel projet. J'ai envie ce matin de faire une sorte d'inventaire des ressources nécessaires pour les aider à mener leur projet à bien. Exposition Pieuré de Salaise sur Sanne Patrick Blanchon 2019 il n'y avait pas de cimaise et bien sur pas question de faire des trous dans les murs. J'ai donc choisi de placer quelques œuvres dans des niches existantes en tirant partie de l'architecture des lieux. Dans certains cas il faut encore plus penser au respect des lieux, que votre exposition les respecte et si possible les sublime ! La préparation de l'exposition La préparation est sans doute l'étape la plus importante du processus. vous verrez que si vous vous êtes préparés sérieusement tout sera nettement plus simple une fois le jour j. Imaginez quelques instants dans quel état d'esprit vous allez vous trouver. Au début c'est assez vague, on vous a dit oui, une date a été décidée en générale éloignée dans le temps. Cela ressemble à une sorte de rêve, c'est assez vague. Je n'ose à peine vous parler de mes toutes premières expositions... Je n'étais pas encore classé dans la catégorie peintre professionnel à cette époque heureusement. Car lorsque j'y repense j'ai froid dans le dos. Etant un spécialiste de la procrastination en tous genres j'avais l'habitude de tout préparer à la hâte la veille des expos. Ce qui ensuite se soldait pas des difficultés innombrables évidemment, parmi lesquelles l'obligation de faire des aller retour pour aller chercher ce que j'avais pu oublier. Ou bien de me rendre dans des grandes surfaces de bricolage pour acheter de la ficelle, des agrafes et je ne sais quoi encore... On apprend bien par ses échecs et par la fatigue surtout de les reproduire. Au bout d'un moment il m'est apparu évident que la préparation devait se faire le plus soigneusement possible. Et c'est aussi à partir de cette prise de conscience que ma carrière de peintre a décollé. Prévoir n'est pas facile si vous n'avez jamais exposé, si vous n'avez pas d'expérience. On ne sait pas vraiment quel genre de difficulté pratique nous risquons de rencontrer. Prévoyez donc une mallette dans laquelle vous pourrez mettre une agrafeuse ( le mieux serait qu'elle soit électrique, mais ce n'est pas obligé) des agrafes ( attention, celles qui vont bien avec votre agrafeuse, dans la précipitation il m'est arrivé plusieurs fois de me tromper de type d'agrafes et d'être bien embêté au moment où il fallait recharger l'agrafeuse.) Un rouleau de scotche large et un fin, de la ficelle, des cartes de visite, des feutres de couleur, des pastilles de couleur, un couteau suisse ( important si vous oubliez le tire bouchon pour le vernissage ). Une pince coupante, un tournevis plat et cruciforme, (parfois il faut bricoler sur place une cimaise mal accrochée , ou encore dévisser un spot qui ne fonctionne pas.) Titre de l'exposition et cohérence des œuvres exposées. Beaucoup de lieux d'exposition demandent un titre, cela leur sert à l'insertion des informations dans un calendrier d'évènements par exemple, parfois aussi le titre est placé sur une affiche que les organisateurs fabriquent avec un de vos visuels. D'autres fois ils vous demanderont de fabriquer vous mêmes cette affiche. En tous cas il est rare qu'on ne vous demande pas ce fameux titre que vous aller chercher un bon moment parfois en buvant force thé ou café, parfois en vous demandant ce que vous êtes allés faire dans cette galère. C'est tout à fait normal dans le cadre des activités de loisir amateur dont fait partie la peinture. La plupart du temps une œuvre est un tableau, et vous n'avez peut-être pas l'habitude de travailler en série, de développer un thème. Néanmoins de quoi parle t'on vraiment lorsqu'on évoque la nécessité d'un titre ? De cohérence bien sur et c'est aussi là que les difficultés deviennent le plus aigues assez souvent. Il y a plusieurs façon de faire apparaitre une cohérence dans votre travail. Et c'est aussi une source de découvertes insoupçonnées car généralement ce n'est pas une question que se posent les "amateurs". La cohérence par rapport à un thème. Depuis que vous peignez vous avez peut-être réalisé de nombreux tableaux sur un thème, que ce soit le paysage, la ville, les personnages, des natures mortes etc. Il est assez simple alors de trouver un endroit où vous alignerez toutes ces œuvres sur un seul thème pour choisir vos meilleures pièces celles dont vous êtes le plus satisfaits. Si vous participez à une exposition collective il ne s'agit pas de tout emporter, on ne vous permettra pas de tout accrocher et cela fera de la manutention pour rien. Renseignez vous au préalable sur le nombre d'œuvres requis, sur les formats autorisés, ne venez pas par exemple avec des toiles de 1m sur 1.50m si vous n'avez qu'un mètre carré ou deux pour exposer. Prévoyez toujours cependant une œuvre ou deux de plus que ce que l'on vous demandera. Il arrive aussi qu'une sélection s'effectue sur place et que certains tableaux se trouvent rejetés par les organisateurs. Vous avez donc décidé d'un choix de tableaux 5 ou 6. Parfait ! Vous avez fait la plus grande part du boulot. La cohérence par le format. Un peu plus compliquée mais pas irréalisable. Admettons que vos gouts vous portent à l'éclectisme. Un jour un paysage un autre la nature morte, un autre encore un personnage... vous aurez du mal à trouver une cohérence par le sujet, le thème. Mais si vous avez l'habitude de réaliser toujours le même type de format celui ci peut être une sorte de fil conducteur en dernier recours. Pensez y. Cela vous donnera peut-être aussi des pistes à l'avenir notamment sur cette notion de format. La cohérence par la couleur. Si vous pratiquez l'abstraction il peut être intéressant de classer votre sélection par couleur. Y a t'il dans votre choix plus de couleurs chaudes ? de froides ? Cela peut être une bonne piste aussi pour faire un choix ? La cohérence par la technique. Peut-être ne pratiquez vous qu'une seule technique, l'aquarelle par exemple, ou la peinture à l'huile, dans ce cas pas de soucis. Mais si vous naviguez d'une technique à l'autre cela peut être plus difficile de trouver une cohérence surtout si vous n'avez pas non plus trouvé de theme. On voit souvent ce genre de difficulté chez les peintres amateurs qui pratiquent l'abstraction. Dans ce cas choisissez des œuvres réalisées avec une seule technique et vous verrez que ça fonctionne bien le plus souvent. On peut aussi mixer tous ces conseils et trouver ainsi sa propre manière de rendre les quelques œuvres que vous aller choisir cohérentes. La sélection des œuvres Pour choisir vos œuvres à exposer quels seront à votre avis les critères ? Elles peuvent toutes être magnifiques individuellement et ne pas fonctionner ensemble. Ce n'est donc pas forcément la beauté, celle que d'ailleurs vous serez au début le ou la seule à leur attribuer qui fabriquera la fameuse harmonie, ou cohérence. Ce qu'il faut penser c'est le dialogue des œuvres entre elles, comment parvenez vous à les faire communiquer ensemble afin qu'aucune ne prenne trop ou pas assez le pas sur les autres. Pour que le spectateur considère l'ensemble de vos œuvres accrochées que cette harmonie soit évidente et qu'elle le touche. Souvent dans ce travail de sélection je me suis aperçu que certains tableaux dont je n'étais que moyennement satisfait se transformaient lorsqu'ils étaient associés à d'autres et même se démarquaient de l'idée première que je m'en était fait. Comment marquer alors le plus de points ? Comme j'en ai parlé dans le paragraphe précédent je dirais que c'est un mixte. Vous serez le premier étonné par votre sélection alors soyez attentif à ce qui vous traverse à ce moment là. Si vous êtes vraiment satisfait de votre choix vous aurez fait le boulot, vous n'aurez rien à vous reprocher. Le pire étant toujours ce doute en ce qui me concerne de n'avoir pas suffisamment pris de précautions au préalable, une fois que je suis certain de mes choix je ne crains plus grand chose y compris les critiques éventuelles. A la limite cette sélection bien menée est déjà un succès que nous devriez savourer pleinement. Le succès est d'ailleurs tellement aléatoire lorsqu'on présente son travail qu'il ne vaut mieux pas trop s'y attarder soit par l'excitation que cette pensée procure soit par la peur qu'elle ne soit qu'échec et déception. Faites le job de votre mieux, soyez vraiment satisfait de vos choix et vous verrez que vous aborderez l'exposition bien plus tranquillement. De plus tout ce que vous allez découvrir sur vous même en recherchant cette fameuse cohérence vous permettra de pouvoir mieux parler de vos peintures. Parce que vous vous serez questionnés vous serez prêts à mieux affronter les questions des visiteurs. Les lieux. Je ne connais pas les lieux personnellement mais je crois que c'est une bonne idée de visiter ceux-ci lorsqu'on désire exposer. Cela permet d'imaginer combien de tableaux pourront être accrochés. Apparemment il y a plusieurs salles il conviendrait aussi de trouver un chemin pour le visiteur qui l'emmène d'un point à l'autre de l'exposition. Cela signifie qu'il faut réfléchir à une organisation, une cohérence de l'ensemble. Les systèmes d'accrochage Quel est le type de système d'accrochage que les lieux proposent ? y a t'il des cimaises ? de l'éclairage en quantité suffisante ? Ce qui entrainera de bien penser aux systèmes d'accrochage des tableaux. A bannir en général le clou ou la vis plantée dans le milieu d'une baguette de châssis, trop de difficultés ensuite pour placer les œuvres de niveau. Il suffit parfois d'un millimètre d'erreur pour qu'on ne puisse accrocher correctement et que l'on doive alors faire appel à des stratégies fumeuses de bricolo, Genre cette horrible pate jaune que l'on colle au dos du châssis et sur la surface de certains murs d'expo. Hors de question de s'habituer à ce genre de pratique sous peine de se faire houspiller par les propriétaires des lieux en question. La bonne pratique d'accrochage Le meilleur système consiste à placer une cordelette accrochée par deux points de fixations de chaque coté du châssis. Il sera bien plus facile ainsi de les accrocher correctement. Même si on se place dans une catégorie de peintre amateur on se démarquera rapidement en pratiquant ainsi. Pour plus d'informations sur les systèmes d'accrochage https://www.artistics.com/fr/comment-accrocher-un-tableau-nos-conseils Les systèmes d'accrochage Les documents à prévoir Chaque œuvre doit être signée de façon visible par son auteur. On peut aussi inscrire quelques informations au dos de la toile comme le titre, l'année de réalisation et pourquoi pas la technique utilisée ( acrylique, huile, etc) Les professionnels ajoutent souvent un certificat d'authenticité réduit. Pour les amateurs ce n'est pas obligé bien sur mais imaginez que votre travail plaise et que vous fassiez des ventes ? Parfois tout commence comme ça, par une expo, on rencontre le succès et c'est une bonne idée de le prévoir. on pourrait même se demander si se lancer dans les bonnes pratiques ne le fait pas venir plus rapidement... A coté de chaque tableau accroché on peut aussi prévoir une étiquette où seront inscrits le titre de l'œuvre, l'année de réalisation, la technique utilisée et les dimensions. Pour les prix on peut aussi les rajouter sur l'étiquette, les avis sont partagés sur cette pratique. Et certains lieux d'exposition ne l'autorisent pas. Le mieux alors est de prévoir une liste numérotée où l'on retrouvera le nom du tableau, ses dimensions, la technique et le prix. Celle ci sera imprimée en plusieurs exemplaires, mieux : plastifiée de même que les étiquettes, et à disposition des visiteurs. L'avantage de la plastification des documents est un gain de temps précieux. Une fois votre exposition terminée vous rangez tout dans une pochette une boite prévue à cette effet et vous aurez moins de travail pour la fois suivante si vous devez déplacer la même expo. Le vernissage. ça y est tout est en place il ne reste plus qu'à recevoir les visiteurs pour la première fois. C'est une sensation étrange dans laquelle se mélangent la peur et l'excitation. On se sent en vie c'est génial ! Pour recevoir correctement vos premiers visiteurs vous avez la possibilité de leur donner une date de vernissage... celle ci figurera dans tous les documents qui seront utilisés comme support de communication. Je ne vais pas vous faire le liste de ce que vous devez acheter comme boissons chips ou cacahuètes. Par contre je vais vous parler de l'état d'esprit qui fonctionne le mieux lorsque vous y serez. Ne restez pas en retrait, allez vers les gens et recevez les comme si vous étiez le propriétaire des lieux et eux vos invités. Accordez leur de l'attention, comment ont ils prit connaissance de l'expo ? D'où viennent t'ils ? Si ce sont des gens qui viennent de loin posez leur des questions sur les raisons de leur visite, sont ils venus spécialement pour l'expo ou bien est ce par hasard qu'ils ont découvert celle ci ? Vous ne pouvez pas savoir les bénéfices immenses que l'on peut tirer de ces quelques préambules qui ne consistent au final qu'à s'intéresser à l'autre avant même de commencer à parler de vos tableaux. Cela s'appelle l'empathie et c'est aussi un outil que vous devriez emporter dans votre mallette. Le fait de rencontrer des personnes qui vous parleront de ce qu'elles éprouvent à la vue de votre peinture c'est cela le principal. Ne pensez pas aux ventes, n'allez surtout pas vers les autres avec cette optique. Soyez débarrassés de cela, ça vous rendra bien plus détendu, ouvert et vous verrez que vous passerez un moment agréable. Cependant ayez un petit carnet ou prévoyez un livre d'or afin de demander aux visiteurs leurs adresses email, c'est un excellent réflexe à mettre en place même en temps qu'amateur. Imaginez que vous fassiez une nouvelle expo quelques mois plus tard, qu'est ce qui peut vous empêcher d'inviter à nouveaux ces personnes pour les convier à voir l'évolution de votre travail ? Rien bien sur à part le fait de n'avoir pas leurs coordonnées pour le faire. Voilà je ne pense pas avoir oublié beaucoup de choses quant à la préparation de cette exposition que mes deux élèves vont réaliser. Il n'y a plus qu'à comme on dit. Si vous aussi être amateur et que vous désirez exposer vos œuvres j'espère que ce petit article vous aidera. N'hésitez pas à commenter et à rajouter au besoin des questions je me ferai un plaisir d'essayer d'y répondre.|couper{180}

Carnets | mai 2021

Hier sous la pluie dans les bouchons

J'écoutais France Culture. J'avais allumé le poste après avoir déposé devant sa porte à Caluire ma belle-mère qui, si tout va bien, fêtera ses 90 étés cette année. Cela faisait longtemps que je n'avais pas écouté cette station mais je reconnu immédiatement la musique du générique de l'émission "à voix nues". C'était un échange épistolaire , une correspondance amoureuse voulait on nous faire croire, entre François Mitterrand et Anne Pingeot. Plus Mitterand que Pingeot dont on ne lu pas grand chose. Cela me renvoya à mon époque pré pubère quasi immédiatement et plusieurs fois je me suis gratté le crane pour me demander comment la naïveté pouvait traverser à ce point les différents murs, blindages et barrières menant à l'Elysée. Comment ? voici un homme dont on dit qu'il fut redoutable en matière de politique et qui démontre son indigence crasse en matière de correspondance amoureuse. Car hormis la littérature enrobant les " je t'aime" les "je te veux" "tu es à moi" je n'ai relevé à peu près rien d'autre que du blabla. Comment est-ce donc possible ? Et puis j'ai trouvé. Ce n'était pas difficile car j'avais été moi-même victime de ma propre vanité épistolaire autrefois. Dans ces correspondances amoureuses il n'y a que du flan, des envolées lyriques et tout est adressé à une chimère personnelle évidemment. Ce plaisir de se mettre soi disant à nu dans l'encre n'est la plupart du temps que de la masturbation et pas grand chose d'autre. D'ailleurs les réponses d'Anne Pingeot, rares dans l'émission semblent me donner raison. Elle doute et c'est évidemment ce qu'elle peut faire de mieux face à un tel déchainement narcissique. En ce sens les hommes de pouvoir possèdent ce privilège tout au contraire du gueux que je fus. On leur répond. J'ai envoyé à une époque une bonne centaine de lettres à une jeune fille modeste et simple de ma campagne qui ne m'a jamais répondu. Et c'était certainement la meilleure des réponses possibles lorsque j'y pense. Ces échanges épistolaires se déclenchent bizarrement avec le manque et la distance qui transforme une silhouette, l'autre en cette partie merveilleuse de soi à qui l'on voudrait s'adresser et qu'elle nous réponde. C'est une projection pure et simple, une illusion et tellement douce et tellement cruelle qu'on la sent aussi douce et réelle qu'une vraie réalité. Mais au bout du compte il n'y a qu'un peu de honte à la fin de s'être tant épanché hors de soi pour rien. Peut-être ne nous a t'on pas tout dit tout lu. Peut-être y avait il des passages plus ordinaires, plus érotiques, voire salaces carrément dans tous ces épanchements. Cela m'aurait plu évidemment de les entendre le cas échéant et sans doute aussi cela m'aurait rassuré de considérer le bonhomme comme un gars comme les autres. Mais ce ne fut pas le cas. J'ai mis presque 4 heures pour faire l'aller retour sous la pluie et les bouchons entre le trou du cul de l'Isère et la colline où vit la grand-mère. Dans la voiture à l'aller nous n'avons presque pas parlé sinon du temps maussade qu'il fait pour un mois de mai et de ce miracle que représente pour elle son journal de mots fléchés. -ça me tient compagnie vous savez qu'est ce que je ferais d'autre sinon ? je tournerais en rond. Phrase n'appelant pas de réponse au final mais révélant une éducation, une finesse d'esprit, une élégance de la conversation, qui mit fin en douceur à celle-ci à peine commencée. Et j'ai encore été surpris de tant de violence, de fermeté chez cette petite dame toute frêle dont j'ai l'honneur d'être le gendre.|couper{180}

Hier sous la pluie dans les bouchons

Carnets | mai 2021

Galères esquifs et vaisseaux

Sur la route encore ce besoin de curiosité comme un muscle à entretenir. André Dubois l'auteur du blog traficmania a mis en ligne un nombre considérable de vidéos dans lesquelles il parle de son expérience du blogging. J'écoute et je suis tour à tour fasciné et perplexe. Fasciné car il y a évidemment un savoir faire indéniable et une expérience riche transmise dans ses propos. Perplexe parce que je suis probablement incapable même si je le désirais de mettre en œuvre le moindre des conseils qu'André propose. C'est une vision du blogging à laquelle je m'intéresse depuis plusieurs mois parce que je voulais mettre en place des cours de peinture en ligne. Comme je ne savais pas comment m'y prendre j'ai commencé à suivre des blogs dans la même thématique mais j'avoue que ça m'a assez vite gonflé. A bien réfléchir cela m'a gonflé parce que je n'ai probablement pas besoin de cours de peinture. Que je les ai suivi dans l'espoir de découvrir un contenu qui m'accrocherait. Mais je ne suis évidemment pas le client idéal de ce genre de site. Ce qui me fait rebondir sur ce blog , le mien, qui ne sert à rien selon la vision d'André Dubois. C'est à dire qu'il ne part pas d'un problème à résoudre, d'une niche, d'un positionnement et d'une envie plus ou moins bien déguisée de faire des ronds. Parfois je me dis que je perds mon temps à écrire tous ces textes qui ne seront lus que par une poignée de personnes. Mais j'ai depuis longtemps passé le stade d'attendre des compliments, pas plus qu'un message provenant d'un éditeur, et même l'idée de créer des recueils comme je l'ai déjà fait pour "propos sur la peinture" me semble dérisoire à présent. On fait des choses selon les buts que l'on se fixe. Et comme je n'ai à proprement parler pas vraiment de but de départ sinon peut-être m'exercer à une constance d'écrire sans plus, il est logique que je n'en retire que ce que j'ai demandé à ce blog. Des centaines de textes sur les deux ans et demi d'existence du site qui me laissent une sensation parfois pénible d'inutilité tout en me révélant justement un désir de l'être, utile. En même temps que mon esprit plutôt libertaire se réjouit de cette défaite de l'utilité. C'est une vision sans doute naïve utopique du blogging que je me suis forgée. Une sorte de prétexte finalement pour pouvoir pondre tous ces textes. Un grand brouillage de pistes comme j'en ai l'habitude et qui m'aura permis de mettre à plat ma vision de la fiction de façon sans doute maladroite la plupart du temps parce que l'habileté comme en peinture me semble un danger. Ce qu'il m'est de plus en plus vital c'est cette maladresse. Ce que tout le monde appelle ainsi sans vouloir s'y arrêter. Le fait d'animer des cours auprès de jeunes enfants depuis une vingtaine d'années désormais m'a rendu humble concernant les catégories de l'habile et du maladroit. Rebelle je l'étais de toutes façons dès le début mais je ne savais pas quoi faire de cette rébellion vraiment à part me rebeller. C'est le fait de donner, de partager qui a changer le contenu et le sens de cette rébellion primordiale. C'est aussi l'obligation de clarifier afin de transmettre l'information le plus efficacement possible qui m'a conduit aussi à rédiger des notes au départ. Quand j'ai ouvert ce blog je ne voulais parler que de peinture et du quotidien du peintre que je suis. Et puis avec le temps je me suis aperçu que cela ne pouvait pas se faire si facilement, et peut-être aussi que je ne désirais pas non plus la facilité. Bref j'ai exploré ce "je" ce "moi" sur de nombreux tons sans doute pour en rire au début, un peu par dérision jusqu'à ce que la sympathie au bout du compte finisse par arriver et que le sourire gomme ce rire sans doute trop exagéré, un rire malheureux. Ce qui est étonnant c'est aussi la découverte d'autres blogs , d'autres bloggeurs pour lesquels j'ai découvert des affinités, de l'amitié et même de l'admiration et de la tendresse. En fait c'est comme un voyage en bateau, un rassemblement d'embarcations vers on ne sait où l'ensemble de ces blogs auxquels on s'abonne et que l'on suit parfois de près, parfois de loin, que l'on perd de vue et qui soudain disparaissent ou ressurgissent. Oui j'ai pensé à des galères des esquifs et des vaisseaux, toute une flotte voguant vers un monde, chacun le sien au fond mais dont la somme de tous fait un au final. C'est une belle expérience. A coté de celle ci je me dis qu'il est possible d'en vivre d'autres parallèles. D'ouvrir un nouveau site spécifiquement dédié à la peinture, pour répondre à des problèmes concrets que les peintres débutants ou confirmés peuvent rencontrer et dont ils cherchent la ou les solutions. Je me dis que j'ai encore envie de faire tellement de choses que c'est surement un genre de bouée que je me cherche pour ne pas accepter la vieillesse. Et d'un autre coté si la bouée existe c'est bien qu'elle est utile. Je crois qu'il faut souvent en revenir aux bases pour ne pas se perdre, pour ne pas perdre le Nord. Qu'est ce que je veux vraiment ? J'aime partager aider apprendre enseigner c'est de ces choses dont je tire ma subsistance pour la plus grande part bien plus que de la vente de mes toiles. Parfois il arrive que l'on se trompe de talent ce qui n'est pas bien grave non plus à condition que l'on ne s'obstine pas. Par contre ce qui est chouette c'est de naviguer la nuit sous les étoiles et d'apercevoir ça et là la silhouette d'une autre embarcation se découpant dans le bleu marin. Quels que soient les buts les rêves les talents, on peut s'accouder au bastingage quelques instants allumer une cigarette et faire un petit signe de la main à ces voyageurs que l'on croise : bloggeurs, baleines et dauphins. Et puis pour en revenir à André Dubois ce n'est pas parce que sa façon de blogger est à l'opposé de la mienne qu'il ne m'intéresse pas. Je dirais même que c'est tout le contraire. Départ de Vasco de Gama Bonus : une émission de France inter m'a inspiré ce texte qui parle de Vasco de Gama et de l'expansion Portugaise au 16ème siècle.|couper{180}

Carnets | mai 2021

L’intention.

Ne pas quitter des yeux l'intention. Parfois elle vous fait renoncer à des occasions en apparence magnifiques rutilantes. Vous vous bouffez la rate en vous traitant d'andouille ou de sale con, mais c'est ne pas comprendre la puissance de l'intention. Elle loge sous la pensée de tous les jours, la pensée aveugle, la pensée pratique. Avoir une intention n'est pas une bonne expression. On ne peut pas l'avoir c'est elle qui nous tient. Et il faut marcher parfois une très longue distance avant de le comprendre.|couper{180}