L’épaisseur

Détail d’une toile, réalisée dans une ancienne phase épaisseur. (Vendue)

Des tourmentes, la peinture en produit régulièrement Pour un petit moment de bonheur des avalanches de doutes. Il faut s’y faire. C’est un échange qui s’effectue, une histoire de vases communicants. On paie le prix sans broncher quand on est en forme, quand on se sent solide, quand on se souvient du deal. Quand on est plus vulnérable le trou de mémoire nous aspire. Régulièrement, la hantise du manque d’épaisseur de mes peintures revient. Je travaille souvent par couches fines, progressives, je tire la peinture à son maximum par dégoût du gâchis. Par économie aussi probablement encore que je ne me reconnaisse pas dans la typologie du radin. Peut-être est-ce plus de l’hésitation sans en avoir l’air. Un manque de confiance dans le geste qui pourrait se prolonger si la charge du pinceau était suffisante. Un empêchement. Mais en ce moment quelque chose est en train de changer. Le fait de m’abstenir de faire comme avant. De changer mon fusil d’épaule, de ne plus utiliser tous ces diluants me parait d’une part bien plus confortable, pratique, et, enfin, la matière vient naturellement. Sans pour autant gâcher. Je n’utilise pas vraiment des tonnes de peinture, beaucoup moins que si j’utilisais un couteau. Encore que ma pratique du couteau est très économe aussi. Le revers au final est ce manque de relief, de générosité de la peinture. Je ne sais pas si c’est un engouement passager ou une réelle trouée. Je fais des aller retour sans arrêt depuis que je peins avec le lisse et le rugueux, le précaire et la générosité, la couleur et le sobre. A chaque fois je me sens tiraillé par ces couples de mots. Mon côté lunatique, ou encore le refus obstiné de vouloir prendre une décision une bonne fois pour toutes. Je ne saurais vraiment le dire. En ce moment c’est donc la phase épaisseur. Mais ce que j’observe c’est une luminosité supplémentaire qu’il n’y a pas dans les tableaux « lisses » la lumière réagit autrement et ajoute comme une clarté indéfinissable à chaque nouveau tableau que je peins ainsi directement en pâte avec mon petit pinceau. Une clarté qui n’est pas du a l’ajout d’huile non plus, il n’y a pas de brillance artificielle. C’est à la fois plus brut, et plus lumineux. Plus quelque chose. C’est vers ce plus quelque chose que j’éprouve le besoin de me rendre avec de moins en moins de moyen. Maigrir, me rédimer, pour enfin donner cette épaisseur à la peinture.

Post-scriptum

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

technique mixte 70x70 cm

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener