L’inutile
poser un glacis de bleu pour homogénéiser un tableau qui ne fonctionne pas . Tout recouvrir ou presque.
Chaque mot prononcé fait aussitôt surgir son contraire. Ainsi quand tu dis utilec’est surtout l’inutile qui surgit. Tu te sens inutile et tu voudrais éprouver le contraire. Te rendre utile. Ainsi en va t’il de tous les mots, lumière et ombre, bien et mal, aimer et haïr, le jour et la nuit. 0 et 1. le langage binaire d’un programme informatique. Le ça fonctionne ou ça ne fonctionne pas. Voilà donc où tu en es après 63 ans de réflexion. Beau résultat. Inutile complètement.
Et ce fameux recul du peintre alors. A quoi te sert-il donc. Servir ou ne pas servir.
Parfois tu rêves de formater complètement le disque dur. Tout recommencer. De plus en plus souvent tu rêves. Mourir et renaître. Mais tu sais que cela ne fonctionne pas comme ça. Un temps de bilans pas bien clairs. De noirs bilans. Mourir et renaître. Tu l’as déjà fait cent fois au moins. Ca non plus ne fonctionne pas. Les fichiers cachés, les virus, sont toujours présents. Le constat c’est que tu n’es pas si intelligent que tu pouvais l’imaginer à certains moments de ta vie. Tu es plutôt bête évidemment. Bête comme tout le monde pris dans ce système qui a déjà prévu la moindre de tes tentatives d’évasion. Tout ce que tu dis ou fait est récupéré instantanément. Même si rien. L’industrie du rien s’en empare pour fabriquer du fric. Encore plus de mort. Encore plus de désespoir. Et toi tu voudrais encore croire à l’espoir bien sûr. Même si celui ci est inutile, même si celui-ci ne rapporte rien. Surtout si cet espoir est inutile et ne rapporte rien.
Tout ce qui ne brille pas au soleil noir de l’argent, reste tapis dans l’invisible dans lequel tu résides en écarquillant tes yeux d’aveugle obstinément.
Tu tournes en rond depuis si longtemps, il doit bien y avoir une raison. Le fait que tu ne la comprennes pas ne signifie pas qu’elle n’existe pas. L’espoir se tient à ce point trouvé de l’ ignorance désormais, à cette certitude logée au bout de l’ignorance. Une foi qui dépasserait enfin la simple croyance. Que nécessite d’y plonger que l’on ne nommerait pas folie. Une sagesse évidemment suivant la loi permanente des contraires.
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}