Notule 85

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Il y a toujours un moment où la profondeur se transforme en surface, où tous les efforts ne sont que des coups d’épée dans l’eau. La profondeur pas plus que la surface n’y sont pour rien, c’est limpide. Non, ce qui ne va pas c’est juste l’œil, le filtre. Et la nostalgie d’en rire s’amène séance tenante bien évidemment, en même temps.

L’humour est une chose merveilleuse tant qu’on ne connait rien à sa source. L’humour noir surtout.

Et quelle rêve d’envol de légèreté pourrait à nouveau nous dépêtrer des certitudes ?

Je suis dans cet état là en ce moment. La certitude d’être un gros con. Ces mêmes gros cons que j’ai tellement détesté tout au long de ma vie.

Lourdeur, naïveté, imbécilité et orgueil mal placé m’accablent.

Et certainement que j’en jouis tout autant que lorsque j’étais autre.

Jouir pour un rien ma spécialité.

Et cet éblouissement de constater que tous les chemins mènent effectivement à Rome.

La grâce peut tout à fait surgir comme ça.

Comme une baffe prodigieuse, ou la caresse d’une aile d’oiseau.

Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse.

Hier j’ai connu l’angélisme, aujourd’hui le démon m’habite. Ange et démon dansent la sarabande sur mes nerfs et j’arrive encore à contempler le spectacle.

Comme si j’avais réduit en poudre un objet très complexe et que je pouvais désormais voir la plage comme un goéland. Je peux passer ainsi du sable à l’océan, mon regard est fixe et ne cligne pas.

Mais je ne sais pas qui est ce je. Je ne sais rien de ce que je suis.

Et je m’en fiche pas mal aussi à présent.

S’enfoncer dans l’ombre jusqu’à se perdre en elle est pareil à s’enfoncer dans la lumière. L’égarement est le même.

Peut-être est-ce moins risqué d’aller plus loin dans l’ombre malgré tout. Elle nous achève sans bavure.

Alors que la lumière dessine aussitôt qu’on la pénètre un labyrinthe de péroraisons. Tout une série de conclusions trop hâtives qui ne servent qu’à amuser l’angoisse.

Et comment ne pas perdre le peu d’humanité auquel on s’accroche pour ne pas s’égarer dans tous les genres, les règnes ?

Devenir inhumain par cette même fatuité que possède le pécheur qui rapporte son poisson, avec ce sentiment enfantin d’avoir accompli de grandes choses.

Quelle frontière entre l’humain et l’inhumain ? On ne peut que mesurer l’ étendue du no man’s land qui se crée peu à peu au fur et à mesure des années. Mais ce n’est pas à confondre avec la frontière elle même.

Car on ne sait rien de l’au delà de la frontière c’est évident sinon le risque de se perdre dans l’absence de catégorie. Le risque, la peur de ce risque qui nous fait préférer la connerie quand l’intelligence ne tient plus.

Post-scriptum

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

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mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener