avril 2021

Carnets | avril 2021

Prendre le temps

Encore une réflexion de Michel Butor que je rumine depuis quelques jours et qui correspond tout à coup à une clef permettant d'ouvrir une issue à l'aporie des jours qui filent et qui semblent m'échapper continuellement. Prendre le temps d'écrire ou peindre c'est ,en gros, tout ce que j'ai mis en place pour contrer la fuite du temps. Pour lutter contre cette obsession d'anéantissement toujours présente, de plus en plus présente. Autrefois c'était le sexe. Mais d'une façon totalement inconsciente, irraisonnée, irraisonnable. Comme un engloutissement désordonné à grands renforts de sensations et d'ébats et qui à son terme laisse un vide semblable à tout ce que l'on peut imaginer du néant. Une défaite de l'intellect au profit de la pulsion. Cet élan vers cet autre anonyme. Dont la nécessité d'anonymat me permettait de devenir anonyme en quelque sorte à moi-même. Tout en mettant le doigt sur cette "vérité" d'être bien plus soi dans cet anonymat que travesti dans une identité. Un élan vers l'indifférencié qui à chaque fois était déçu, fabriquant contre mon grès la différence, me la révélant en creux. Le grain d'une peau, la cartographie d'une odeur, la sensation désagréable d'une caresse trop adroite, une chevelure rêche, une vulve trop large, des signes avant coureurs du dépérissement de la chair, vergetures, tâche de vieillesse , rides et ridules, une fois passées toute la littérature fumeuse et sentimentaliste que je pouvais m'inventer pour traverser les dégouts de façon héroïque, tombaient en quenouille quand je me retrouvais seul dans les rues à marcher vers mes gourbis. C'était survivre sur la fréquence de urgence, épouser la courbe de la course du temps, passer avec celle ci sous le niveau de l'amer pour m'enfoncer dans les ténèbres de la perte totale d'identité, dans le refus d'identité. Vers la mort ni plus ni moins. Chercher avidement en vain la fameuse voie étroite. Jamais avant d'atteindre la cinquantaine l'écriture ou la peinture ne m'ont apporté ce que m'offrait le sexe. Cette gravité tragique qui accompagnait celui ci, malgré tout l'humour que je pouvais parvenir à déployer dans la séduction, était cette lourde charge que je m'accrochais au cou pour me lancer du haut de tous les sens, vers un fleuve sombre charriant toutes les souillures de la ville. Un Gange personnel, entouré de brasier sur lequel flotte toujours une odeur de chair brûlée. Cette sensation d'être tout à coup en retard lorsque je me suis réveillé soudain au mois de janvier de cette année là, me foudroya. Comme dans la chanson de Brel : on se croit mèche on n'est que suif. Ce n'est qu'à partir de ce constat d'avoir perdu mon temps, de m'être fait floué, que je me suis demandé comment prendre mon temps. Ce n'est qu'à partir de là que j'ai aussi pris conscience que peindre est une façon de recréer quelque chose d'oublié, où qu'on n'a pas su voir ni comprendre. Et ce malgré toutes les informations, tous les mots d'ordre transmis par la famille l'école, l'église l'armée, l'entreprise. Ce n'est qu'en expérimentant moi même ce paradoxe que j'ai pu poser des couleurs et des lignes dessus, puis parallèlement peu à peu, laisser les mots les phrases remonter du centre de la terre comme ces pierres qui se métamorphosent du grossier vers le précieux. On sait pertinemment tout cela depuis toujours. Je n'inventerai rien en l'écrivant une fois de plus. On sait tout un tas de choses au fond de nous, mais leur utilité ne nous sert de rien tant que le temps n'est pas venu, voilà aussi ce que j'ai découvert en toute modestie. D'ailleurs cette découverte il se pourrait bien que je puisse la nommer modestie tout simplement. Prendre le temps c'est devenir modeste. Cela n'a l'air de rien évidemment quand on réside dans une idée d'importance, il faut du temps pour en saisir toute la subtilité. Ca s'éprouve comme la fadeur d'une soupe, la morue mal dessalée, et la douceur exagérée d'un loukoum. Huile sur papier 15x15 Avril 2021 Patrick Blanchon|couper{180}

Carnets | avril 2021

Nuit blanche

A minuit je me réveille et en prime je pète la forme. Un café, deux cafés et hop je vais barbouiller deux trois choses dans l'atelier pour me mettre en jambes. Et puis je me souviens que quelqu'un a posté un commentaire sur Facebook à propos de ce livre que j'avais publié l'année passée. Mais vous comprenez je ne commande rien sur Amazone. Je n'aime pas Amazone, je conchie Amazone.. ( bon là c'est moi qui brode un peu... ) Du coup je me suis dit que j'allais m'attaquer à une montagne, la remise en forme de mon site d'artiste que j'ai laissé pourrir consciencieusement depuis des mois, et qu'en plus j'allais créer une page spécifique sur laquelle mes milliers de "fanas" amazonophobes pourraient enfin jouir de l'acquisition de cet œuf plus vraiment très frais du jour... excusez du peu. Mieux vaut tard que jamais. C'est ma devise. Donc après avoir sué, tempêté, râlé ça y est c'est fait. En espérant que tout fonctionne, mais bien sur vous me direz si vous vous y collez. D'ailleurs je suis en train de préparer un second tome qui devrait sortir durant cet été. Peut-être que je ferai même des promos ... arf rien que d'y penser ça me met déjà les poils. Bonne journée ! propos sur la peinture|couper{180}

Carnets | avril 2021

Cheval

Mon premier meilleur ami, et sans doute l'unique c'est un cheval. Et curieusement lorsque je pense à la sincérité, à celle que l'on croit nécessaire, obligatoire pour écrire Je revois encore mon cheval Il est noir comme celui de Zorro Et son nom c'est le mensonge. Sauf que je ne l'ai pas peint en noir à menteur, menteur et demi. illustration dessin Patrick Blanchon Avril 2021|couper{180}

Carnets | avril 2021

Pêle-mêle

il ne faut pas que je le perde de vue. Comme d'habitude je ne prépare rien je laisse venir ce qui vient au moment où j'écris, et le coq se rue sur l'âne et vice versa. Cela me fait penser à ce mot : pêle-mêle. Le désordre complet d'après ce qu'en disent les dictionnaires. Et également un cadre destiné à recevoir plusieurs photographies. Un désordre et un cadre en même temps. Bizarre...Mais peut-on en attendre plus de n'importe quelle définition ? Je m'aperçois que j'ai une sorte de rêverie récurrente concernant l'ordre. Un espace presque vide d' où j'imagine que la quiétude pourrait surgir comme un joli diable de sa boite. Et en même temps à chaque fois que j'ai habité de tels espaces je n'ai jamais pu y juguler l'angoisse qu'ils me procuraient. A 30 ans j'ai raté de nombreuses fois l'occasion de me pencher sur ce paradoxe. Je me souviens notamment d'un immense atelier que l'on m'avait prêté gracieusement durant quelques mois à Clignancourt. Tout y était si merveilleux, murs peints en blanc, grande verrière donnant sur les toits, lumière pénétrant à flot dans la grande pièce... je n'ai jamais pu me résoudre à y travailler tranquillement. Au lieu de ça je me réfugiais dans une petite alcôve qui mesurait 5 m2 pour écrire sur mes foutus carnets. Et j'y écrivais des choses sans intérêt , des chroniques ayant pour principal sujet ma poitrine oppressée ma bite ou mon nombril. De temps à autre un croquis, une petite aquarelle vite faite. Et au bout du compte quand la tension parvenait au paroxisme je me ruais vers la porte, dévalait l'escalier de bois menant à la cour, me hâtais encore d'aller ouvrir le lourd portail donnant sur la rue et je disparaissais dans l'errance et dans la marche. Des kilomètres et des kilomètres à me fuir. Fuir comme on dégueule. Je crois que l'ordre m'était d'autant insupportable qu'il m'apparaissait comme la première marche à gravir d'un escalier qui me mènerait inéluctablement vers la réussite ou à la gloire. C'était quelque chose d'entendu depuis le début, dès mes premiers vagissements de préma. Réussite ou gloire comme des revanches en héritage. Enfin un but qui aurait l'apparence d'un but mais qui, dans la réalité ne serait rien d'autre qu'un résidu de miel au fond d'une tasse dans laquelle un insecte se débat en vain pour s'en extraire. Cependant je n'arrivais pas à discerner ce mouvement de va et vient entre ordre et désordre, ce mécanisme que j'avais finalement mis en place depuis des années. L'ordre ce n'est pas l'ordre tel qu'on a voulu le faire entrer dans ma cervelle, ça je n'ai jamais vraiment pu m'en satisfaire et donc y adhérer. Cet ordre là je devais en avoir une vision déformée par la douleur, l'espoir et la déception que je devais traverser systématiquement pour tenter d'y parvenir. Mon dieu tout ces efforts pour découvrir le vain... la fatalité ou le destin.. Cet ordre n'était ni plus ni moins qu'une redite d'un événement dont nul ne parlait jamais. Un viol, un saccage que l'on tente de dissimuler derrière une apparente propreté, quelque chose d'harmonieux d'autant plus effrayant, puis presque simultanément pathétique que cette harmonie. Cette harmonie semble s'être vidée de tout l'essentiel. Une harmonie froide sans vie. Le désordre à bien y réfléchir récupérait cette idée de vigueur, il la recyclait, la transmutait. Le plus souvent en ennui d'ailleurs. En une relation fixe avec le monde. Une fixité comme issue du regard de la Gorgone qui te transforme en bloc de béton. Et par dessus le marché armé le béton. Ou plus modestement un boulet. Et c'est en boulet que je traversais la ville, une pierre qui roule a rolling stone créant ainsi cette fameuse impulsion propre à la cinétique, nécessaire au mouvement. Il n'y avait que ce mouvement d'important, le mouvement du corps pour se sentir vivant. Le reste, les pensées, les émotions c'était accessoire totalement, je crois que j'en doutais perpétuellement à un point qu'il m'était facile d'en changer à ma guise comme on s'empare d'outils, de couteaux de boucher pour découper la viande. Pour découper la réalité et le temps, la tailler en pièce. Un besoin de désordre, d'ennui, de mouvement, un refuge finalement contre cet ordre accepté tacitement par tous et qui me renvoyait cette image d'inaptitude chronique à y participer de bon cœur. Une impuissance que je me dissimulais ou contre laquelle je luttais inconsciemment en incarnant le désordre le plus flamboyant. Mon intelligence du monde fonctionne par association. Il n'y a rien de logique en apparence là dedans. Une dispersion tellement évidente, tellement obsessionnelle finalement qu'elle ressemble exactement à celle d'une ménagère qui du matin au soir briquerait sa baraque juste pour se défouler et ne pas se pendre. C'est en cela que je pense que l'ordre, le désordre, ce fameux pêle-mêle, sont souvent des mots employés machinalement par la plupart des personnes qui ne voient pas plus loin que le bout de leurs chaussures. Ils n'ont pas fait 10 mètres dans mes mocassins. Ce qui évidemment me rend responsable mais plus coupable. Responsable totalement cette fois et si j'ose dire "en pleine conscience" d'accepter cette chance d'être ce que je suis. C'est à dire cet apparent pêle-mêle. Ce cadre que l'on accroche à un mur de sa cervelle avec deux trois instantanés permettant d'identifier quelque chose pour, le plus souvent et seulement, se rassurer d'avoir été et pourquoi pas d'être encore, d'être toujours. Non je ne te laisse pas tomber Alcofribas. J'ai juste appris un peu plus de choses sur la patience et l'écoute. J'attends que tu ressortes de ton trou ou que tu redescendes de ton cerisier, de ta tonnelle. Tiens j'ai apporté un bout de réglisse, je vais l'éplucher tranquillement en attendant, et à la fin je le laisserai sur le muret si le cœur t'en dit... il fait bon, l'air s'est réchauffé, les oiseaux commencent juste à se réveiller, pas de raison pour que ce ne soit pas une bonne journée. Ah oui j'ai fait fait quelques peintures il faut que je les mette comme on laisse des miettes sur le chemin avant de comprendre que les cailloux c'est mieux. les premières images sont des détails des tableaux qui suivent|couper{180}

Carnets | avril 2021

Cette idée

Cette idée de toi que j'ai gardée comme une braise qui me brulait et me réchauffait pendant que je marchais je ne sais plus ce que j'en ai fait ce que je n'ai pas fait Pour l'oublier profondément si profondément qu'elle se transforme en mon cœur et mon souffle pour que je ne puisse plus dire elle m'appartient. Elle est juste une idée qui va son chemin parallèle au mien Et que je crois rencontrer encore parfois comme une inconnue séduisante. au hasard de la rue. Cette idée de toi je ne l'ai plus. Je l'ai usée à force de m'en rappeler je l'ai souillée et sublimée Tant et tant qu'elle s'est dissoute dans le présent et rend parfois ce présent amer ou sucré comme ce café noir qui toujours m'accompagne et ces cigarettes parfois insupportables. Cette idée de toi ce n'est pas mon idée ce n'est qu'une trace laissée par d'autres et que j'ai relevée comme un chasseur dont le but est de tuer d'achever. Ce chasseur n'a pour arme que l'inachevé qui ne tire que des balles à blanc parce que c'est trop dur de tuer parce qu'on s'enfuit toujours dans la pensée les émotions pour ne pas voir la réalité. Cette idée est un meurtre prémédité un contrat qu'à la naissance j'ai signé avant même de savoir parler. Cette idée j'ai beau tenter de m'en rappeler je ne m'en rappelle plus ce n'est pas ma mémoire ce ne l'a jamais été Elle vient du Nord emprisonnée dans l'ambre comme un être fossile une patience qui vient de loin du fond de la mer baltique. Cette idée m'a un jour donné une dignité puis me l'a ôtée. Et je me suis retrouvé nu abandonné comme un coquillage déserté. Cette idée c'est juste ce son ce vent qui souffle cette musique qui m'emporte tout entier vers toi.|couper{180}

Carnets | avril 2021

Exil

C'est le même sentiment, la même douleur, le même écho tout persiste joie et douleur se côtoient. Même pour ceux qui viennent après et qui ne t'ont pas connu. La nostalgie peut se transmettre ici pas besoin de règle On se retrouve exilé comme on se retrouve juif. Que ce soit par père ou mère par la montagne et les rivières. On est différent et on va passer sa vie à le refuser et on va passer sa vie à l'accepter. Peut-être que je n'irai jamais vers toi Peut-être ne donnerais je aucun fruit Pour tenter d'arrêter la chaine conscient ou pas. Peut-être qu'un jour j'inventerai la paix. Même pour ceux qui sont venu avant et que je ne connais plus. Mais que je connais tellement que je connais autrement. Je ne sais plus de quoi tu es fait à force de tout me rappeler j'ai oublié la vérité. Et pourtant tu es là derrière mes yeux clos Comme des larmes contenues de lourds trésors amassés qu'il semble impossible de partager.|couper{180}

Carnets | avril 2021

Coup de mou

Oh la la j'ai eu la trouille... et ce n'est pas encore totalement terminé encore. Affaibli, démoralisé, je me suis trainé ces derniers jours de la maison à l'atelier. J'ai fait appel à tout ce que j'avais pu glaner par ci par là comme astuce pour me rebooster, me motiver, m'auto flanquer des coups de pied aux fesses... et je vous avoue que seul le besoin de tacher de la toile ou du papier m'a maintenu la tête hors de l'eau. Evidemment j'ai pensé à ce foutu virus en premier. On ne pense plus qu'à ça des qu'il y a la moindre défaillance désormais ce qui indique - qu'on le veuille ou pas -que nous sommes tout de même touchés par la psychose ambiante. Même l'optimiste forcené que je suis l'est, ce qui n'est pas peu dire. Ou l'hypocondriaque plutôt car avant l'arrivée de la Covid ( vous avez remarqué le féminin ) j'étais plutôt accès sur le cancer des testicules, la tumeur du ciboulot, sans oublier la leucémie, le cancer des os j'en passe et des meilleures. Donc reniflements, maux de crâne à répétition, fatigue générale et transformation intempestive en cloporte se trainant du lit au canapé globalement une fois mon effort pictural de la journée mené plus ou moins à bien. A grands renforts de Doliprane et de mantras, j'ai évidemment fait appel à l'esprit de Monsieur Coué, vaut mieux revenir aux origines qu'aux produits dérivés, comme la PNL et autres billevesées de développement personnel. Et aujourd'hui une petite semaine après, me revoici un peu plus en forme et apte à écrire de nouvelles bêtises. Etre malade a ceci de bon qu'on est prêt à tout pour que ça se termine le plus rapidement possible. Etre malade rend créatif. Pas de façon directe, je veux dire pas pendant qu'on est alité. Non, pendant que tu es alité tu roupilles, tu sers les dents, tu te poses des questions sur l'après vie, et tu regardes le plafond. C'est plutôt lorsque ça va mieux que la créativité surgit, un peu comme la Grace tombe sur une bonne sœur au bout de 30 ou 40 ans d'ennui. Ou comme lorsque tu ressors de chez le dentiste qui vient de te soigner une rage de dents. Toujours ce système des vases communicants. Du coup j'ai revisité toutes ces pensées morbides que j'ai eu, du genre je vais crever c'est sur, que vais je donc laisser derrière moi, ou encore putain je m'y prends vraiment comme un gland pour communiquer sur mon art avec les gens, ou encore je suis un peintre de merde et je devrais laisser tomber tout ça pour passer à la plomberie ou à la peinture en bâtiment,. On vient juste de faire appel à un artisan pour rénover notre cuisine et pendant le camping forcé, ajouté aux affres de la dépression causée par ce qui n'est qu'un petit refroidissement -plutôt classique au mois d'avril-, j'ai calculé que je me ferais des coucougnettes en or massif si je choisissais de gagner ma vie comme ça. Sauf que j'ai plus de 60 balais et qu'il fallait y penser avant mon petit pote. Bref . On ne peut pas être et avoir été comme disait je ne sais plus qui. Je crois que j'adore ça en fait. M'imaginer au bord du trou, quasi habillé en suaire, près à recevoir la première pelletée de terre. C'est une pensée obsessionnelle. Je peux être en train de faire la cuisine, bricoler, faire l'amour, me promener en forêt je ne peux pas m'empêcher de penser que je vais claquer. Que tout ce que je suis va s'évanouir d'un coup dans la stratosphère à tout jamais. PSSSHHHIITTTT ! et puis pas plus. Je tente d'affronter cette vision d'anéantissement totale depuis toujours. Depuis mon tout premier cours d'astronomie où le prof nous avait suggéré d'imaginer le rien avant l'arrivée du Big Bang. Evanouissement direct. Je ne m'évanouis plus à cette pensée. Je deviens juste morose. Ce qui n'est pas bon du tout pour le système immunitaire évidemment, tous les bons donneurs de leçon prônant la pensée positive le diront. La maladie a cela de bon qu'elle nous rappelle un vieux principe quasiment perdu de vue dans ce monde ubuesque. Le fameux principe de réalité. On possède un corps en plus d'un esprit et ce corps de temps à autre, surtout vers la retraite peu devenir un tantinet récalcitrant face à la jeunesse d'esprit qui a tendance à s'en foutre comme si celui ci avait toujours 20 ans. Je ne suis pas fortiche en sondage mais si je posais la question à toutes les personnes ayant franchi la cinquantaine : Dans ta tête tu as quel age ? Bon nombre s'ils sont honnêtes donneraient une réponse qui oscillerait entre 7 ans et 25 ans. Je veux évidemment parler des plus lucides d'entre nous. Pour les autres qui se pensent terrassés par les années, accablés par le bagage d'expériences et de connaissances et qui confondent ça avec la connaissance j'ai peur de ne plus rien pouvoir faire pour eux. Winston Churchill l'avait dit : la vieillesse est un état d'esprit et il avait parfaitement raison. C'est d'ailleurs ce qui l'aura conduit a faire tellement de bourdes dans sa vie et parmi toutes celles ci quelques fameux coups de génie. S'imaginer vieux c'est souvent du à un excès de prétention si ce ne sont pas les articulations qui nous conduisent à le penser. On prétend avoir vécu, on prétend savoir un tas de trucs et souvent quand on regarde clairement les choses en face - ce fameux principe de réalité- de quoi s'aperçoit t'on je vous le demande ? On s'aperçoit qu'on n'est sans doute même pas encore né. Que l'on est resté coincé dans une espèce de no man's land à digérer du placenta en attendant d'avoir l'espoir de prendre un bon bol d'air. C'est toujours une question de point de vue mais pas seulement, cela peut être lié à tellement de facteurs divers et variés qu'on ne peut qu'être humble en fin de compte face à la solidité, à la véracité de ce point de vue justement. Je ne sais plus quel Bodhisattva fameux disait que l'esprit était changeant et qu'il ne servait pas à grand chose de s'y attacher de trop. Qu'il fallait plutôt le considérer comme un ciel avec des changement de luminosité, des éclaircies et des orages pas grand chose de plus. Cela demande un effort de distanciation qui ne se trouve pas sous le sabot du premier cheval venu. D'autant que désormais on n'en voit plus beaucoup des chevaux si on observe bien... Donc un coup de mou pour tenter de recentrer le sujet car j'ai toujours tendance à m'égarer par distraction. Un coup de mou c'est neutre finalement tout dépend comment on l'interprète, avec quelles lunettes on le regarde, parfois ça peut venir d'un rien ou d'un tas de bonnes raisons car -bien sur- il faut aussi de sacrées bonne raisons, et on est porté à se les fabriquer en cas de besoin. On n'imagine pas un coup de mou gracieux qui viendrait comme un cheveu sur la soupe un poil pubien d'ange , un cadeau du ciel. C'est forcément qu'un truc ne tourne pas rond. Comme si tout devait tourner rond. Du coup on s'invente des raisons mais surtout des fautes, une culpabilité. Si je ne vais pas bien c'est parce que etc. Bon on en perd du temps avec ça ,et j'en perds surement à vous narrer ces fadaises, où alors ça meuble, ça occupe le temps qu'il faut en attendant d'aller mieux en attendant que le train train reprenne que tout se remette à tourner rond. C'est confortable de tourner en rond ça peut mener à des transes de derviche comme à l'ennui, et encore une fois les résultats sont tellement surprenants pour un évènement aussi banal que l'on est bien droit de se poser quelques questions sur les véritables raisons, ontologiques cette fois, servant à l'équilibre d'un système qu'on ignore totalement impliquant ce fameux coup de mou et aussi pourquoi pas la rotation des planètes qui tournent en rond elles aussi comme à peu près tout dans la réalité qu'on nous assène régulièrement. quelques uns de mes derniers travaux sous coup de mou :|couper{180}

Carnets | avril 2021

Gravité

réécriture Je n’ai jamais su conjuguer. Le passé simple, l’antérieur, le participe : autant de pierres d’achoppement. Chaque souvenir devenait une tête réduite, une peau de chagrin, un masque de carton bouilli. Le temps, pour moi, n’a jamais été une ligne. Plutôt un sous-bois, sentiers multiples, bifurcations sans fin. Choisir un chemin ? Arbitraire, tant qu’on ignore où il mène. D’où venait cette force ? De moi ? Du monde ? Force antagoniste, peut-être naturelle, équilibre plus vaste que nous. Cinquante ans de progrès n’ont rien éclairci. Les savants cherchent encore, moi je partirai sans réponse. Chaque élévation, il m’a fallu la payer : gravir une butte à vélo, gravir l’échelle sociale, gravir l’amour, l’art, la peinture. Toujours la gravité me repoussait. J’ai supprimé ce qui pesait : gloire, fortune, reconnaissance. Je n’ai gardé que l’amour. Pas un manque à combler, mais un trop-plein à donner. Et pourtant la gravité demeure. Gravée dans le marbre, comme disent les anciens. Il suffit de voir une fusée : milliards pour quitter l’air, pour s’arracher à cette prison invisible. On peut s’en indigner, s’en émerveiller. J’ai cru, un temps, qu’il suffirait de l’esprit. Voler par désir maîtrisé. Manger sans argent. Aimer sans parade. Voyager sans fusée. Tout revient à la gravité. Elle est peut-être une particule, liée au regard de l’observateur. Peut-être qu’il existe une fréquence, une harmonique, un son à prononcer. Alors le voyage commencerait. Et nous comprendrions que la gravité est une portée. Qu’il suffit d’y poser des notes pour entrer dans la musique du monde, jusqu’aux confins de l’infini.|couper{180}

Carnets | avril 2021

Voguer vers l’incohérence

Ulysse dit attachez-moi à ce putain de mat je veux aller jusqu'au bout, entendre le chant de ces putains de sirènes. Genre héros de chez héros y a pas mieux ou pire. Je m'attache à mon pinceaux tout seul, j'ai perdu l'équipage quelque part sur une côte de Papouasie ou dans un désert Mongol. Y plus que mon épouse, ma chatte et mes pinceaux C'est pas l'arche de Noé non plus. Et on vogue doucement mais surement vers la plus belle des sources l'incohérence. On allume la télé ça nous fait pareil qu'entendre les piafs chanter tout se mélange on s'en fout Peut-être qu'au bout de tout ça tous ces beaux parleurs ces menteurs découverts pour ce qu'ils sont se jetteront par dépit du haut des falaises A vrai dire on s'en fout Le blabla reviendra d'une façon ou l'autre Le blabla est le joli masque que porte l'incohérence Voguons voguons comme disait Fellini et tant pis pour les galères.|couper{180}

Carnets | avril 2021

Le joyeux bordel

Malgré tout il y a la joie. Indéboulonnable. Je peux sombrer autant de fois que je le veux, ou pas, c'est toujours elle qui gagne. La joie de quoi ? peu importe ce que l'on peut bien lui accoler. Je flanque le bordel sur mes toiles avec joie. Surtout quand je parviens à les terminer, que j'ai franchi des nuées d'hésitations et de doutes et que je me retrouve encore une fois à la fin avec pour seule compagne cette joie finalement. Est ce que les gens éprouveront cette joie en voyant mes tableaux ? C'est une question qui revient sans cesse. Personne ne me répond ce que j'ai envie d'entendre. On me dit c'est beau c'est intéressant Parfois il y en a même qui achètent. Mais personne ne me parle de la joie que j'ai réussi à capturer là, personne n'ose le dire ou personne ne la voit je ne sais pas. Est ce que ça suffit à ces messieurs dames des hautes sphères de l'art que ma seule thématique soit de trouver la joie dans le bordel ? De la trouver et de tenter de la partager. Ce sera court mon vieux. Et bien tant pis j'ai envie de dire. Moi c'est la seule chose qui me fasse vraiment tenir après en avoir essayé toute une panoplie. Je me réveille le matin et je me dis : allons z'y encore une fois flanquons donc un joyeux bordel et puis c'est tout. Huile sur toile 50x50 cm 2021 Patrick Blanchon|couper{180}

Carnets | avril 2021

Le vide et le plein

Quelques semaines que je me cantonne à la réalisation de petits formats. Comme il faut quelques contraintes j'ai décidé au début de ne pas utiliser de bleu et de ne travailler qu'avec de l'ocre, du vermillon du noir et du blanc. Mon idée était de travailler à la fois la composition et la nuance des couleurs de façon à ce que ces petits formats soient attractifs vus de loin. Que l'on ait envie de s'approcher d'eux. J'avais donc la contrainte et le but, ce n'était pas si mal. Ensuite je pourrais disserter durant des heures et de façon psychanalytique évidemment sur les formes, sur ce que tout cela représente ou ne représente pas, cela n'a pas grand intérêt. Une chose que j'ai retenue c'est que plus le format est petit plus le rapport entre vide et plein est important à trouver. Cependant le plaisir de découvrir toutes ces couleurs, toutes ces nuances et de les apposer les unes à coté des autres m'aura fait oublier cette dernière contrainte. Finalement la peinture ressemble beaucoup à l'écriture. Ca ne sert pas à grand chose d'avoir beaucoup de matières beaucoup d'idées et de toutes les étaler en même temps. A trop vouloir en dire on finit par ne plus rien dire du tout. Cela me laisse un sale gout dans la bouche. Mais en même temps il y a là matière à réflexion et à travailler d'autant plus. Supprimer tout ce qui n'est pas essentiel demande de savoir au préalable ce qui l'est vraiment. Peut-être que tout ce désordre, ce coté brouillon dans lequel je ne cesse jamais de m'engager dans tout travail de peinture ou d'écriture n'est que la répétition perpétuelle d'une recherche d'essentiel. Cependant je m'arrête souvent avant de l'avoir découvert cet essentiel comme si je ne voulais au bout du compte pas le voir. Comme s'il allait me flanquer, sitôt aperçu, sur une mauvaise piste. Comme si soudain j'allais surtout perdre tout plaisir de désordonner le monde. Le plaisir du désordre et l'austérité de l'essentiel.. ce serait donc ainsi que je vois les choses ? Alors que la plupart des personnes me diront que c'est tout l'inverse bien sur ... Cet équilibre du vide et du plein c'est aussi celui que je m'inventerais alors entre ordre et désordre, entre s'exprimer et ne rien dire. En rephotographiant ces tableaux avec un bon appareil et en utilisant un logiciel de traitement d'images je les redécouvre tout à coup. J'effectue des sélections, des recadrages dans cette parole ininterrompue que représente la peinture. Cela pourrait très bien être un vrai travail que de partir de ces fragments pour réaliser de grands formats. Je suis sur un fil en plein vent au dessus des gouffres. Je vacille perpétuellement dans cette quête d'un équilibre qui au bout du compte me procurerait cette confiance que j'imagine nécessaire pour effectuer le pas suivant... Et bien sur , et évidemment, dans une sensation de confort ou de sécurité qui, sitôt qu'elle advient, me parait être une lâcheté de plus et que je m'emploie à détruire aussitôt. Le recours à la dispersion c'est le champs de bataille sur lequel tous les possibles tombent les uns après les autres fauchés par ce combat entre confort et risque pour ne pas s'arrêter à la facilité tout en ne cessant pas de l'explorer. Parce qu'il y a des choses qui semblent faciles et qui ne le sont pas du tout et qui rendent le difficile soudain plus supportable, car on le comprend comme refuge. Au bout du compte les deux se rejoignent- facile et difficile-, vide et plein etc. Ils se rejoignent mais ne se confondent pas. Il y a un écart parfois tellement infime que l'on peut s'y tromper, se maudire, ou s'encenser bêtement. Ceci expliquant cela entre les montées de confiance en soi intempestives et les dépressions qui ne tardent jamais à les suivre. Evidemment pénétrer dans la vacuité, l'impermanence serait une sinécure. Pas de doute que la lévitation arriverait en bonus, cet upsell comme disent les vendeurs de soupe qui veulent bourrer le panier de la ménagère. Là aussi il y aurait beaucoup à dire sur les besoins véritables et les désirs imaginaires. Surtout sur cette obsession de vouloir être autre par le fait non pas d'être mais d'avoir. Un grand fil en travers du grand Canyon, des vents qui font rage, du ciel et des gouffres et je suis là en plein milieu prêt à chuter à tout instant sans même le recours d'un balancier. Je m'y suis engagé à bras nu, avec ma bite et mon couteau. C'est surement d'une ineptie totale et ça risque de bien mal finir si je me mets à y penser. Il y a déjà eut tous ces jours à s'enfoncer dans le gras du quotidien à faire des jobs de merde, à vivre une vie de merde, et le mot merde me monte naturellement, tout ça juste parce que je ne me sentais pas d'accord, parce que je croyais que j'étais différent, et surement je pensais aussi que j'avais totalement raison envers vents et marées de m'accrocher à cette idée de m'exprimer. L'envie d'être comme tout le monde me terrasse à chaque fois de la même façon. L'envie d'être comme tout me monde arrive sur son char armée d'une lance et je suis à poil face à elle, cette salope , sur le champs de bataille. Des milliers de fois je suis parvenu à m'écarter au bon moment lorsqu'elle me fonçait dessus. Une fois ou deux peut-être j'ai réussi à la déstabiliser mais pas vraiment à la vaincre une bonne fois pour toutes. Pas faute d'avoir rêvé à ces nuées de corbeaux qui la becquèteraient par lambeaux. Je ne suis pas Prométhée faut que je me rentre ça dans le crâne aucun vautour à l'horizon, Je ne le suis plus. Dans mes pires moments, je ne suis plus qu'un sombre idiot, une sorte de débile mental ou un gamin qui ne parvient plus à se relever tant il a finit par s'infliger lui même des coups pour se sentir vivant dans le territoire des morts. Je vais ranger ça dans récits de fiction. Ce genre de choses qui me traversent et par lesquelles je me laisse traverser sans trop broncher. Je n'ai absolument aucune idée sur la teneur de ce genre de propos. Est ce du lard ou du cochon ? Du vide ou du plein ? du vrai ou du faux ? Je me contente juste de l'écrire tel que ça vient au cas où ça puisse servir un de ces quatre à moi ou à quiconque peu importe. C'est un petit format comme ceux que je peins avec souvent beaucoup trop de choses. Mais dont l'agrandissement d'un fragment réservera peut-être une ou deux surprises voilà tout simplement ce que je me dis. Et peut-être aussi que ça me permet d'avancer d'un pas de plus pour aujourd'hui sur ce putain de fil on ne sait jamais. Fragment huile sur toile 2021 Patrick Blanchon|couper{180}

Carnets | avril 2021

Confiance et pognon

Une chose importante pour le premier banquier venu est la confiance. Si elle n'est pas là vous n'aurez rien, vous n'existerez pas sauf si vous allez par mégarde faire un tour dans le rouge. Mais vous existerez en négatif alors, en mouton noir, en vilain petit canard. Sans la confiance il y a de grandes chances qu'aucun système économique viable n'existerait. Cependant à force d'assimiler confiance et pognon nous avons probablement fini par y perdre notre latin. Si fidus désormais ne se décline plus autrement que par fiducier, finances, on peut nonobstant le mystère des consonnes qui dérivent avec le temps du d vers n... imaginer que la confiance part d'un échange tout bête pour s'achever désormais en catastrophe planétaire. Heureusement la naïveté générale vient à la rescousse. C'est son rôle principal d'ailleurs car sans elle il y a fort à parier que nous n'entretiendrons les uns envers les autres que des relations de méfiance. Etre naïf peut ressembler à une tare lorsqu'on est jeune et inexpérimenté. Je veux dire qu'on s'en veut beaucoup à soi-même de l'être, de l'avoir été, tout en se jurant qu'on ne nous y reprendrait plus. Cependant qu'avec le temps, l'âge on s'aperçoit que c'est une ineptie de l'écarter, de la reléguer dans les oubliettes, de la conspuer ou de la maudire. Et tout ça sous prétexte que l'on aurait apprit quoique ce soit sur la vie, sur nos contemporains, qu'on serait devenu "lucide". La lucidité est une prison, je peux vous l'assurer, et une fois qu'on y est on ne cherche qu'une seule chose, c'est bel et bien de s'en évader. Se re présente alors la naïveté qui nous fait de l'œil, avec la lime adéquat à limer les barreaux, la corde tressée d'espoirs et on se dit que ce serait bien ballot de ne pas en profiter. Redonner de la confiance à la naïveté est sans doute l'une des dernières aventures digne de ce nom pour un aventurier qui se respecte un peu. Evidemment il y a toujours un risque de se faire avoir si on espère. Et n'espère t'on pas toujours plus ou moins ? Récemment j'ai été contacté par un client qui m'a déjà acheté plusieurs toiles à bon prix. Et celui ci me propose soudain de lui proposer de grands formats qu'il exposera sur une plateforme internet bien connue et sur laquelle il possède un gigantesque réseau de followers. Jusque là tout va bien. Tout est gratuit. Je n'envoie pas de toile tant qu'elle n'est pas achetée et payée... une sinécure pour artiste peintre forcément. J'allais commencer à effectuer des sélections parmi mes jpeg, créer de jolies fiches, bref tout préparer pour passer à l'action quand tout à coup je me suis demandé quel pouvait bien être l'intérêt de ce client galeriste d'exposer mes œuvres virtuellement. Qu'est ce qui le différencierait de ce que je pratique déjà moi-même... ? En allant jeter un coup d'œil à la page en question et à son fil d'actualité je vois des œuvres d'art entourées de jolies filles un peu dénudées accompagnées de musique, le tout en vidéo ou en photographies et effectivement le truc à l'air de bien fonctionner étant donné le nombre de vues pour chacun de ces post. Pas beaucoup de "like" mais énormément de vues. Ma première réaction est de me dire comme c'est de mauvais gout. Je pense à ces pubs de bagnoles avec ces nanas qui lèchent le capot et je me dis ensuite quel est donc le public visé par ce genre de produit ? Des parvenus, des nouveaux riches, des gens incultes et sans gout avec de grosses gourmettes au poignet assurément... Et où trouve t'on ce genre de spécimen le plus actuellement ? En Russie et en Chine. D'ailleurs il y a beaucoup de mannequins de l'Est et d'Asie sur les posts en question. Bien Bien Bien.... je cogite je cogite ... Finalement je me dis que j'ai un esprit petit bourgeois mâtiné de gauche caviar pour avoir un tel toupet question gout... Car finalement si on vend de la lessive, des brosses à dents, des bagnoles et des assurances déces comme ça pourquoi la peinture ferait-t 'elle exception ? Du coup je transmute gentiment le mauvais gout en phénomène d'avant garde, je me dis oh mais finalement on détourne les codes c'est tout à fait chouette pourquoi pas. Je me remets le nez dans le tri, je m'ébaubis, tout en tirant la langue en m'appliquant à bien tout noter et surtout le prix de mes œuvres dans ce joli dossier prêt à être envoyé. Je monte mes prix du coup parce que je me dis que si je mets les prix habituels on va me rire au nez. Est ce qu'un milliardaire russe ou chinois va prendre au sérieux une toile à 100 balles ? Que nenni, un peu de jugeotte mon vieux. Je me dis sois pas con monte encore un peu plus. Voilà tu y es presque encore un effort, piétine donc ta moralité à la noix, ta philanthropie, ta générosité et ta gentillesse, tout cela ne sert à rien pour l'occasion. Je m'arrête en plein vol cependant car tout à coup de sombres pensées me viennent du fin fond de l'encombrante lucidité qui certainement a pour petit nom ma connerie et qui ne cesse de m'entraver comme un boulet au pied. Et si c'était la mafia ? Et si c'était rien que pour blanchir du pognon sale toute cette affaire ? Peu importe les prix et au contraire tant mieux s'ils sont gros, ils achèteront à tour de bras. Oh la la Patriiiiiiick qu'est ce que tu es en train de penser et que t'apprêtes tu à foutre ? Et puis je me suis fait un café... j'ai fumé une clope, je me suis gratté la tète, un peu les couilles aussi pendant que j'y étais et je me suis dit t'es vraiment un putain de parano. Sois confiant en ton étoile, mise tout ce que tu as vas y, que risque tu au bout du compte ? De devenir riche juste ça, est ce vraiment si grave ? D'être ridicule aussi ? quelle importance finalement tu l'es déjà tellement, un peu plus un moins ça ne te changera pas vraiment la vie. Et depuis j'ai tout laissé en stand by, un coup je me dis oui un coup je me dis non, le diable est là au fond de moi et me tripatouille sans relâche en prenant la tête de KAAA le serpent du livre de la jungle qui susurre "aie confiance aie confiance" https://youtu.be/evt_8hluLww|couper{180}