Notule 67

Asger Jorn Droit d’aigle

Moins c’est compréhensible mieux c’est. De toutes façons chacun ira de sa propre interprétation comme d’habitude. Et puis quelle fatigue, le sourire a creusé de telles rides… des pattes d’oies ou plutôt les empreintes d’un mammouth laineux dans un atelier rupestre de colifichets en coquillages.

Pour un peu je me flanquerais tout nu pour aller me frotter contre la toile et donner des coups de cul et d’autre… mais ce sera toujours un cri muet. On ne sait pas si ça chante hurle pleure ou crie.

Ça échappe au relief, à la cartographie, une ignorance totale de toute géographie.

Des années à vouloir comprendre jusqu’à ce que ça choisisse enfin de renoncer.

Ça ne s’explique pas voilà tout, c’est raide. Ça marche en parallèle sans jamais qu’on le croise. Et sitôt qu’on a une impression familière on peut être sur d’être à côté.

Mais ça se comprend qu’on puisse peindre avec du sang du vomis de la merde. Rien de plus personnel au bout du compte. Et ça ne relève vraiment pas le personnel c’est une certitude. Mais bon les domestiques ne sont plus ce qu’ils étaient non plus. Il faut faire avec ou sans, comme on peut surtout.

Et puis j’ai vu les dégâts très jeune, maître jacques au Musée du Louvre. Des cabinets bouchés en pagaille par des tampons hygiéniques et fortuitement de maquillage.

Et à côté de ça le Pierrot Gilles de Watteau stoïque, avec moi comme âne dans l’angle en bas à gauche.

Cet œil larmoyant mon Dieu !

Une longue vérification sans plus.

Post-scriptum

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener