l’insupportable

insupportable la profusion de jambon de saucisses de lard et de choux qui se trouva soudain comme une montagne placée dans cette grande assiette sous ton nez, au restaurant La forge, à Montparnasse cet hiver 2012, et pourtant tu t’efforças de tout avaler jusqu’au bout, de ne rien laisser car il eut été tout aussi insupportable de ne pas faire ainsi, quel gâchis pour toi cela aurait représenté ; mais ton fantasme de choucroute fut réglé définitivement depuis ce jour précis où tu fus pris en sandwich par cette double sensation, ce paradoxe de l’insupportable que tu t’obstines toujours à vouloir supporter.

Insupportable cette femme dont l’intérieur dénote avec l’extérieur, dont la vulgarité t’atteint immédiatement en plein cœur alors que dans cette affaire là il n’était pas nécessaire d’en avoir, sinon du cœur au ventre, du cœur à l’ouvrage du cœur dans les reins, ce genre de cœur pour rester solide ne pas sombrer dans on ne sait quelle révoltante mollesse. Et pourtant tu as pris le temps de tout écouter, toute la vulgarité, et surtout ces sentiments bon marché gros comme des immeubles de cité, et peux-tu me dire ce qui t’aura tant touché chez elle qui ne fut pas exactement chez toi, que tu aurais pu repousser de vive voix tout en laissant libre cours à ta propre vulgarité, si ce n’est ton orgueil, ou peut-être admet-le ta fierté, l’impression de pouvoir toujours tout supporter surtout ce qui vient et s’annonce comme étant l’insupportable.

insupportable cette journée semblable à toutes les autres mais que tu supportes ne sachant pas faire autre chose que de supporter l’insupportable, il s’en faudrait de peu parfois que tu ne puisses résister à l’envie d’envoyer tout promener, de partir dans la rue, de t’asseoir là, de devenir un de ces clochards que le monde méprise pour se sentir être le monde tel qu’il est , tel qu’il doit être et continuer d’être, insupportable bien sûr ; et pas sûr que la sélection s’effectue vraiment sur le fait de le supporter pour en être, ou bien de s’en éloigner définitivement en demeurant là assis immobile à le regarder, sans le voir, passer.

Post-scriptum

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener