Le point final

Plaque d’égout à Batsi, Andros, Grèce.

Comment sais-tu que le texte, le tableau s’achève. On te pose souvent la question pour le tableau, et souvent tu bottes en touche avec une histoire construite à partir de l’inachevé et l’irrémédiable. Ce n’est que partiellement juste. Il faudrait parler sans doute d’un mouvement de la peinture par celui de l’écriture. Comment arrive le point final, de la même façon que la dernière touche. Dans une forme d’éreintement après avoir été habité passagèrement par quelque chose. On apprendrait à tâtons que la touche ou le point serait le dernier acte d’un processus mettant fin à cette étrange possession. On avouerait ainsi en finir avec la toute-puissance qui vient de nous traverser. On reviendrait par un ultime geste à l’humain le plus insignifiant. On se sauverait ainsi en s’achevant. Tout ce qui importe en peinture comme dans l’écrit c’est la première touche, la première phrase voire le premier mot. Ensuite il n’y a plus qu’à dévaler la pente ou s’élancer vers le sommet, peu importe le relief. Ensuite on ne sait pas vraiment ce qui se produit, mais cela vide, cela crève, suivant l’endurance, l’habileté à maintenir plus ou moins longuement cette endurance, et qui se muscle par de longs jours stériles si souvent. Un entraînement aussi à mourir, au début dans une agitation, une panique, ou une euphorie. Cela peu s’améliorer aussi. En revanche le moment juste on doit apprendre à s’en approcher comme on se nourrit. Guetter la satiété comme la fatigue, le sommeil, trouver l’interstice exact, si fin qu’un chas d’aiguille à côté serait une autoroute. Et juste avant le collapse, l’ultime.

Post-scriptum

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener