humanisme
peinture Gérard Garouste.
Ce qu’il faut de violence envers soi-même pour découvrir l’amour d’autrui, on ne saurait le dire. Car pour la plupart, cette multitude, cela reste inaudible. Et cette impossibilité participe du merveilleux. Sans doute que l’hermétisme, l’ésotérisme ne doivent leur raison d’être qu’à la vanité des discours, à l’inutile. Que seulement, par une meilleure fréquentation du symbole et l’acquisition d’un jeu de l’oie, tu en aurais appris autant sinon bien plus que dans tous les livres. Et qu’aujourd’hui les écailles te seront tombées des yeux, qu’une égalité de moyens devienne flagrante. Qu’un livre soit l’exact reflet de n’importe quel symbole et que ce ne soit que ton point de vue sur toute lecture qui ait changé. C’est une des raisons qui te pousse à réouvrir certains livres, hypnotisé, rendu dingue comme le phalène, par leur lumière dans cette nuit du monde que tu traverses. Même si certains furent déjà considérés hâtivement comme des amis de longue date, Rabelais, Cervantes, Dante, Montaigne, Pic de la Mirandole, Kafka-pour ne citer que ceux du premier cercle- tu t’aperçois soudain avec effroi que tu fus seul à leur parler durant tes lectures. Que jamais vraiment tu n’ entendis leur vraies voix te répondre. Dans ton monologue permanent tu n’as jamais fait que ce que font la plupart des gens, tu auras fabriqué seul les réponses à tes questions. Ce qui te fait soudain relire aussi ta définition personnelle du mot humanisme Et tu saisis plus par intuition que par raison tout à coup une béance au delà de l’apparence du mot. C’est à dire ce qui se dissimule sous la surface de tous ces textes déjà lus et relus sans que jamais cette profondeur ne t’interpelle. Et tu comprends aussi pourquoi cet humanisme disparaît de la surface du monde comme le soleil se couche. Car c’est cette violence salutaire qui manque au monde désormais afin de se désembourber de sa propre apparence et surface. L’humanisme est désormais comme ces insectes prisonniers d’un bloc d’ambre et les milliers de tonnes de pression qu’exerce la masse d’eau d’une Baltique imaginaire. Un égrégore qui remonte à l’origine de notre humanité chassé par l’égrégore crée par les algorithmes , la peur l’ignorance entretenus par le pragmatique profit.
Post-scriptum
hautPour continuer
import
Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
import
technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
import
La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}