un pas de côté

huile sur toile février 2023

des systèmes que l’on installe pour se procurer une illusion de stabilité, une identité, une cohérence rassurante. Un pas de côté pour examiner le hors champs de l’illusion. Ce qui doit être retenu le sera ou sombrera dans l’indifférencié.Plus de 3000 textes écrits sur ce blog, examiner cette accumulation. Mais ne pas trop se focaliser dessus. Prendre le recul , se laisser du temps pour mesurer quelques écarts. Revenir à l’intention de départ qui était que l’écriture prenne le relais de la peinture durant le premier confinement de 2019. Au début c’était déjà prendre ce fameux recul encore autrement, essayer de vouloir- le mot n’est pas innocent- clarifier quelque chose, atteindre à une plus grande précision dans une démarche. Le problème de la précision et de tout l’arbitraire qu’elle contient. Et puis, comme ces textes furent écrits au jour le jour, constater dans la durée l’impact du temps sur lui même. L’arbitraire en chasse un autre, s’effiloche puis disparaît presque sans conscience. Une écriture qui se sera déroulée dans l’immanence chère à Georges Bataille. Et puis se dire que c’est très bien ainsi, que tout est impeccable, parfait, dans le plan construit au fur et à mesure par l’être. Accepter cette impeccabilite. Cela n’est pas simple. Mais à terme bien sûr que ce sera juste, en accord parfait avec le temps qui passe. Le fait qu’on ne soit pas tout à fait le même jour après jour, que les préoccupations -cette couche de contingence de surface- qu’on imagine surface, puisse se modifier et nous inciter à nous tromper d’intention ; qu’un ou plusieurs glissements s’effectuent, que le tremblement comme la stupeur sont aussi outils de progression. L’écriture se modifie ainsi que ses sujets. Comme la peinture se modifie pareillement. Vouloir contrôler, maintenir une unité, mais quelle unité ? sinon une projection d’une autre toujours fantasmée. Une unité qui n’appartient à personne. On sent que l’on tourne autour de quelque chose qui se dérobe de jour en jour. Et que de s’acharner, en s’enivrant de cette idée de régularité est un leurre. On sent que ça pourrait durer indéfiniment, toute une vie. On constate que la régularité finit par primer sur tout le reste au bout du compte . C’est une régularité pour être régulier , une régularité qui tourne à vide autour d’un axe dont on ne sait si c’est lui ou elle qui force, oblige, s’entête.

Est-ce en raison de la précocité de cette suspicion (et qu’elle soit ou non légitime , la question vaut d’être posée) qu’il faut effectuer ce pas de côté ? Peut-être faut- il attendre encore un jour de plus, un an, dix ans pour que le fruit soit mûr et qu’il ne résiste plus à l’intention d’une cueillette fébrile ? Le risque sera le même quelque soit le délai que l’on se donnera puisque en vrai on ne cherche pas une destination mais un moyen de cheminer.

Ou bien encore l’élan vers le pire, cela peut ou doit arriver aussi : on se sera trompé, on se sera égaré dans la régularité- n’est-ce pas tant un comble ? c’est si vrai des qu’on mord la chair familière de cette évidence. Mais ça fait aussi partie de cheminer. Possible qu’il faille s’égarer ainsi aussi, pour se rendre au bout des évidences ; comme par exemple en imaginant que la régularité pourvoira à tous les manques, toutes les absences , les empêchements, à l’instar de ce que l’on exige d’une divinité tutélaire. Pour en finir avec les religions vides de sens.

Une intuition est là et elle suggère que l’intention ne se soucie ni du temps ni du nombre, il faut seulement qu’elle soit intention posée clairement des le début. Et critère non moins important : qu’elle soit simple. Le plus simple qu’on le puisse. Ce qui est loin d’être une sinécure. Ne pas changer d’intention en cours de route poussé par l’injonction de régularité mise désormais en avant, ce culte vidé d’une foi de départ, foi d’origine, ou relique dont on se servirait de preuve posthume pour dire ici un corps était, un corps fut.La régularité peut rendre un corps débile autant que ces salles de gymnastique où l’on désire acquérir du muscle pour ne rien en faire.

Un pas de côté donc.

Un peu plus de silence, un éloignement de ce lieu qu’est ce blog qui s’associe à l’éloignement des réseaux dans leur globalité , ce brouhaha. Le but, l’urgence sont de restreindre l’expression, à seule fin d’en conserver la force vive. Retrouver la fécondité du silence. Il faut refaire le plein d’autre chose et dans ces cas là, je ne sais guère faire autrement que de revenir en amont, revenir à la perception seule, à la source, sans pensée, sans concept, une perception qui irrigue le corps avec son corollaire l’émotion, car c’est bien de cela dont la régularité m’aura vidé.

Revenir au lieu d’origine de pas de côté en pas de côté pour ne jamais quitter totalement de vue l’axe du cœur.

Post-scriptum

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Pour continuer

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener