le soulagement qui convient

Il convient en tant que récompense que l’on reçoit, ou que l’on s’octroie d’avoir traversé l’horreur. Mais comme à peu près tout peut ici-bas être transformé en horreur assez mécaniquement, il n’est pas sot d’imaginer qu’il puisse exister en nous de vraies sensations d’effroi comme d’autres qui seraient artificielles ; artificielles uniquement d’ailleurs afin d’éprouver un soulagement au rabais de les avoir soi- disant traversées en restant indemne. La lecture de Lovecraft confère un type de soulagement étonnant mais que je ne parviens pas à classer dans une de ces deux catégories précitées. Sur un plan on pourrait se dire c’est une fiction, un divertissement, et l’angoisse, souvent tentée d’humour, est du même ordre, c’est à dire un passe-temps, mais la sensation de soulagement que j’éprouve à cette lecture semble avoir une autre source que cet inquiétude ludique si je puis dire. Ce soulagement dépasse d’une tête ou deux le plaisir de lire seulement un récit de fiction. Prenons le Cthulhu, ce texte qui nous entraîne dans un univers de tentacules et de parois poisseuses, il peut se lire à divers degrés, selon l’humeur, l’âge, l’idée que l’on se fabrique de toute fiction, l’engouement que l’on possède ou pas pour y pénétrer en tant que bon public, ou au contraire un esprit critique navrant qui nous empêcherait d’y pénétrer justement. Mais quel est cette abomination au fond du labyrinthe, ce labyrinthe crée par des phrases à rallonge, un style qui à première vue semble suranné, répugnera au lecteur pressé ; j’aurais bien ma petite idée, une explication assez plausible. De là à la livrer c’est autre chose, et peut-être que de le faire ne me soulagerait pas, ce ne serait pour le coup qu’un soulagement artificiel. L’effroi sous-jacent à la fiction est lui véritablement effroyable, donc une certaine dignité s’impose, même au plus indigne des hommes face à celui-ci. Et d’ailleurs n’est-ce pas justement par ce silence qu’une dignité devant l’effroi se récupère pour ainsi dire - si toutefois c’est possible... Et si cela est vraiment possible, n’est-on pas en droit alors d’en être soulagé d’une façon indubitable , de s’octroyer enfin à soi-même , le soulagement qui convient.

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener