Thèmes et sujets

Plage près de l’ancienne forteresse vénitienne de Chora, Andros, Grèce.

Un tableau, un livre, tu te casses la tête en amont pour savoir de quoi ça va parler, quel thème, quel sujet, mais en définitive, il ne s’agit souvent que d’un prétexte pour ne pas affronter le moment. Ce dans quoi tu devrais faire confiance, c’est l’écriture et la peinture. Ces deux là savent toujours bien mieux que toi où elles veulent t’emmener. Mais c’est peut-être là ta résistance, ne pas savoir où tu seras conduit ou éconduit. Le féminin de ces deux mots, une incertitude. Une absence de confiance souvent dans ce féminin, mais pas plus pas moins que dans le masculin. Sans doute un manque de confiance sans autre. En tout genre, tout azimut. Un manque. Cette fascination mêlée d’effroi en observant les familles grecques à la plage et plus tard au restaurant. L’enfant roi. Que d’attention, d’encouragements, de bravos. Tellement qu’à un moment apparaît quelque chose de purement animal. Comme de l’instinct, de l’inné, un programme ancré profondément dans l’ADN. Le summum, cette silhouette de gros homme dans l’eau à contre-jour jetant vers le ciel une toute petite fille. Il l’a lancée et reçue dans ses bras maintes fois. Des rires, pas un seul sanglot, des cris de joie. Héberlué par la scène, tu t’es souvenu de tes premiers contacts avec l’eau, ton père qui t’emporte à cet endroit où tu n’as pas pied et qui te lâche là en te disant débrouille-toi. Ta panique de te retrouver seul sans savoir encore nager. C’était la façon d’enseigner de toute une génération. Débrouille-toi. Sans doute parce qu’il avait dû passer par là, et qu’il imaginait encore vers la trentaine que ça lui avait plutôt réussi. La Corée, l’Algérie. Cette arrogance, ce ton sans appel, ces jugements à l’emporte-pièce, autant d’outils confectionnés seul dans son coin pour se donner confiance. Ou renforcer, dissimuler une sensation gênante de faiblesse. Ne fais pas ta femmelette. Le recours au féminin après avoir goûté de ce masculin là, tu peux le comprendre intellectuellement désormais. Ce fantasme d’être sauvé par le féminin. D’où sa sublimation. Les magnifiques yeux gris-bleu. Rarement de retour. Presque aucun regard en retour qui ne soit un regard à la surface d’un miroir. Un reflet. Cette solitude. Ces solitudes. Et cette colère de ressentir si tôt ces choses. De ne pas être en mesure de les dépasser par amour, par confiance. Ce serait être en mesure. D’où la difficulté rencontrée face au thème, au sujet. C’est à dire croire en l’apparence des buts. Que les êtres que tu as côtoyés puissent avoir un but différent que celui de suivre leur pente naturelle. Ils auraient sans doute eu des rêves, mais les circonstances, mais le quotidien. Ils auraient abandonné jusqu’à l’idée du rêve pour faire face. Tu cherches encore à vouloir atténuer les faits par leurs circonstances. Perpétuelle hésitation. Trancher demande autre chose que tu ne peux convoquer facilement. Sans doute un égoïsme, une méchanceté, voire une saine cruauté. Ou un refus de lâcher cette image fabriquée de toi par toi, cette apparente générosité ou humanité. Cette Soi disant gentillesse. Il te faudrait l’indifférence d’un tueur à gages, te ficher en gros de tout et ne songer qu’à avancer vers tes rêves. Mais quels sont-ils ces rêves désormais, ne sont-ils pas un pur fantasme de rêve. Une carotte totalement fictive qui ne te sert qu’à atténuer la désespérance. Ces familles grecques au bord de la mer, ces enfants vers qui toutes les attentions se renouvellent au rythme des vagues venant mourir sur le sable, au final, tu n’y vois que de l’instinct, soutenu par une longue tradition de savoir installer la confiance en l’autre. C’est tellement ancré qu’on n’y pense même plus, c’est de l’acquis. Il faut voir ensuite les ports de tête. Cette fierté, cette suffisance, ce qu’on nomme la confiance en soi. Mais qui n’en n’est qu’un ersatz évidemment. Car à la première dérobade, le moindre échec, sans la communauté pour expliquer, soutenir, atténuer, panser, la violence se retrouvera libérée de sa gangue. Le noyau donnera de toutes façons son fruit. Comme l’écriture, la peinture, donnent également des textes, des tableaux. Les thèmes et les sujets, il n’y aura qu’à regarder ensuite le résultat pour en décider ou pas.

Post-scriptum

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener