Notule 9
Je me méfie des évidences aussi spontanément que des clichés et ce depuis très tôt. Ce qui me place devant une image télé métrique du réel.
Celui que j’ai du accepter comme étant commun et le mien.
D’ailleurs lorsque j’étais photographe j’ai revendu tous mes boîtiers reflex pour acquérir un vieux Leica.
Avec ce dernier j’ai visité l’Asie et passais inaperçu. On aurait dit un appareil inoffensif. Je pouvais m’approcher des visages à 30cm car je n’avais qu’une optique de 35mm.
On ne savait pas quand je déclenchais l’obturateur, pas de claquement de miroir.
Pour faire le point il suffisait de faire coïncider deux images dans le viseur. C’était rapide et très efficace.
Je ne suis pas devenu célèbre grâce à mes photographies. J’avais imaginé le devenir lorsque j’étais jeune. Mais ce n’était qu’un leurre pour m’entraîner dans de drôles d’aventures.
Au bout du compte je faisais mes classes tout en semant des petits cailloux dans mon esprit, un puzzle extra.
Caroline me dit qu’elle voit un homme seul et qui grelote dans un paysage en apercevant mon tableau. Je l’ai vu aussi tard hier soir avant de lire son message, et du coup l’image dans le viseur m’apparaissait d’une évidence trouble.
J’ai tout recouvert de bleu, je ne pouvais pas m’installer dans ce cliché.
Puis j’ai repris mon pinceau chargé de blanc, excellente gomme mais pas seulement.
Baguette de sourcier plutôt, voire pendule de radiesthésiste. Et une autre vision est arrivée, suffisamment inachevée pour qu’elle m’ouvre à l’inconnu.
1
2
3
Post-scriptum
hautPour continuer
import
Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
import
technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
import
La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}