bien écrire mal écrire

Des modes, des mots d’ordre, l’éphémère, et pas grand chose de plus. Bien ou mal écrire est d’une binarité crasse. C’est comme bien peindre ou mal peindre. Ça ne veut plus rien dire vraiment sinon essayer de poser des bornes au milieu d’un désert. Non rien de tout ça n’a d’intérêt. Il faut trouver le point d’eau voilà l’ essentiel, ce lieu où jaillit le langage comme il se présente à soi. Ensuite est-il besoin de se munir d’une pelle, de creuser un trou dans le sable plus ou moins profond ? C’est affaire de fatigue et d’espoir, surtout d’imagination dans un premier temps. La première eau n’est pas de l’eau c’est un ramassis de boue, de déchets de scories, de la merde. Qui étancherait sa soif avec ça, des animaux, des gens pressés de boire, de se désaltérer. Des gens qui ne connaîtront jamais la satisfaction de trouver le juste goût de l’eau, c’est à dire cette union indéfectible entre leurs propres molécules et celles de ce mystère qu’est la langue qui coule naturelle claire et vive. Dans le fond des choses, au fond du trou du cul obscur des choses, écris comme tu peins désormais, c’est à dire écris n’importe comment, n’importe quoi, ne te soucie pas des on dit, des racontars de l’air du temps. Que personne ensuite ne comprenne, pas même toi, c’est cela qu’il s’agit de dépasser, la limite de la compréhension est comme la constante de Plank. Tu n’es pas obligé de buter dessus tout le temps. Ensuite qu’on ne t’accueille pas dans les grands raouts t’en fous, pas ça qui compte n’est-ce pas, tu t’y emmerderais, tu picolerais, tu dirais des obscenités, tu plairais pile à ce genre particulier de femmes dont tu n’as plus du tout envie d’entendre parler ou à ces gros cons qui d’un coup surpris par ton extravagance te donneraient du génie par-ci ou par là, et tout ça te dégoûterait, tu vomirais forcément en te tirant par la porte de service après leur avoir montré ton cul. C’est pour cela qu’être vieux est une putain de bénédiction, non. Suffit de mettre une ou deux petites choses bien à plat pour démarrer comme il faut une journée. Pas compliqué, creuser seulement un peu et voilà le travail.
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}