Femme de ménage, ménagère

Sophia Lauren dans mariage à l’italienne de Vittorio De Sica 1964

Un port hautain, un regard sombre, une chevelure ébouriffée mais pas trop. Un peignoir, une robe de chambre, une blouse en nylon. Peut-être en observant encore plus attentivement, le frémissement des narines, l’arc formé par la lèvre supérieure, la suggestion d’une boucle d’oreille, le pendentif, peut-être une image de sainte ou de saint au dessus du satin blanc d’une nuisette de satin-blanc- La posture de défi, paumes appuyées sur les hanches, le bassin, un bracelet de type oriental, qui ressemble à un bracelet de force au poignet d’un lutteur. Quant au décor, la probabilité d’un pan de mur en papier peint, un angle, le personnage acculé dans cet angle, mais qui, résigné, semble résister dans une attente. Résignation et fierté qui, normalement, devrait stopper l’attrait du protagoniste, du regardeur, mais qui semble provoquer tout le contraire. Qui semble faire appel à une vérité du spectateur, ou de l’acteur masculin, notamment la valeur donnée à son courage, son audace, sa virilité tout autant qu’à une raison, une politesse bien au delà d’une politesse de convenance. Dans ce film, Filomena Marturano est avant tout une prostituée que rencontre Domenico Soriano ( Marcello Mastroianni) et à qui il propose de vivre avec lui, surtout dans le but de s’occuper de sa mère souffrante et de la maison durant ses absences. Fantasme assez banal finalement. Remplacer la mère, une énigme contre une autre. Ensuite, 22 ans de mariage, Filomena tombe malade, à l’article de la mort. Un prêtre propose à Domenico de l’épouser, mais aussitôt fait la belle se relève dévoilant ainsi son stratagème et apprend à son mari qu’elle a eut trois fils dont un seul est le sien sans lui donner plus de précision. Soriano annule le mariage, Filomena quite la maison. Ce n’est que lorsque elle le quitte que Domenico découvre qu’il aime Filomena, il l’a retrouve et l’épouse à nouveau, et il découvre qu’il est le père des trois enfants. Dans ce portrait de l’actrice Sophia Lauren tout est dit. L’ambiguïté entre la femme libre et la ménagère. Une représentation de l’objet du désir masculin qui renvoie à une interrogation sur la nature profonde de celui-ci ci, la possession, l’amour, la fierté. Et aussi ce que la femme, l’être, doit déployer de résistance comme de ruse afin d’exister. Est-ce que cette histoire finit bien, est-ce que le mariage et la paternité sont suffisants pour absorber le choc… rien n’est moins sûr. N’est-ce pas plus de l’ordre de la résignation, le film ne le dit pas et semble s’achever en happy-end alors qu’au bout du compte tout concourt à faire songer à la mort des deux protagonistes. Il y a aussi présence de la mort dans cette photographie, au-delà des apparences, du désir et de la répulsion qu’elle inspire, une fatalité se tient là comme une araignée sur sa toile. Une cerise sur le gâteau.

Post-scriptum

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener