importance du contexte.

S’appuyer seulement sur les faits, sur l’action, ce que je fais ordinairement afin de pousser l’imagination, c’est tailler souvent une portion du réel détachée d’un contexte. Difficile pour un lecteur lambda de s’y retrouver, un lecteur qui ne tomberait que sur un seul texte. Sans doute trop proche de la chronique. Encore qu’il y ait des chroniques très bien faites dans lesquelles le contexte ne soit pas oublié. Possible aussi que tout l’attrait d’un journal ou d’un carnet soit aussi ces paragraphes, ces fragments ajoutés les uns aux autres dans lesquels le contexte ne soit pas visible au lecteur. Mais qu’il se devine par l’accumulation justement de ces fragments. Il faut tenir compte de l’intelligence du lecteur par défaut. Il faut parce que ça me rassure. Mais en réalité sûrement pas. Il y a des codes dont on ne peut faire abstraction pour que l’absorption dans le récit fonctionne « normalement ». Penser au cinéma, aux genres. On va voir tel type de film parce qu’on sait d’avance le genre que l’on apprécie. Si on ne retrouve pas les codes que l’on connaît inconsciemment on se retrouve déçu. A moins que le réalisateur ne joue justement sur ces codes, qu’il les détourne et ce faisant nous réjouisse encore plus. Tarantino par exemple. Il est une règle habituelle de placer le protagoniste principal d’un film en premier lieu dans son quotidien jusqu’à ce qu’un élément déclencheur modifie ce quotidien. Scènes tranquilles, on place le décor, l’environnement, des actions familières, puis paf un couac. Le quotidien d’un tueur à gages par exemple n’est pas le même que le vendeur d’encyclopédies en porte à porte. Mais désormais tous ces films produits sur un système de canevas, des plans calqués tous sur un même modèle, insupportable. Il suffit de prendre un chronomètre et de visionner les films pour comprendre ce fameux plan. Tant de minutes prévues avant l’apparition du fameux élément déclencheur, puis tant d’autres avant le premier rebondissement, alternance des moments de calme et des moments d’action, combien de minutes encore pour arriver à la scène de cul, et combien d’autres pour péniblement parvenir au climax. Le même film finalement. On change juste l’emballage. Et c’est pareil pour les séries. Pour les bouquins aussi, tout ce qui de près ou de loin touche au genre, à un genre formaté quelqu’il soit. D’où mon agacement chronique face au genre et par conséquence au fameux contexte. Mais pas d’autre solution cependant pour les auteurs qui veulent écrire pour pouvoir bouffer. Entrer dans ce moule. Ce qui me fait songer à tout le luxe que je possède de ne pas avoir besoin de publier mes écrits pour en vivre. Et aussi comment aurais-je fait si les circonstances m’avaient conduit à ne pas vouloir trouver d’autre solution que celle d’écrire pour vivre. Pourtant j’écris pour vivre d’une certaine façon. Je veux dire que je ne peux plus m’en passer désormais. Qu’une seule journée sans avoir écrit une phrase est pour moi une journée fichue. Il y a vivre et vivre. Il y a aussi beaucoup d’orgueil derrière tout cela.
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}