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Carnet 40
Dernière proposition de ce cycle de 40 jours. La rédaction d'un mode d'emploi personnel. Presque comme ceux qu'on utilise pour les cafetières, les aspirateurs autonomes, les toupies derviches, et les anachorètes de tout poil. Une sorte de table des commandements du littérateur. Et, un peu normal ou logique qu'après 40 jours, on se tienne dans cet état propice pour s'inventer aussi un buisson ardent. Toute foi n'est-elle pas bâtie que sur ce genre de miracles que l'on se prodigue à soi-même- par pure décision et simultanément toute inconscience. Les imaginer suffit que de les voir. Est-ce la fin du désert. Il serait sot d'y croire. Mais juste observer l'heure ou l'heur de ce miracle , se pencher soudain pour trouver manière ou façon de mieux s' adapter au fil des jours, voire l'apprécier. Du reste rien de nouveau sous le soleil. Et n'est-ce pas ce que nous essayons tous, littérateurs ou pas. Créer à un moment dans la modestie inouïe de l'attribuer à un Tiers, tel mode d'emploi Et qu'importe qu'il appartienne à la catégorie des baumes, des placébos- pas à dénigrer un seul instant- s'il nous entraine à nous fabriquer un genre de consolation ou d'entrain qui ne soit pas remède pire que la maladie. Voir cette proposition et les 39 autres plus un prologue sur le site du Tiers livre Pourquoi pas 10 étapes , et surtout les laisser venir comme elles décideront. Comme toujours. Sans une première fois il ne peut en exister de seconde. Cependant que toute les fois où l'on reprendra le clavier ou le stylo il est souhaitable de se souvenir de cette première fois. De son désir d'aller vers les tous les autres nombres, vers l'infini. Qu'importe la raison pour laquelle ce désir se met en branle. Il s'agit simplement de se souvenir et d'allumer une bougie virtuelle ou pas, de lui attribuer durant quelques minutes, une offrande. Et aussi quelque soit le nombre de fois que l'on aura réitéré cette action d'écrire s'obliger à se tenir par tout moyen possible -dans une gratitude. Probable que ce soit le plus ridicule, le plus fou, et c'est justement pour cela qu'il faut le faire. C'est à dire à se tenir aussi loin du jugement qu'il nous en sera possible.Ne pas confondre l'un et le deux. Mais observer ce que chacun doit à l'autre de leurs existences désormais. Une fois que le deux surgit l'illusion aussi. Et de l'accepter comme socle à l'écriture le plus rapidement possible, non par rumination, pensée, discernement, mais par foi. La plus vraie des raisons pour cette fois. Autrement dit quand tu prends la position si particulière, assez peu naturelle finalement de t'asseoir à une table pour écrire, sache que tu te tiens au centre de cette illusion. Le meilleur indicateur qui t'aidera à mesurer ta progression c'est ton rapport à l'ennui. Pas besoin de le chercher, l'ennui est aussi présent que le désir. Ils sont là par essence. L'un te tire vers l'immobile et l'autre vers le mouvement. Ainsi en étant plus attentif à ces deux forces contradictoires en apparence tu pourras noter les divers solutions ou moyens que tu t'inventes pour les fuir ou leur céder en te tenant étrangement disponible à la moindre sollicitation du monde.Le fruit c'est le 3. C'est ce qui ressort de la confrontation du désir et de l'ennui, et ce que tu fais pour essayer autant que possible pour rester neutre vis à vis de ces deux-là. A ce point les manifestions d'humeur, les pensées lumineuses ou pas, joie ou tristesse ne sont que des objets de constructions, des briques. Et chacune se valent. L'important à conserver à l'esprit est qu'un fruit est là en devenir dont tu dois t'occuper. Ce fruit doit occuper toute la place en toi, à ce point que cette notion d'être toi s'évanouisse. Cela peut prendre du temps, des années et le temps n'existe qu'à cette fin d'effectuer ce parcours au travers de résistances qui sont comme une main à un jeu de cartes à jouer. La période du trois s'achève quand tu ressens que le fruit est là, qu'il remue dans tes entrailles.Le quatre est un moment de récapitulation. L'œuvre est là c'est désormais un fait concret. C'est carré. Cependant comme tout enfant elle demande attention, elle mobilise encore plus l'attention, elle permet aussi de revisiter toutes nos zones d'ombres une fois encore. Il faudra alors éliminer tout ce qui est confus, flou, aspirer à une plus grande précision et ce sans perdre de vue que tous les événements ne sont qu'une suite concrète pour en revenir à la source- c'est à dire au chiffre 1. Dans le quatre plus encore que jamais ennui et désir seront des outils dès lors qu'on aura mieux appris à les utiliser. La pensée, les émotions, les actes, les rêves forment les quatre cotés du carré de l'intuition. La vitesse à laquelle on perçoit le juste ou le faux est démultipliée. Désormais on peut percevoir toute chose à sa juste valeur. Toutes les illusions s'effondrent comme celle surtout de vouloir contrôler l'enfant, de la protéger, de la garder pour soi. On apprend alors que la nature même de cette œuvre est en relation avec l'autonomie qu'on lui accorde.Tout est désormais prêt pour qu'une main possède vraiment 5 doigts et qu'on puisse se la serrer soi-même. Vous voici au milieu. Entre 1 et 10. Mais beaucoup plus serein, ce qui favorise de mieux résoudre les contradictions. Ou plutôt d'en prendre un peu plus conscience ce qui aide aussi à les aplanir. Ou à les prendre comme elles sont tout bonnement sans se morfondre. Voire en rire. On prendra conscience comme jamais auparavant de la quintessence des choses qui nous entoure comme de celles que l'on produit soi-même et surtout de ce qui la produit depuis l'origine.. Mais attention prendre conscience ne signifie pas posséder. Il s'agit d'observer tout ce qui est en ce moment même en train de se dévoiler. Le vent vient de tomber, la mer est calme. C'est aussi là que le risque sera le plus grand de vouloir s'inventer des mirages, des anges, des sirènes. Autrement dit des raisons, des écueils probablement utiles pour ne pas sombrer dans la béatitude. C'est à dire revenir la case du 1 désormais qu'on en saisit intuitivement sa raison d'être et qui est une parfaite absence de raison. Ce qui est loin d'être rien si on y pense.Retour à la bagarre entre l'identique et le distinct. Nécessaire pour comprendre la géométrie, les lois secrètes de l'équilibre. Un mensonge de symétrie proposé dans la foulée de la sérénité comme pour l'éprouver. On ne peut qu'être admiratif à ce point chiffré du chemin de voir comment le 1 continue à pousser l'être le littérateur ou l'homme à gravir des paliers de plus en plus escarpés. Une fusée qui largue ses réservoirs de carburants au fur et à mesure de sa progression vers l'espace intersidéral. Avec le 6 vient l'idée de l'organisation du temps. On se demande comment y parvenir. Comment parvenir à organiser une temporalité alors qu'au fond de soi on sait pertinemment qu'elle n'existe pas. Cela demande encore des ressources de ruse, de patience, d'abnégation. Car il existe une jouissance de l'ennui comme une jouissance du désir. Et peu importe les souffrances encore que cette jouissance produit. C'est peut-être alors la découverte de nouveaux types d'équilibres basés cette fois sur l'asymétrie. Une meilleure organisation du temps c'est avant tout tenir à l'œil ennui et désir pour que l'autre ne prenne pas le pas sur l'un. Le 6 c'est aussi le surgissement du cercle de l'horloge, avec ses deux aiguilles et la journée de 24 heures. Comment mieux s'organiser à l'intérieur de cette boucle perpétuelle. A ce point du parcours on fait des tests, on peaufine. L'écriture est devenue laboratoire. Est-ce la naissance de quelque chose de nouveau ? D'un homme d'une femme, d'un être qui réunit dans l'un tous les genres. Métamorphose qui ne s'opère que par le labeur dans le temps de la journée désormais reflet de celui d'une vie entière et sans doute même encore au-delà.Désormais la musique est audible. Les sept notes qui la composent sont de plus en plus distinctes. On perçoit l'achèvement de quelque chose même si l'on n'est pas encore en mesure de trouver les bons mots pour le dire. Si le monde extérieur est de plus en plus limpide il faut encore faire un petit effort de conversion pour faire tomber une barrière. Celle créer par l'observateur perpétuel qui nous aura conduit jusqu'ici. Jamais la distance entre l'observateur et la raison pour laquelle il observe n'aura été aussi ténue qu'à cette étape du parcours. On pourrait voir ce tableau de Michel-Ange, ces deux mains qui s'effleurent dans un ciel laiteux. Serait-on dans l'achèvement de l'œuvre, on pourrait facilement le croire ; ce qui nous sauve est toute la modestie accumulée par le labeur traversé dans les étapes précédentes ; Quelle gloire, quelle satisfaction qui ne soit pas vaine à ce point de reposer le stylo et qui nous fasse rêver d'une petite sieste bien méritée sur nos lauriers. Et d'ailleurs céder à la sieste n'est certainement pas le pire des maux à traverser.Sieste de courte durée car déjà l'infini est là debout au pied du lit. L'infini ou la mort -on distingue mal ses traits et une fois encore désir et peur s'affrontent comme pour nous remettre en train. Donc on s'occupe, on ne se laisser pas aller. Il faut mettre en œuvre des stratégies. Mais on a déjà vu tout ça avec le 4, on révise, on se relit encore plus attentivement que jamais tout en riant bien sur de toutes ces pensées qui arrivent par flots et qui concerne la postérité. Rire d'en revenir encore à cela. Et ça fait du bien de rire, on devrait se fabriquer des protocoles destinés uniquement à cela au moins deux ou trois fois par jour, et si possible aussi de nuit quant on se lancer dans l'écriture comme dans ce bon vieux Jésus dans sa Passion. 8 Se souvenir de cette horloge octogonale crée par les Athéniens et donc chaque coté était dédié à l'un des dieux du vent. Le 8 est l' étape ou seul l'apprentissage du rire mène à la délivrance finale. Mais apprendre à rire est aussi un vrai travail, il serait tout à fait inconvenant de l'oublier.C'est souvent là que tout se joue. Triple buse, triple andouille, c'est trois fois trois. Ou la béatitude absolue. Celle qui ne sert pas à grand chose lorsqu'on écrit. Qui est même souvent ennemie. On ne voudrait pas se transformer en saint, pas plus qu'en prophète, pas plus que devenir non plus aussi vieux que Mathusalem et éviter la mort, être emporté illico presto au ciel par une main divine. Il faut prévoir nez au vent l'arrivée du 9 et se carapater le plus vite possible quand ça sent un peu trop la Myrte ou l'encens.Et nous voici arrivés. Quel voyage. Il y a toujours le un et à coté un joli 0 on pourrait de demander qui est qui . Mais comme je n'en suis pas du tout arrivé là encore, je me permet donc de me taire ( enfin) pour ne pas influencer le destin qui je l'ai souvent remarqué est parfois assez chatouilleux ( Nous avons trois jours pour murir ce texte ou en écrire d'autres sur la même idée c'est aussi la consigne) Donc je vais laisser reposer. Si ça se trouve en relisant demain je trouverai tout cela complètement con- comme souvent. Ce qui ne m'empêche pas de le publier pour autant. Car le jugement est une chose mais l'œuvre est autre.|couper{180}
      
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carnet 37
cathédrale d'Amiens toute une mémoire dans la pierre. En pensant à Fulcanelli. phrases retenues de mémoire. un genre d'autobiographie par les phrases dont on se souvient. de 0 à 10 ans : télescopages entre les slogans familiaux, amicaux et scolaires. Mais Jacques Prévert résume assez bien la période, une des premières récitations apprises à l'école communale de Vallon-en Sully. La grasse matinée. -Il est terrible le petit bruit de l'œuf dur cassé sur un comptoir d'étain il est terrible ce bruit quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim mon père : -un bon tiens vaut mieux que deux tu l'auras. Mon meilleur ami de l'époque à propos des filles. -il suffit d'y penser, de le vouloir, tu peux toutes les avoir. 10 à 20 ans. phrases de chansonsphrases apprises en pensionphrases entendues dans une proximité et retenues comme marquantes.phrases parfois bizarres mais que l'on conserve dans un recoin de la mémoire parce que l'on y pressent une prophétie plus ou moins claire ou vague.phrases qui servent à tenirphrases qui servent à éprouver la présence du cœur dans la poitrinephrases qui ne servent à rien mais qui musicalement apportent un peu de paix ou de plaisir. l'embarras du choix. c'est comme autrefois la page où la toile blanche. Rien ne vient. ce n'est pas que ça manque mais impression que tant de choses se pressent pour arriver en premier au moment où le rideau des soldes s'ouvre. phrase dite avant la rupture avec P. jamais je n'aurai d'enfant avec toi tu ressembles trop à mon père.heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage G.Brassensl'un croyait en Dieu l'autre ni croyait pas.Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé, Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie : Ma seule Etoile est morte, – et mon luth constellé Porte le Soleil noir de la Mélancolie. G.de Nerval. Nul ne peut dire où je juche : Je n’ai ni lit ni hamac. Je ne connais d’autre huche Si ce n’est mon estomac. Mais j’ai planté mon bivac Dans le pays de maraude, Où sans lois, sans droits, sans trac, Je suis le bon gueux qui rôde. Jean Richepin. Tout, mes amis, tout peut nous servir dans les conditions où nous sommes. Je vous en prie, ne l'oubliez pas. l'île Mystérieuse Jules Vernes Ses yeux ronds, son air à la fois satisfait et ahuri, le faisaient ressembler à une oie grasse qui digère dans la salutaire crainte du cuisinier. Rien de plus charmant, en vérité, que ces promenades d'amour. L'imagination câline et inventive du Midi est là tout entière. C'est une véritable mascarade, fertile en petits bonheurs et à la portée des misérables Enfin, ils mordaient aux plaisirs des riches ! Leurs appétits, aiguisés par trente ans de désirs contenus, montraient des dents féroces./ Zola les rougon macquart La sociabilité des citadins m'attirait. L'absurdité qui régnait dans leurs moeurs m'amusait comme une farce enfantine, et dès lors que par nature j'étais bien au-delà de toutes les formes et conventions particulières en vigueur, je me jouais de toutes, les endossais et les ôtais tour à tour comme des habits de carnaval. Hyperion Holderlin Je cherche fortune, Autour du Chat Noir, Au clair de la lune, A Montmartre ! Je cherche fortune ; Autour du Chat Noir, Au clair de la lune, le chat noir de Bruant Un rat est venu dans ma chambre Il a rongé la souricière Il a arrêté la pendule Et renversé le pot à bière Je l'ai pris entre mes bras blancs Il était chaud comme un enfant Je l'ai bercé bien tendrement Et je lui chantais doucement Dors mon rat, mon flic, dors mon vieux bobby Ne siffle pas sur les quais endormis Quand je tiendrai la main de mon chéri / la fille de Londres P. Mac Orlan Les images qui arrivent dans nos rêves n'exigent pas une connaissance du monde, elles nous invitent à habiter le monde. Il ne s'agit pas d'un savoir, qui est avoir ; il s'agit d'être. Roland Bies. Le hasard est le plus grand romancier du monde, pour être fécond il n'y a qu'à l'étudier. Balzac. ce qui manque cherche le dans ce que tu as. Koan zen. j'accepte la grande aventure d'être moi. Simone de Beauvoir. mon père : une connerie dans une bouteille il est capable de la casser pour la faire. exercice intéressant qui mériterait de ne pas se limiter à un simple billet de blog. Il faudrait prendre plus de temps pour y penser. Et puis j'ai toujours 20 ans dans la tête, après la mémoire semble me faire défaut. A moins que la pudeur n'advienne enfin. Que je décide de ne pas tout dire.|couper{180}
      
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Carnet 34
Souvent j’avoue ne pas toujours bien comprendre la proposition, je crois que je le fais un peu exprès C’est la contrainte qui veut ça. J’aime les contraintes mais je ne les respecte pas souvent. D’ailleurs aujourd’hui envie de l’interpréter comme ça et pas autrement. : Des bribes qui pourraient constituer des histoires si on avait le temps l’envie de les écrire. 6h Ce matin, un coup d’œil par la fenêtre du bureau, du blanc bleuté tapisse le toit de tuiles en contrebas dans une presque absolue obscurité. Ce que la neige inspire à l’âge adulte. Une série d’emmerdements. Dommage. Autrefois enfant on s’en faisait une joie. Glisser sur le carrelage, déraper, et presque s’affaler. Durant un dixième de seconde se sentir emporté par le plaisir de la glissade. Et puis la peur, l’âge, le temps, l’imagination, les risques. Se raccrocher au poteau de la corde à linge. Aucune idée de grande chose. La neige fige le monde d’une certaine façon. Le monde en soi. Et c’est très bien comme ça. Cela laisse de la place aux petites choses. Les histoires sont toujours présentes, mais elles se taisent, elles vous laissent parler jusqu'à ce que vous soyez fatigués de vous écouter parler. Prendre un peu de neige dans la main. S’arrêter à ça. Puis le petit merle noir vient se poser sur l’olivier. Il penche la tête et semble dire c’est toi... c’est bien toi ? Les empreintes des oiseaux dans la neige c’était déjà une écriture, un livre. Ça me changeait des stupidités ordinaires des autres livres. Cette colère déjà contre les livres. Surtout ceux que tout le monde lit. 14 pieds font 7 personnes (en moyenne et à condition que tout aille bien) ou alors 3 chats et 1 oiseau. Un chien, une vache, un éléphant, un paysan.|couper{180}
      
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carnet 32
filtre jaune sur certaines parties et un peu de rouge sur d'autres présence d'un mort. Pas long comme d'hab. pas ennuyeux si possible. pas de littérature stupide. une absence de 20 ans et plus et soudain un message sur facebook. Une conversation qui reprend peu à peu par e-mail. un ou deux coups de fil en un an. c'était plus simple de s'écrire ainsi.Et puis disparition de nouveau. plus aucune trace. le téléphone aux abonnés absents. la vie bulldozer continue. on oublie. et puis un samedi matin un coup de fil. sa sœur avec qui plus de relation depuis plus longtemps encore. D. s'est suicidé. on ne sait que dire. le silence seulement. Ensuite on vit avec ça. un mort de plus. et tous les souvenirs qui vont avec. une présence en creux. une étrange sensation d'être accompagné par l'absence. De plus en plus avec le temps.|couper{180}
      
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Carnet 23
Proposition du jour : définir lieu et temps en amont puis compter. Ici ce n'est pas une accumulation, mais plutôt une opération. Évidemment operation chirurgicale. Et, finalement, des diverses pistes proposées par FB se méfier de leur profusion. Effectuer presque inconsciemment au début l'opération de compter non pour accumuler, mais pour se rendre directement à un bilan. Soit la référence à la poétique comptable de Jacques Roubaud (en cours d'étude sur un projet personnel, donc écartée). La peinture d'Opalka, écartée d'emblée, car déjà connue. Les nombres associés à l'œuvre de Francois Rabelais. (On se souviendra du nombre 6). Celui-ci récurrent notamment dans la construction, la pensée architecturale, puis la diction du texte si l'on veut bien prendre ce temps de le lire à voix haute. Description de l'Abbaye de Theleme. reliance au nombre d'or, aux pythagoriciens. Et, enfin, une lecture à voix haute en japonais de l'artiste performer Shigeru Matsui ( voir video) se demander ce qui se produit justement entre accumuler et réaliser une opération https://youtu.be/C2f2LdPFyfM Le simple fait de recompter, l'espace et le temps de quelques minutes dans la nuit, les informations compréhensibles dans cet énoncé. Ne sont-ce pas déjà les prémices de l'operation à effectuer. Une operation vraiment que l'on peut enfin réaliser dans sa réalité opérationnelle. C'est-à-dire : établir une différence entre amasser, accumuler et saisir un tout petit peu malgré la force d'inertie (et en amont) la nature du piège facile dans lequel ne pas tomber. Différence que l'on considérerait d'une importance négligeable, une importance de poète, pour certains, à savoir peanuts. Et, pourtant. C'est le chemin parcouru entre un point A et un point B. Depuis les toutes premières images de l'oncle Picsou. Ce vieux grigou. Nageant dans son immense tas d'or, aperçu, dévoré des yeux. Tenter de saisir l'utilité d'une telle fortune amassée uniquement pour soi. Surtout pour la tenir éloignée de tout usage sauf de la posséder et s'y vautrer. Découverte de cette maladie étrange, l'avarice. Et, le point B, la lecture de cet énoncé au sein de cet étrange atelier d'écriture. Que s'est-il passé que l'on puisse compter en tant qu'éléments du réel entre ces deux bornes, la réalité de toute une vie passée ou presque. Une relation à l'argent bien sûr. Mais, l'argent n'est que symbolique. Sans doute une prise de conscience. D'un passage. Entre ce qu'il faut considérer désormais comme un ´réflexe primaire, nouveau point de départ. Accumuler, conserver jalousement. Puis, même point B : developper une poétique du partage. Que ce soit dans la vie au quotidien, dans les gestes quotidiens que par la découverte des livres. De ce que peuvent susciter les livres. Pas que les recueils de poèmes, pas que la poésie. N'importe quel livre si l'on y pense. L'ouverture d'un livre est déjà une operation effectuée dans ce domaine, ce système personnel. posséder des livres est une chose. Mais, les ouvrir en est une autre fort différente de la première. Se souvenir, par exemple, de ce livre de France Loisir que le facteur déposait selon un rythme hebdomadaire dans la boite à lettre familiale. Ne pas trouver son compte dans cet événement qui au début parait extraordinaire puis sans l'étayage d'une attention collective s'achève en banalité. Finalité de cette translation, la matérialisation d'une gigantesque bibliothèque (fournie, elle aussi, par France Loisir). Meuble décoratif plus que fonctionnel, car personne ici ne prend le temps d'ouvrir les livres. Le temps pourrait facilement se compter dans une succession de collections de jaquettes. celles-ci calquées sur le gout du jour. Créés par des techniciens du marketing connaissant leur cible. La science d'imposer opinions et gouts pour fabriquer du profit et des meubles qui ne servent à rien. L'aspect faussement couteux de leurs dorures débitées la chaine. La taille des fontes et des graisses pour en enrichir le poids. La relation entre le poids et le prix effrayant s'il n'y avait l'abonnement. Et, étrangement, le père, le souvenir du père passant vers la fin de sa vie des journées entières au lit à dévorer des livres. Mais pas ceux acquis chez France Loisir, non, des romans policiers écrits par des auteurs du monde entier traduits en français. Et, cependant, une accumulation encore, favorisée par les plateformes de vente de livres d'occasion. Et, le classeur Excel, l'icône unique sur le bureau en haut à gauche avec son titre qui lorsqu'on l'ouvre affiche des listes d'auteurs par ordre alphabétique. Les titres de leurs œuvres. Puis, dans la colonne suivante, une croix verte ou rouge indiquant la possession ou la quête. Et, de nouveau, le facteur, mais cette fois surgissant à un rythme endiablé, quotidien, parfois même deux fois dans la journée, miracle ou malédiction de la chrono poste. Ce qui à terme fabrique un Everest de livres à déménager de la maison que l'on vide. Des centaines de cartons. Sans doute un lien avec les personnages de Rabelais. Mais, fort éloigné de la lucidité inouïe que l'on découvre sous l'apparente gaudriole. Le grotesque si vite détecté, masquant déjà tout le tragique ou le comique de l'ignorance humaine. Une operation magique ( pourquoi pas chamanique) Ce serait prendre quelque chose du réel personnel pour le transformer en un réel partagé le partager réellement, le rendre accessible à tous. 12h. un, deux, trois. même format. même technique. même couleur. même geste. même état d'esprit. et Trois résultats différents.|couper{180}
      
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Carnet 22
perdre un livre 3h. Se souvenir d'un livre, non, cela impliquerait une volonté, celle de vouloir se souvenir, la volonté du sujet de revenir à lui-même. Revenir à ce surgissement soudain du livre dans l'esprit et tenter de l'observer. Collecter du mieux possible, mais sans viser à l'exhaustivité, en écartant la peur de manquer, de ne pas suffisamment contrôler, et donc accepter le risque de submersion, cette multitude de souvenirs attachés à l'ouvrage. La première image qu'elle est-elle, quelle représentation tout d'abord. Son format, vaguement, une couleur générale, une épaisseur, son poids réactualisé par cette absence. S'apercevoir tout à coup, être surpris, ne pas le sentir présent entre les mains au moment même où l'on s'interroge sur l'endroit où on l'aura déposé, la toute dernière fois. Puis son odeur, toutes les informations liées au toucher, le contact charnel avec sa couverture, le grammage fin ou épais des pages qui le composent. Sa souplesse ou au contraire sa rigidité, sa résistance. Une silhouette un peu vague que l'on cherche ainsi à se re-préciser, un fantôme pas tout à fait anonyme, pas familier tant qu'esperé. Un doute. Puis le retour, par vagues plus ou moins fortes, le flux et reflux des lectures. De ces moments qui s'ajoutent dans une durée, mais dont en est aussitôt perçue l'étrangeté de sa teneur. Une teneur géologique composée de strates hétéroclites. L'irrémédiable et l'érosion. Le deuil et l'enfouissement, l'ensevelissement. Impossible de remettre la main sur le journal de Kafka. Y avoir pensé plusieurs fois durant ces deux dernières semaines. Une sensation lancinante proche de l'inquiétude, presque une angoisse, un préambule à la panique. Ce que c'est de perdre un livre. La culpabilité aussitôt comme celle éprouvée de perdre une personne amie. D'avoir trahi une amitié par négligence, manque d'attention, manque d'égard. Se ressaisir étant bien sûr possible, si facile désormais l'idée du remplacement. Enfin se rendre en ligne. sur une plateforme de vente en ligne. De préférence un achat d'occasion. Recyclivre. 6,95 € livraison gratuite en point relais si la commande est supérieure à 10 €. Alors se souvenir d'un autre absent, aidé en cela par la conjoncture, les circonstances, une configuration d'indices. « Le très-bas » de Christian Bobin, pas retrouvé non plus ces derniers jours.|couper{180}
      
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carnet 21
Proposition du jour. Modifier le réel. Changement d’une habitude, modification d’un programme. Arrêt momentané du pilote automatique. Le plus ardu, éviter le sujet. Utilisation d’infinitifs, de participes passés, de phrases nominales. Vecteur ou intention, plutôt se rendre vers le plus que le moins. 7h. Commencer par une liste de « ne pas » Ne pas fumer la toute première cigarette en buvant le café. Ne pas mettre de sucre dans le café. Faire un thé. Ne pas ouvrir la tablette. Ne pas ouvrir l’application mail. Ni aucune autre des réseaux sociaux. Installer le silence. Ne pas ruminer. Ne pas insister. Ne pas s’opposer. Écrire une liste de verbes à l’infinitif. Agir. Marcher. Avancer. Travailler. Peindre. Écrire. Enchaîner. Fluidifier. Simplifier. Danser. Éviter. Accompagner. Acquiescer. Modifier. Traduire. Intercepter. Savourer. Goûter. Bouger. Ouvrir. Agrandir. Regarder. Voir. Écouter. Réel extérieur et réel interne. Attention à ce qui se répète. Malgré le sujet. S’ôter de là, modifier, sans trop. partager.. Déjeuner en paix. Servir le café et le thé. Interroger sur la journée passée. S’enquérir des souhaits pour cette fin d’année.Prendre le temps. Discuter. Écouter. Ranger les tasses dans le lave-vaisselle. Appuyer sur l’interrupteur des volets électriques. Passer un coup d’éponge sur la table. Sourire. Embrasser. Bien commencer. Attention aux gestes, postures, habitudes L’ordre établi des gestes. Ouvrir la porte de l’atelier, appuyer sur l’interrupteur, mettre le chauffage en route. Nourrir la chatte. La caresser. S’asseoir, regarder le tableau. Rêvasser. Changement : avant d’ouvrir la porte, rester un instant là et regarder la cour, le temps, le ciel. Se vider la tête. Ensuite faire comme d’habitude. S’arrêter à : rêvasser Nettoyer palette, pinceaux, vider pot de diluant. sortir le dossier *femmes* pour préparer expo. 9h. simplifier dessin. exprimer sourire. 10h49. fragmenter. répartir le travail. connaître ses hantises. ses obsessions. contrôler ou pas la pulsion. conserver le désir de revenir sur une toile. savoir partir. savoir s'arrêter. s'entraîner à "mal peindre". retirer le superflu, l'inutile, trouver les formes, en perdre en route.patienter. puis reprendre. passer dans un tourbillon. un tableau l'autre. une émotion l'autre. —dégager l'universel de l'éphémère. propos tenu par Charles Juliet. never justify never apologize, propos tenu par Churchill. —construire ou améliorer un site. se donner un délai chaque jour. ne pas dépasser le délai imparti. faire un plan. collecter des informations techniques. s'intéresser aux questions déjà posées par la communauté autour du CMS Spip. trier seulement les réponses pour la dernière version. regarder pertinence efficacité, nombre d'étoiles. tester. ok c'est gardé, bug c'est viré. —reprendre les podcasts. une nouvelle chaîne. parler des peintres, la correspondance de Bram Van Velde avec Kramers. lecture à voix haute. 20 minutes le matin avant de peindre. seulement un tableau en fond d'écran correspondant si possible à la date de chaque lettre. // toise, toiser, être toisé. association immédiate avec le camp. se sentir écrabouillé par une toise. prendre une bonne toise. noter ce qui passe. en prendre un peu plus conscience. régler des comptes avec les toises les hantises. payer ses dettes. attraper la réalité à bras le corps. drôle d'expression.|couper{180}
      
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carnet 20
Exercice : Interaction histoire muette 40 panneaux de bois de dimension 20x20cm. 50 €. Objectif à atteindre 20 tableaux. Délai, trois mois. Temps de travail, inconnu, pas compté. Prix du matériel, 100 €, carburant pour allers et venues : 100 €, nombre de tableaux vendus 1. Gain 48€. Charges : 11000€ URSSAF ( taxation d’office pour non présentation du bilan 2021 et prévisionnel 2022 calculé sur bilan 2021. Huissier pour AGA Montpellier avec laquelle aucune relation depuis deux ans 238 € payable en deux fois. Interaction dans la langue. Une langue de « riche », d’aristocrate, de savant, d’expert face à une langue de « pauvre ». Les malentendus qui en découlent, non au contraire un « très bien entendu » dans le non-dit. Les courriers administratifs imitables. Les textes de loi migraineux. Les notices techniques et autres modes d’emploi. la nécessité permanente d’une traduction. Oui mais comment on traduit, pour soi, ce genre de littéraire… pour la saisir. Ce boulot à fournir toujours dans un même sens. Et paradoxalement comme on peut aussi rester sur sa faim face à des ouvrages dits de « vulgarisation ». Interaction alors par l’intermédiaire de la violence, puisque le langage en tant qu’institution n’offre plus ni sécurité ni confiance. Manque de respect de l’autre, sans doute dans une époque frappée par « l’insoutenable légèreté des êtres ». Mais qui a commencé à ne plus appliquer les règles qu’il imposait, qui s’est fichu de l’autre en premier. A l’appui d’un système dans lequel la loi des plus riches, donc des plus forts et avec un art très raffiné du double sens, ne cessent d’enfumer ceux qui ne possèdent pas les mêmes mots pour s’en défendre. Concernant la traduction. Toujours pensé qu’il fallait être un érudit dans une langue étrangère pour pouvoir en traduire certains textes en français. Erreur magistrale sans laquelle mes jobs alimentaires eurent été tellement différents, plus intéressants et surtout rentables. Non par l’argent que j’en aurais ainsi obtenu, mais par l’assimilation justement de ces langues étrangères. Rapprochement avec la peinture, on apprend en faisant, voilà une jolie tarte à la crème. Mais pas du tout certain que cette opinion soit partagée par un si grand nombre obsédé par le savoir, l’apprentissage de techniques, le fait d’avoir d’abord des vivres et des munitions avant même d’aller en guerre. Souvenir. Un jour ensoleillé quais de Seine, Paris, les boites des bouquinistes. Soudain déniché deux gros dictionnaires « Bouillet » achat du premier tome, l’autre jugé arbitrairement moins intéressant car traitant de géographie. Pour offrir en cadeau d’anniversaire à un vieil ami. Cela m’avait coûté un bras. Il m’engueule lorsqu’il apprend que je n’ai pas pris aussi le second tome. Drôle d’amitié je m’étais dit, et plus revu durant bien cinq ans. Entre temps je m’étais rendu à nouveau sur les quais pour acheter le second tome que j’ai toujours dans ma bibliothèque. Ce qui me l’a fait acheter, la blessure dûe à ce sentiment persistant d’ignorance, de pauvreté en matière de savoir. J’ai dû l’ouvrir moins de dix fois en 40 ans ce Bouillet. Rester près des gens avec qui j’ai vécu, que j’ai aimés pour ce qu’ils furent, conserver ce lien par une langue. Probablement la raison principale de m’agacer en continu face à des préciosités, des acrobaties stylistiques, un mimétisme de boudoir. Mais paradoxalement avoir aussi lu beaucoup énormément, et des ouvrages difficiles en pagaille, pour m’assurer au fur et à mesure du temps que 80% de ce qu’on y découvre n’est qu’un enfumage, du blabla. Déformation entraînée par une telle découverte, ma manière personnelle d’appliquer la leçon apprise, en mélangeant tous les langages créant ainsi un autre genre d’enfumage, amusant. Pathétique aussi. Avec les années j’ai plus d’amis morts que vivants. Et parmi ces morts des gens à qui je n’ai jamais serré la main. les auteurs des livres principaux que je lis et relis. Encore que, nouveauté, grâce au blog j’ai des amis que je ne connais pas plus que ça. Des amis nouveau terme pour dire abonnements. Ce qui relie c’est encore une certaine façon d’organiser les mots, de se les échanger ainsi dans des tournures inédites, faire vivre la langue. Interaction entre peinture et écriture, dessiner au fusain sur une toile peinte à l’acrylique. Aucun prix. Fusain sur toile fond acrylique 70x70|couper{180}
      
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Carnet 18
Proposition du jour, recopier un texte ou deux et en écrire éventuellement un qui en découlerait. En levant les yeux, je vis un gros crochet de fer rouillé scellé dans la clef de la voute, qui est une pierre ronde. Cette chose était le lit de la question. On posait dessus un matelas de cuir sur lequel on étendait le patient. Ravaillac a passé six semaines couché sur cette table, les pieds et les mains liés, bouclé à la ceinture par une courroie à laquelle se rattachait une longue chaîne qui pendait de la voûte. Le dernier anneau de cette chaîne était passé dans le crochet que je voyais encore fixé au-dessus de la tête. Six gardes gentilshommes et six gardes de la prévôté le veillaient nuit et jour. Damiens a été gardé, comme Ravaillac, dans cette chambre, et garrotté sur ce lit pendant tout le temps que dura l'instruction et le jugement de son procès. Desrues, Cartouche, la Voisin ont été questionnés sur cette table. La marquise de Brinvilliers y fut étendue toute nue, attachée et, pour ainsi dire, écartelée par quatre chaînes aux quatre membres, et subit là cette affreuse question extraordinaire par l'eau qui lui fit dire : —Comment allez-vous faire pour mettre ce gros tonneau d'eau dans ce petit corps ? Toute une sombre histoire est là, qui s'est infiltrée, pour ainsi dire, goutte à goutte, dans les pores de ces pierres, dans ces murailles, dans cette voûte, dans ce banc, dans cette table, dans ce pavé, dans cette porte. Elle est là tout entière ; elle n'en est jamais sortie ; elle y a été enfermée, elle est restée sous les verrous ; rien n'en a transpiré, rien de n'en est évaporé au dehors ; personne n'en a jamais rien dit, rien conté, rien trahi, rien révélé. Cette crypte, qui ressemble à l'intérieur d'un entonnoir renversé, cette caverne fate de main d'homme, cette boite de pierre, à gardé le secret de tout le sang qu'elle a bu, de tous les hurlements qu'elle a étouffés. Les effroyables choses qui se sont accomplies dans cet antre de juges y palpitent et y vivent encore, et y dégagent on ne sait quels miasmes hideux. En ouvrant les yeux, en pleine nuit, alors que je m'étais assoupi sur le petit lit, un livre de Victor Hugo dans les mains, dans la pièce au rez-de-chaussée de la maison, j'ai su que j'avais probablement été frappé par le Covid. Un grand effondrement, et à partir duquel, chaque pas compte, ne serait-ce que pour aller boire un verre d'eau à la cuisine, à quelques mètres seulement. Tout de suite j'ai senti la panique m'envahir. Mes cours et stages, tombant à l'eau pour la semaine, probablement. La question et le Covid, drôle de relation. Mais pas vraiment vaillant pour chercher des relations maintenant , je préfère aller me recoucher.|couper{180}
      
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Carnet 17
Proposition of the day : Embellir, embellissement ... "Aucun aspect constructif ne saurait être envisagé". D'après Guy Ernest Debord un texte intitulé "Embellissements". debord_embellissementsTélécharger Circonspection oblige, se demander d'où vient ce mot. Surement pas de la bouche même des habitants du quartier. ni du village. Plus probable qu'on le découvre inscrit dans l'un de ces "arrêtés municipaux" que pond la mairie pour donner à ses concitoyens la preuve par neuf qu'ils font vraiment quelque chose avec nos impôts. Ainsi la Place Paul Morand par exemple. Les travaux devraient durer environ deux ans, raison invoquée " l'embellissement" de celle-ci. Que dit Google ? Action ou manière d'embellir, de rendre plus agréable à l'œil (une ville, une maison).Les récents embellissements de notre ville.Modification tendant à embellir la réalité Il faut souffrir pour être beau disait ma grand-mère. Deux ans de bordel, minimum, car on sait bien ce que sont les délais dans ce genre d'opération. peu de commerces sont parvenus à se maintenir à flot. Logique implacable. puisque plus de possibilité de stationnement. Le boucher a rendu son tablier. Il a tiré son gros rideau de fer et a collé une pancarte expliquant l'infamie. Son chiffre d'affaire réduit à une peau de chagrin. A cause de cette nouvelle équipe municipale, des gauchistes évidemment. A quoi pensent les gens quand ils pensent à un tel mot "embellissement", et y a t'il une intention véritable pour supprimer l'unique parking du village, ce qui entraine le déplacement du marché à Pétaouchnock et sa réduction drastique car il n'y a pas dans les nouveaux lieux suffisamment d'emplacements. Notamment pour les maghrébins qui vendaient des babioles inutiles à si bon prix. Donc ce qu'il faudrait vraiment pour "embellir" notre village. Déplacer les commerces en périphérie du village dans de grandes zones aérées avec d'immenses parking. Recruter des jeunes chômeurs que l'on indemnise actuellement- quel scandale- chaque mois à ne rien foutre. Ne pas oublier d'investir dans une flotte de scooters ( électriques et donc en principe silencieux) / placer les jeunes sur les scooters et roule ma poule. Un peu réac, mais bon, il faut souffrir pour être beau. Et j'oublie le principal, subventionner les bistrots. Importants dans un village pour se rencontrer les uns les autres. Et pour en construire de nouveaux démonter l'église qui ne sert plus à rien. Ecologique en plus. Embellir la rue où j'habite. L'idée m'a traversé de faire appel à une équipe de taggeurs-chômeurs ou intermittents du spectacle. mais j'aurais trop peur que notre rue devienne le dernier lieu à la mode du village. On y perdrait certainement en tranquillité. De surcroit, le Stritar désormais classé au patrimoine culturel de l'art du 20 ème siècle, gros risque que la spéculation immobilière s'en mêle et que tous les habitants finissent expulser, leurs immeubles frappés d'alignement. Mais déjà, si on pouvait faire appel gratuitement à des bénévoles turcs, spécialisés dans la réfection de façades. ( peut-être des jeunes turcs au chômage, encore qu'on n'en voit ici vraiment très peu car les turcs en général sont reconnus pour être de farouches travailleurs quelque soit leur âge ) Ils seraient bien sur dédommagés par la mairie, le matériel fourni et, de plus, nul doute que cela rapprocherait les communautés ici dans notre village. Car voilà comment cela se passe : les turcs d'un coté, les portugais de l'autre, les magrébins encore à un autre endroit et les français- ceux qui sont restés car ils ne pouvaient faire autrement. Nous avons là un manque vraiment criant d'homogénéité qui pourrait avec un peu de bonne volonté s'améliorer. On pourrait aussi embaucher de jeunes portugais désœuvrés. pour la maçonnerie, les plâtres ce sont des cracs . De toutes façons des jeunes français il n'y en a point dans notre village, ou insuffisamment pour monter la plus petite entreprise quelle qu'elle soit. Nous ne sommes plus que majoritairement des vieillards. Et beaucoup d'entre nous vivent seuls et n'échangent aucun mot parfois durant des jours avec leurs voisins. Peut-être pourrions nous aussi imaginer pour embellir l'humeur générale qu'un préposé de la mairie sonne du clairon chaque matin afin de faire sortir les gens de chez eux et leur intimer l'ordre d'échanger quelques mots entre voisins. Mettons durant 5 minutes tous les matins. Neuf heure pourrait être une heure idéale, d'autant que souvent à cette heure là je ne suis pas chez moi, je marche en pleine campagne. On pourrait également remettre à la mode les orgues de barbarie. De préférence avec des jeunes gens , de petits singes et des caniches. Cela ferait un effet bœuf qui nous rappellerait le bon vieux temps chaque soir avant d'aller dormir. On pourrait aussi créer une monnaie spéciale que l'on pourrait jeter par les fenêtres- comme dans le temps- mais sans chauffer les pièces sur la cuisinière - pour remercier les chanteurs les musiciens, les petits singes et les chiens. On pourrait créer un jeu de massacre dans le vieux gymnase. Organiser en urgence une collecte de boites de conserve. Ici nous mangeons énormément de conserves. Cassoulet, lentilles, langue de bœuf, tripes j'en passe et des toutes plus succulentes les unes que les autres. au lieu de les jeter on emploierait les peintres de la bouche et du pied toujours en manque de fond, pour les décorer. Par groupe de 20 boites en fer, peintes à l'effigie d'une ou un habitant du village. Le jeu serait ouvert à tous chaque premier lundi du mois entre 9h30 et 11h30. Et chacun pourrait ainsi régler ses comptes tranquillement, voire, mais en s'amusant. Car ici dans notre village nous nous détestons tous les uns les autres plus ou moins Concernant l'hygiène on pourrait aussi s'entretenir avec le capitaine des pompiers pour que chaque mardi entre 7h et 9h du matin ils puissent installer un Algeco équipé de douches dans lequel par groupe de 20 on rectifierait le tir question propreté. Ce serait de salubrité publique. Car ici dans notre village une odeur nauséabonde flotte régulièrement. Et on ne peut pas tout imputer aux usines chimiques de la vallée non plus, il faut parfois avoir un minimum de discernement. Pour embellir la vie de notre village il faudrait aussi que l'on puisse rire régulièrement de tout et de rien. Il est reconnu que le rire entretient la santé et prolonge la durée de longévité. Trouver une équipe de clowns authentiques n'est surement pas une mince affaire. Beaucoup d'imposteurs sévissent désormais. Et en plus ils ne font pas rire du tout ce qui pour des clowns est un comble. Former des clowns n'est peut-être pas si compliqué qu'on l'imagine à première vue. Il suffit d'étudier un tant soit peu certaines institutions et trier sur le volet les meilleurs spécimens. La poste par exemple regorge de talents. Prenez la dame de l'accueil, totalement inconsciente de son potentiel humoristique. Comment ça lui changerait la vie. Et la notre. il ne fallait pas me lancer sur le sujet car je risque d'être intarissable en matière d'embellissement. Sauf que je sais tout de même me contenir un peu. Et surtout je n'ai pas que ça à penser. D'ailleurs pour embellir vraiment et définitivement le village et la réalité en même temps, une lobotomie ( gratuite offerte par la sécu) ne serait surement pas du luxe. 9h01 Plus sérieusement. Se poser la question de vouloir embellir quoique ce soit. Comme enjoliver. Et aurais-je envie de l'aborder autrement que par dérision. A chaque fois que je me suis retrouvé face à ces velléités d'embellissement, la rupture s'avéra totale. Politiquement vouloir embellir c'est imposer une idée d'un beau qui n'est pas concertée c'est comme vouloir vacciner. Tombé ce matin sur une vidéo qui parle de l'augmentation phénoménale de décès des 18-64 ans sur la planète. Plus de 40% par rapport à 2021 dans certains pays ( Sans compter l'Ukraine ). ce qui résonne avec la quatrième dose de vaccin que je me suis infligée il y a maintenant trois semaines. Jambes lourdes, mal aux chevilles, les deux désormais. Je me traine. Embellir ce serait déjà arrêter de raconter des conneries, que ce vaccin comme ce Covid est sans doute une réponse capitaliste à l'explosion démographique. Trop de monde sur terre il faut en supprimer en masse et si possible démocratiquement. une plus grosse part de gâteau. Je dis ces choses quand je suis faible évidemment. ça n'embellira pas la journée de l'avoir dit. Oser le dire tout haut par contre, plutôt que de se dire mais non tu délires. Le droit au délire, sur un blog, c'est pas la mer à boire. Mais tu verras qu'il y en aura encore qui prendront ça au pied de la lettre. Et encore je me suis retenu. Pas parlé des femmes. Ouf. L'expression maquillée comme un sapin de Noël passe et s'évanouit. Embellir sa vieillesse. Connerie. Un fauteuil dans les escaliers pour les monter sans plus d’effort. Plus du tout le même qu’à 40 ans. Rien ne se sera embelli. Mais quel soulagement au final. Étymologie de désastre. Jeté un œil pour voir ce que les autres membres du groupe fabriquent. De la littérature probablement. Je n’y connais plus grand chose dans ce domaine. Certains bouquins me tombent des mains. Provoquent une étrange torpeur. 17h57. Embellir et enjoliver sont indissociables. Toute l’histoire d’une vie en partant de ce constat. Le refus finalement de vouloir enjoliver une réalité qui, si on se penche sur elle, n’est que ce qu’elle est et rien de plus. d’où ces malentendus ces guerres et les solitudes qui en découlent. Ce n’est pas la réalité que l’on désire changer mais la perception souvent pauvre malheureuse égocentrique que nous nous fabriquons à partir de celle-ci. La seule chose que l’on puisse jamais modifier c’est notre point de vue mais si lié à nos peurs à notre perception de nous-mêmes que l’effort en est quasi insurmontable. Mais quasiment ne signifie pas totalement et comme le dit le dicton populaire « tant qu’il y a de la vie il y a de l’espoir ».|couper{180}
      
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Carnet 16
4h13. Proposition : une accumulation de vêtements aperçus dans une journée. En profiter pour réviser les synonymes. Par exemple : ce qui vient avec le manteau, laisser venir mantelet, manteline, balandran, balendras, balandrana au delà des Pyrénées , palandrana au delà des alpes, chape à pluie caban faire des pieds et mains pour garder ce cher caban d'antan) cape ( de cape et d'épée, Thierry La Fronde, Zorro) casaque ( le coté russe mais non c'est turc à ne pas confondre avec cosaque) clamyde ( agrafée sur l'épaule) cache-poussière, chasuble, habit, himation ( souvenir lointain ) , mante ( pas forcément que religieuse) , pèlerine, plaid, gabardine, houppelande, imperméable, pallium (antique puis chrétien et bouddhiste) pardessus ( râpé de préférence) pelisse, plumage( et ramage) une prétexte, (toga praetexta- robe de magistrat anicienne Rome) houppelande ( dans les contes et légendes) cache-misère (entendu dans l'enfance quand la misère était commune pas encore gênante, avant le mot paupérisation) limousine ( à ne pas confondre avec celle du film, rose qui d'ailleurs est une cadillac ) fourrure, paletot ( s'attraper par le ) redingote ( Balzac et Gogol en traduction) voile,( celui d'Isis, assez peu vue aujourd'hui, hier ni les autres jours d'ailleurs) une vêtement d'approche-feu ( un scaphandre pour aller au feu) une robe avec un col cheminée ( pas forcément portée par les grandes) pas exhaustive comme liste et surtout pas vraiment l'exercice. Chaussures ? groles, souliers, écrase-merde, godasses, péniches, pantoufles, brodequins ( pour les aïeux) sabots, savates, dans Balzac les caoutchoucs, chez les scouts les pataugas, les ballerines à l'opéra, les escarpins avec les bas qui filent, les sandales en plastique jaune transparent pour marcher sur les cailloux sur le bord de mer, les tatanes, les galoches à ne pas confondre avec les pelles, l'espadrille signe de beaux jours, comme l'hirondelle, le patin pour parquet à ne toujours pas confondre avec galoche, les mules ( bon sang que de souvenirs avec les mules, presque autant qu'avec les ânes, mais non c'est pas les mêmes, les mules à pompon de préférence) le mocassin du dernier des mohicans, les croquenots du croquenote, les babouches d'Aladin, les godillots du Père François ( d'Assise sans doute) les après-ski ( pas besoin de faire du ski avant d'ailleurs) les pompes, le fameux coup de -au derrière. Pantalon ? le bénard, le froc, le futal, les chausses et haut de, le fendant, le fendart, le fourreau, le saroual, le grimpant ( souvent mince des g'noux et larges des pattes) le culbutant, les vieux ou vieilles grègues, la culotte, être culotté comme une vieille pipe. bouffon et turlupin. ( s'intéresser à l'histoire des Turlupins Jeanne Daubenton et Marguerite Porettta furent brûlées vives à Paris en 1313, parce qu'elles prônaient d'aller cul nu, crac ! le pape Grégoire XI fut bien culotté lui qui leur jeta l'anathème.) Sans oublier les sans-culottes et les bonnets Phrygiens, on aurait l'air fin. (note : l'illustration de cet article provient du site curieuseshistoires.net) A lire cette histoire des Turlupins Les vêtements de travail, la blouse de peintre, le costume du dimanche, se mettre sur son 31, la robe de mariage, habiller un mort. Et puis cette publicité dans un illustré, les fameuses lunettes pour voir au travers des vêtements, souvent tenté d'envoyer le bon de commande attaché, jamais fait. L'attention porté au vêtement, être bien mis. Se pomponner. Etre propre comme un sou neuf. Avoir de la prestance. Des vêtements austères, être habillé comme l'as de pique. Une tenue de hippie. Souvenir de ce pantalon le tout premier, un pantalon en skaï, lorsqu'il fut usé jusqu'à la corde, le revêtement de faux cuir s'écaillait et ce fut un vrai chagrin de le jeter à la poubelle. Je n'aime pas les pullovers à col roulé ni les tricots, et surtout pas les cols en V. Pendant des années j'ai porté des pullovers de camionneurs par dessus des teeshirts, se sentir protégé par un vêtement, pas trop voyant, voir terne. Ce caban quand j'y repense une sacrée protection. De 14 a 16 ans. A la fin les manches devenaient vraiment trop courtes et on voyait presque la moitié de mes avant-bras hier durant le cours, elles ont accroché leurs manteaux, leurs écharpes, leurs sacs à main, aux dossiers des chaises. On s'attend qu'une vieille dame porte des vêtements de vieille dame, étonnement quand on la voit soudain arriver avec un jean moulant. Comme quoi on ne sait jamais ce qui peut arriver dans une journée. Je ne suis pas coquet. Et ne l'étant pas je ne m'intéresse pas beaucoup à la coquetterie des autres. Ce qui m'aura été reproché de nombreuses fois au cours de ma vie. Le "tu n'as même pas vu ceci ou cela" J'ai beau essayer de me dire— fais un peu attention—, le naturel revient au galop. C'est dire à quel point je me fous des apparences. Il n'y a que l'os la structure ce qui fait tenir les choses debout qui avive mon attention. Par contre si je vois une femme habillée comme un sac je me surprends à dire tiens elle est habillée comme un sac. Mon grand-père paternel était comme ça. Il portait la même cotte de travail des jours et des jours-était-ce la même ou bien en possédait-il plusieurs exactement la même ? Je crois qu'il était tout simplement à l'aise ainsi. Il pouvait aussi bien bricoler dans sa grange, que se rendre au bistrot, toujours habillé pareil. Je suis copie conforme sur ce point. Aucune coquetterie de ce coté là. Mais il y a aussi d'autres cotés, ceux que je ne veux jamais voir. Une plainte de femme : tu n'as même pas vu ma nouvelle nuisette. Et bien non, j'ai bossé toute la journée désolé, pas vue. Et l'agacement de ne pas avoir vu. Comment on peut ainsi perdre les gens de vue si facilement, même les plus proches, surtout les plus proches. Idem pour le coiffeur. Tu n'as même pas vu ceci ou cela. Toujours pas. Ce qui peut interroger quant à ce que l'on voit de l'autre vraiment, comment on y est attentif. Et ce que la sécurité d'une présence peut provoquer comme abandon. La sécurité en général. Mais se forcer ensuite à cette attention de tous les instants, pas mon truc non plus. Cela voudrait dire que l'on a peur de perdre quelque chose, quelqu'un en raison de ce défaut ou cet excès d'attention. Les preuves toujours elles , comme dans un procès, un tribunal. Une inaptitude chronique à embellir le quotidien. "Fais moi rêver", pas mon truc. Surtout si c'est rêver pour s'enfuir pour ne pas être là. Il y a des gens qui peuvent vivre ainsi dans une telle illusion. Ils parviennent à créer un lieu commun comme un rêve commun La mort d'un réveille l'autre qui se retrouve totalement démuni. Le vêtement, l'apparence, le mensonge, l'arnaque. Et aussi comment c'est un papier tue-mouche. Une fascination du vêtement en tant qu'aimant. comme le plumage des mâles est souvent plus coloré que ceux des femelles. tous ces efforts que font les mâles dans le règne animal. Chez les humains longtemps cela aura été le contraire. Mais aujourd'hui plus trop de différence. Habitués à ce que tout le monde soit habillé presque pareil. Les marques affichés plus ou moins discrètement indiquent notre condition bien plus que le produit qu'on porte sur soi. Et sans doute ces marques sont elles affichées gros plus notre condition est basse. Nike écrit en gros sur les godasses ou les teeshirts. Hermès à peine notifié sur un carré de soie. Un outil social le moindre falzar, la moindre petite culotte. Jamais marché là-dedans. Et l'érotisme pour ce que j'en pense au travers des vêtements, et bien une jolie tarte à la crème. Je suis au regret suis encore là dessus extrêmement terre à terre. Et avec l'âge ça ne s'améliore pas du tout. l'érotisme c'est tous ces mots que l'on met pour ne pas appeler un chat un chat. J'ai adoré lire Paul Léautaud pour ça aussi. Ce même malheur finalement lié à l'enfance. Au fait que plus qu'une apparence nous ayons faim et soif de présence. Et qu'une fois que nous sommes face à cette présence nous n'ayons plus que la hargne ou le désir pour en jouir ou la repousser. Même la nudité est encore un vêtement à ôter pour beaucoup. Encore raconté ma vie. Tout n'est prétexte qu'à cela. Mais ce que l'on écrit c'est aussi de la parure, de l'oripeau, un cache-misère, le langage dans son ensemble ment, ou présente ce que l'on désire présenter exactement comme on porte un vêtement. Ensuite s'il faut mettre les mains dans le code, s'en faire un jeu, il faut le dire. Les jeux ça va quand on a le temps le loisir. J'ai souvent pensé qu'il fallait être vraiment costaud pour pratiquer un tel code sans ciller. Je crois plus aujourd'hui que la plupart en sont inconscients. Un programme leur a été implanté qu'ils suivent machinalement désormais. Une inconscience généralisée au profit de. Les actionnaires des vieillards étalés, obeses sur les plages de Miami Beach. Ils chient des tombereaux de merde tous les jours qui sont évacués vers la mer, des continents entiers de merde qui rejoignent l'Inde, Le Bengladesh, la Normandie, la Corse etc ils nous chient sur la gueule ces actionnaires luisants voilà dans quel monde on doit vivre . Et si t'es pas content, ils ont des gens à leurs solde, des politiciens, des magistrats qui pondent des lois pour enfermer les gens comme toi, qui renâclent. Et pour te faire peur ils évoquent l'enfer ils te montrent un tableau de Jérôme Bosch, des gens si nus et blancs entourés de monstres. une belle allégorie. Mais si on réfléchit un tant soit peu, il n'y a qu'à retirer les monstres du tableau et on serait là au Paradis.|couper{180}
      
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Carnet 15
6h57. La proposition, des bribes de phrases que l'on entend dans une journée. Et je n'ai pas relu la proposition une seconde fois. Les cours du mercredi. Puis cette fois laisser passer la nuit en laissant la tâche de fond faire son job. la première phrase pourrait être ce "je n'y arrive pas". Peut-être celle que j'entends le plus le mercredi, et qui se confond parfois avec le "je ne sais pas quoi faire", le "je n'ai pas d'idée". Locutions spontanées qui me laissent de marbre désormais. Elle ne me sont pas adressées. D'ailleurs, c'est étonnant avec l'âge de constater que très peu de phrases nous sont véritablement adressées. La véritable solitude vient probablement d'un tel constat. On en a une vague intuition enfant, puis après une longue et fastidieuse vérification on finit par en être assuré. A moins que l'on s'efforce d'imaginer que rien ne nous sera plus adressé. Ce qui par association me renvoie encore à la littérature, à l'écriture. A cette vision monacale d'un Proust. Cette discipline qu'il s'impose de ne plus céder à la moindre frivolité. De s'enfermer. Possible que cet enfermement provienne du même constat. Comprendre une bonne fois pour toute que rien ne nous est adressé. Et de se demander alors que faire de toute cette maladresse reçue. Lorsque le marchand de pommes de terre te disait—je vais te tailler les oreilles en pointe—, vers l'âge de 6 ans sur les marchés de Montrouge, Brune, Lefebvre, qu'elle idée d'enfant se fabriquait-il de toi, sinon la sienne. Et cette terreur qu'il t'imposait soudain, elle ne venait pas de l'imagination, c'est à dire d'éprouver physiquement la douleur du couteau pénétrant dans ta chair. Elle provenait déjà de cette prise de conscience que tu n'existais pas, que tu n'étais qu'une projection des autres à partir de leur propre souvenir d'enfance. Se rendre dans un café, dans le brouhaha, s'enfermer dans ce brouhaha, parvenir à recréer une bulle au beau milieu de celui-ci, renforce la certitude de l'anonymat. Cet anonymat qui fait si peur au début puis qui avec les années devient un recours, une quiétude. Et je crois que publier chaque jour sur ce blog ne signifie pas autre chose que de tester la solidité de cette création personnelle. Créer son anonymat personnel plutôt que de se mettre systématiquement en position de le subir. Repousser encore un peu plus loin ses frontières chaque jour. Et soudain arrive le moment où tout n'est plus qu'écriture. Même passe moi le beurre. Ce qui me conduit aux tableaux de Hopper encore une fois. A la puissance de l'anecdotique. Alors que tout le monde ne cesse d'avoir les yeux rivés sur un but important, ou encore le sens général, ou encore le gros lot du loto. Ce billet perdant que l'on froisse dans une main et que l'on jette en passant dans une poubelle. On n'y accorde plus d'importance parce qu'on n'a pas investi trop d'espoir non plus. "Comment ça va aujourd'hui, on fait avec." La morosité d'un tel enfermement parfois, un angle de vue obtus. Parce que tout simplement voir les choses en noir est plus fécond pour écrire que de les voir en rose. Les toiles d'Hopper ne sont pas dénuées d'humour, d'ironie, le sujet lui-même est déjà une sorte de pamphlet. De l'humour si l'on y réfléchit. Gas. L'enseigne "MOBI" Et ce cheval ailé qu'on y remarque, point focal du tableau. Pégase qui donne un coup de talon pour faire jaillir la source à laquelle viendront s'abreuver les muses. Pégase devient l'emblème d'un compagnie de pétrole ou de carburant. Ce carburant désormais de toute l'inspiration capitaliste. La source c'est celle du pétrole et c'est de là désormais qu'une monstrueuse création surgit. Donc l'inquiétante étrangeté peut aussi déclencher le sourire si on prend ce fameux recul, si on atteint le même sentiment d'anonymat que celui qui peint le tableau. Si on commence à voir se dessiner les tenants et aboutissants ; si on découvre l'intention et que le peintre lui-même finit par disparaitre derrière cette intention. Arrête ton cinéma cette phrase comme un ricochet sur l'eau. Le père de cette petite Louise gêné que je lui réponde que sa gamine flanque un joli bordel dans le groupe. Mais il ne fallait pas non plus me demander " alors comment ça va Louise". Le fait de poser ce genre de question, c'est cela qui m'agace sans doute le plus. Comme si soudain nous nous installions tranquillement sur un pied d'égalité lui et moi pour parler de la petite fille devant elle. Ne manque que le whisky et les cigares, les pieds sur la table. "Alors comment ça va Louise". - Oh Louise mon Dieu, cher ami, comment voudriez vous que je vous le dise... retirez lui les piles avant qu'elle vienne par exemple, ça vous irait comme réponse. Ah moins que tout à coup je vous demande, mais non de Dieu qu'avez vous fait à cette gamine pour qu'elle soit autant excitée et spécialement le mercredi à 17h ? Et Louise se marre évidemment, pour un peu elle nous en resservirait presque un petit, maintenant qu'on est en train. Arrête ton cinéma Louise répète le père sur un ton presque inaudible. Hopper allait au cinéma, mais je crois que c'était plus le théâtre qui l'inspirait. D'ailleurs dans les années 20 les cinémas n'étaient ils pas des théâtres réaménagés la plupart du temps. D'où cette erreur de penser qu'il soit un peintre réaliste. Justement il arrête quelque chose en relation avec le cinéma. Il arrête le mouvement. Il revient soit en arrière soi après une scène dite "importante" il se moque du "climax". Comme Hitchcock tout un art de ménager le suspens, de le fabriquer à partir de petits détails. La peinture à partir de la photographie, de l'image en mouvement, est forcée de faire avec cette nouvelle donnée : d'arrêter son cinéma. Pollock s'en fout, il se fout totalement du sujet, il botte en touche. Il se carapate dans le chamanisme. Ce que ça va donner sur Louise tout ça, on ne le sait pas. Mais ne me demande plus "alors comment ça va avec Louise" et sur ce ton tellement condescendant. Ressers -moi encore un petit, Louise. Je n'aime pas les gens, je n'aime personne, elle me lâche ça en tirant une bouffée de sa cigarette électronique . La nuit devant le bâtiment, éclairage public, égouttement des feuilles de l'olivier dans le pot. j'étais sorti fumer une vraie cigarette, retrouver ce petit moment de tranquillité, habituel, vers 20h. Elle est sortie presque tout de suite après moi. On discute à peine 30 secondes qu'elle me dit que rien ne va. "Je n'aime personne je n'aime pas les gens". Et puis elle enchaine avec j'ai commencé une psychothérapie. Quelle erreur j'allais dire, elle était en si bon chemin. Mais je me suis contenté de hocher la tête. 17h38 des bribes, des petites touches, beaucoup de blanc. Un effacement mais qui ne fonctionne que s’il y a quelque chose de lourd installé au préalable. Huile sur toile 40x40 Huile sur toile 30x30Huile sur toile 40x50|couper{180}