De l’ambition
peinture Gérard Garouste
Le désir ardent d’obtenir des biens flattant l’amour propre ( pouvoir, honneurs, réussite, etc) t’inspire depuis toujours de l’indifférence voire du mépris et parfois du dégoût. L’ensemble des actions qu’il sera nécessaire de mobiliser pour atteindre à un but ambitieux, est, le penses-tu, du temps perdu au service de l’inutilité la plus crasse. Car toute ambition que tu as pu observer dans son déploiement, se meut au dépens d’une chose essentielle mais dont tu serais bien en peine de dire le vrai mot , le vrai nom. Et, sans doute ne parviens-tu pas à exprimer ce mot par manque d’ambition justement -paradoxe inquiétant qui ce matin te saute aux yeux.
Encore que tu puisses te tromper ou te raconter une histoire, que ta prétendue absence d’ambition ne soit encore qu’un leurre, une ruse, une sorte de prétexte pour que l’on te fiche la paix, un bel os à ronger, une sorte de concession -un ici-gît factice que tu livres aux chiens comme à une partie obscure de toi-même. Enfin, en grattant la surface des apparences tu t’apercevrais horrifié que se dissimule en toi le plus ambitieux des hommes jamais croisé de visu. Peut-être es-tu comme ces ayatollah se réfugiant derrière un dogme qui t’arrange bien, te dispensant de lire ainsi toute Bible, Torah ou Coran dans toute leur profondeur, leur beauté, leur mystère. Te cantonnant ainsi tel un pleutre dans ta petite vérité de surface.
Possible aussi que cette dureté envers toi-même, cette implacabilité permanente qui te sert de levier pour te hisser vers ce qu’il te faut nommer , faute de mieux, l’inconnu ne soit rien d’autre qu’un indice comme ces évidences qui crèvent les yeux et qui soudain nous sortent de notre propre aveuglement.
Si tu récapitules, remonte à l’origine, avant la haine du monde et de toi-même confondus-disons vers l’âge de 4 ou 5 ans- tu retrouverais certainement ce désir ardent comme cette ambition authentique encore non polluée. Tu voulais aimer l’univers tout entier. et probable que ce n’était déjà qu’à seule fin qu’il t’apprécie de même en retour, c’est à dire qu’il t’invite à sa table, puis t’indique ta place pour participer au banquet. Et comment ensuite soit-disant dépourvu d’ambition, tellement déçu de ne pas trouver cette place, te seras tu livré à la la colère, à l’amertume ?
Et donc ce saccage complet d’une existence, s’il te faut encore des preuves de cette présence immuable de l’ ambition, participe de plain-pied au mystère de ce mot que tu cherches en vain sous la lueur exiguë d’un lampadaire
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}