S’entrainer
peinture Bonnard.
S’entraîner à faire quelque chose. Peindre, écrire. Quelle est la raison véritable d’un tel entraînement sinon de s’entraîner dans le vide la plupart du temps. SE PROUVER à soi-même que l’on est capable de réaliser telle ou telle chose. En est-on jamais satisfait vraiment ? pas vraiment car on sait que l’on reste dans une sorte de zone de confort c’est à dire peu risquée et qui est cet entraînement perpétuel.
introduire chaque jour ne serait-ce qu’un tout petit risque. serait encore une sorte d’entraînement n’est-ce pas. Donc retour à la case prison.
d’où la nécessité d’un but. un but supérieur qui permette d’en finir avec cet obsession de s’entraîner.
ce serait quoi ce fameux but supérieur ? la satisfaction personnelle ? En sera t’on jamais satisfait ? cela reste une affaire personnelle. cela n’apporte rien de plus au monde. Et pourquoi voudrais- tu apporter quelque chose de plus au monde ? Depuis quelle position ? sinon encore une fois une position peu claire. le désir d’une reconnaissance quelconque ? ou pire encore un altruisme à la mode du temps. encore ce même manque de confiance en toi, en la vie, tu voudrais contrôler quelque chose mais tu sais désormais que ça ne fonctionne pas comme cela. que cette intention n’est pas bonne. du moins pas suffisante encore pour maintenir l’énergie à son plus haut degré- énergie ou envie de faire les choses, d’être emporté par cette envie.
tourner à vide, tourner avide.
Alors j’ai réouvert mon Bonnard "l’œuvre d’art, un arrêt du temps" acheté au musée d’art Moderne de la ville de Paris (2006 ?) examine attentivement chaque illustration, chaque tableau chaque esquisse. cet intime, ce presque rien qui saute au visage dans un éclaboussement de couleurs. Impossible de se fier à quoi ce soit dans ces tableaux sinon à une hésitation quasi omniprésente dans la touche. mais c’est justement de cela que vient cette émotion violente qui me met les larmes aux yeux. Comment peindre sans s’accrocher à cette hésitation justement sans que ce ne soit elle qui conduise la main mieux que tout autre élément. pensée, émotion savoir, technique. elle les détrône tous. une flamboyance de l’hésitation. A mettre en relation avec la fausse autorité d’un Bram Van Velde. car cette autorité apparente n’est qu’une autre fréquence une autre façon de négocier avec cette l’hésitation en lui laissant malgré tout le dernier mot. Les agendas de Bonnard avec un croquis l’indication du temps qu’il fait, une phrase par ci par là
c’est quoi mon intime. des pots de conserves vides sur la table des pots de pinceaux. Ce n’est pas assez bien n’est-ce pas. Tu aurais voulu autre chose. peut-être cette villa du Cannet. rire. bien sûr que non parce que tu l’as déjà eue et que tu n’en as rien fait. l’intime ce ne sont pas les choses autour de toi. c’est à l’intérieur de toi. c’est ta manière de célébrer ou de dénigrer le peu, le rien. Si justement tu t’intéressais plus à cela, uniquement à cela. Tu pourrais peindre tes pots de métal, tes pinceaux, la nappe de cuisine avec laquelle tu as recouvert les tables ici. T’enfermer là- dedans une bonne fois comme un Morandi. Te dire que ta réalité c’est cela voilà tout. Ne plus papillonner contre les vitres en espérant une liberté une évasion que tu possèdes déjà.
Et pour ne plus te réfugier dans l’entraînement te dire que chaque tableau est le dernier. Cela paraît grandiloquent en apparence. mais est-ce vraiment une apparence ou autre chose, à toi de le décider.
atelier du samedi aquarelle symétrie & dissymétrie
Revisite du même texte le 20 mai 2023
des questions encore des questions toujours des questions.
S’entrainer pour obtenir quoi ? Peindre, écrire, pour obtenir quoi ? Faut-il obtenir ? Est-ce que l’entraînement seul ne suffit pas ? S’entrainer à vide, au vide. Vider quelque chose à travers un entrainement. Quoi ? Une résistance qui empêche, qui fait obstacle, qui retient. S’entrainer à ne plus se retenir ? A ne plus rien retenir. Déverser quelque chose. Quoi ? Est-ce que l’on peut designer cette chose ?
Est-ce du bon, du mauvais ? Est-ce dans l’intention de s’améliorer à ? A quoi ? D’abord s’entrainer à s’entrainer pour essayer d’y comprendre quelque chose au départ, puis l’oublier en route. Le but, n’importe lequel sera valable. tous les buts sont valables s’ils demandent un entrainement.
Mesurer le progrès. Est-ce un but ? Je m’entraine pour mesurer mes progrès. Je tente de me dépasser, de me surpasser. Pourquoi ? PArce que je ne me trouve pas au niveau. Quel niveau ? Et par rapport à qui à quoi ?
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}