L’arche
Bet, seconde lettre de l’alphabet hébreu.
On partirait d’un livre, d’une histoire, connue, archi connue, puis on se demanderait ce que l’ennui veut nous dire de la relire ainsi en boucle. L’ennui ou bien cette sorte de divinité qui s’y trouve enfermée et qui sans cesse réclame qu’on l’effeuille page après page. Qui doit son existence à notre bonne volonté ou pas de l’effeuiller. Pour en découvrir l’hymen. Et bien sûr il faudrait seulement l’entrevoir et encore par hasard. Et rester calme et fort à regarder l’effroi bien en face. Le propre effroi de toi-même. l’effroi, l’ennui, la divinité, l’hymen. Tout ce que tu peux bien inventer pour ne jamais la voir qu’au travers de tes propres yeux. Peut-être parce que tu te trompes encore d’intention, ou encore, te seras-tu rendu, victime d’un défaut d’attention. L’envie de dépuceler qui ou quoi que ce soit ne t’es jamais venu où depuis longtemps t’as quitté, tu ne sais plus. Et l’ennui est devenu d’une telle facilité que tu en as créé une routine. Et donc c’est maintenant que tu es prêt ou mûr et même talé, n’est-ce pas. Tu peux donc changer de jambe, plisser les yeux pour voir la page différemment. Ne plus voir que des blocs de textes en premier lieu pourrait changer la donne. Constater leurs différences de taille et le vide entre chaque. Puis prendre un cache pour en masquer une partie de façon aléatoire si tant est que tu crois encore un peu à celui-ci. Isoler une phrase. Et en allant encore plus loin faire la même chose avec un seul mot de cette phrase. Pour parvenir à cette chose simple- t’intéresser à une lettre seulement. Et peut-être que quelque chose céderait enfin, tu pénétrerais enfin à l’intérieur de l’arche. Mais ne crois surtout pas être sauvé désormais, tout au contraire. Souviens-toi que la lettre c’est avant tout un vide un manque à interroger encore sans relâche chaque jour plus profondément. Tu pourrais même en rire de bon cœur de cette évidence . Tout à coup . Car le déluge n’est rien à côté de l’inconnue qui gît tout au fond de cette arche, de cette lettre. T’en voici bien informé à présent.
Post-scriptum
hautPour continuer
import
Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
import
technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
import
La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}