Henri Miller

"L’homme que j’étais je ne le suis plus" des années que cette phrase me poursuit comme s’il fallait atteindre à cette sensation au moins une fois dans une vie pour pouvoir s’en aller tranquillement. Évidemment tu omets le tout début, Miller déclare : Nous sommes morts. Et c’est ensuite, après avoir évoqué l’absence du moindre grain de poussière sur le sol qu’il déclare être un autre homme. En tous cas ce livre, Tropique du Cancer m’a autant fait de bien que de mal après mûre réflexion. De mal parce que je confondais encore narrateur et auteur. Tout ce qui était écrit dans ce bouquin était parole d’évangile. Le doute naquit des années plus tard comme il se doit. Mais puis-je vraiment dire que le mal était fait ... non je crois que c’est un passage obligé pour qui veut écrire de tomber sur cette dissociation un jour ou l’autre. Peut-être même qu’une fois ce mauvais moment passé, on est sans doute encore le même homme, mais sûrement pas le même scribouillard. J’ai souvent commencé des textes en empruntant cette phrase de Miller, c’était comme une sorte d’incantation à déplier pour que l’évènement se produise, mais une certaine lucidité fut toujours aux aguets pour me prémunir de sombrer dans la folie. Peut-être que cette lucidité n’est au bout du compte pas une amie. Mais Miller après l’avoir adoré puis conspué quand je découvris le pot aux roses, oui je peux définitivement dire que c’est un ami. Est-t’il recommandable en revanche, c’est une autre histoire.

Post-scriptum

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener