Faire pour soi ou pour les autres

Le vaisseau ne fait aucun bruit, il file à vive allure dans ce que je perçois être comme un immense couloir. Plus rien n’est vraiment net ni à l’intérieur comme à l’extérieur, tous les contours et les plans se chevauchent les uns les autres. Même qui je crois être, à cet instant est flou.
Il me semble que j’ai déjà effectué ce voyage, mais je ne sais pas si je l’ai fait dans le passé ou dans l’avenir. La notion d’espace temps a disparu. Tout ce qu’il me reste est l’attention d’être ici et maintenant.
Je peux tout aussi bien avoir 8 ans, 20 ans, 40 ou 60 ans, peu importe j’ai la sensation très nette que le temps n’a absolument pas d’importance. Tout ce qui est important est l’instant et cette vigilance détendue si je peux dire. Je ne suis pas stressé, je suis juste attentif.
Alors qu’il y a de quoi être effrayé franchement. Qu’est-ce que je fais ici ? Soudain, cette question vient interrompre tout le processus. Je me retrouve comme expulsé du vaisseau à tournoyer dans l’espace.
J’ai juste le temps d’entendre la voix de Myrdinn qui me dit
— Encore raté mon bon ami. Sa voix m’est devenue tellement familière que j’ai à peine le temps de prendre conscience de cette proximité qu’elle s’éloigne déjà , s’affaiblit, puis elle disparait.
Je me retrouve seul dans ce que j’imagine être le néant.
Mais qui suis-je donc bon Dieu ai-je encore le temps de m’interroger.
Puis c’est comme si je m’évanouissais lentement. Une sorte d’endormissement comme lorsqu’on est pris dans un froid extrême.
Je tente de lutter mollement mais la sensation est plutôt agréable et je décide de la suivre.
Lorsque je recouvre mes esprits je suis dans une salle immense. L’architecture m’est étonnamment familière, je reconnais certaines écritures et sculptures comme appartenant à l’ancienne Sumer, à l’Egypte, à la civilisation Olmèque ou Aztèque et Maya. Sensation de plus en plus nette d’être dans un immense musée. Cependant il n’y a personne, le lieu est déserté de ses habitants.
Qui peuvent-ils être ?
J’entreprends de visiter les lieux, visiblement ce "musée" est gigantesque. Depuis la grande salle centrale s’ouvre une multitude de galeries, il y en a plus d’une centaine à vue de nez. Je pourrais en ressentir un vertige, mais étrangement je me sens très calme, je n’ai pas peur.
Comme je le fais toujours je laisse mes pas me guider vers la première que j’aperçois sur ma gauche. Les parois sont taillées dans du cristal et j’aperçois des inclusions de plantes, de graines, de fleurs, toute une botanique qui elle aussi m’est très familière comme si je pouvais connaitre la nature, - mieux, l’essence- de chacun de ces végétaux.
Les sol est constitué de plaques taillées bizarrement comme les mayas taillaient leurs blocs de pierre pour des raisons prétendument sismiques dans mon souvenir. Mais je sais que c’est bien plus pour des raisons esthétiques lorsque je les observe. D’ailleurs tout ici est réalisé dans un but esthétique c’est une évidence.
Au bout de la galerie que j’arpente j’aperçois le portail d’une nouvelle salle. De celle-ci me parviennent des fragrances qui m’évoquent soudain quantité de souvenirs, mais je ne peux les explorer tant ils sont fugaces, un peu comme lorsqu’on sent l’odeur de terre mouillée après la pluie. Ou bien que l’on entend le chant d’un coq lorsqu’on a passé son enfance à la campagne.
Enfin j’arrive sur le seuil de cette salle grande comme deux terrains de football à priori.
Il y a des milliers d’étagères sur lesquels sont entreposés des bocaux transparents pour la plupart. Sur d’autres des livres aux couvertures somptueusement ouvragées et dont je parviens à déchiffrer les titres sans à priori connaitre leur langage. C’est comme si leur contenu m’était déjà connu d’avance sans que je n’ai besoin de les prendre et les ouvrir.
Personne non plus ici. Mais il semble que l’étonnement prenne le pas sur l’impression de solitude que je perçois tout au fond de moi-même.
J’explore encore d’autres galeries, d’autres salles toutes plus merveilleuses les unes que les autres. Puis soudain j’éprouve une sensation de faim. Je ne sais plus depuis combien de temps je n’ai rien avalé.
Aussitôt je me retrouve dans un restaurant assis seul à une table et devant moi surgissent mes plats préférés.
Ce sont mes plats préférés sauf que je ne sais plus qui j’étais vraiment lorsque je les savourais car jamais je n’ai vue de toute évidence ces denrées durant mon existence sur terre.
Les gouts aussi font surgir quantité d’images qui sitôt que je veux les observer s’évanouissent.
Et toujours ce point fixe que je ne peux décrire que comme cette attention au présent.
Une fois repu, je me dis qu’une cigarette ne serait pas de trop. Et soudain je me souviens que j’ai fumé la dernière dans le vaisseau de Myrdinn. Mais je n’ai pas le temps de m’attrister qu’aussitôt sur la table j’aperçois un paquet neuf et de plus c’est ma marque préférée.
Tout cela est trop beau pour être vrai. Je dois encore être en train de dormir et c’est un rêve.
Je me pince mais rien ne disparait et je ne suis pas autre.
Soudain j’aperçois un grand miroir dans la vaste salle qui doit être un restaurant. Je me lève après avoir écrasé ma cigarette dans un magnifique cendrier en cristal rose et m’avance vers le miroir.
Rien. Il n’y a aucun reflet. La surface du miroir est totalement noire comme un récepteur de télévision éteint.
C’est à ce moment précis que j’éprouve quelque chose de vraiment bizarre. comme si j’étais au centre d’un immense champs de bataille. Deux sentiments s’affrontent et pour leur donner un nom, en premier une immense solitude dans un camp alors que dans l’autre se tient la notion du beau, et l’irrépressible besoin de toujours me diriger vers lui quoiqu’il en coute.
Je me tiens à ce que j’imagine être la position la plus juste entre ces deux sentiments. Comme si l’équilibre ne dépend que de moi à cet instant.
Puis je ferme les yeux j’essaie de rassembler mes esprits, je vois mes pensées tournoyer comme des vents violents dans mon esprit, je les traverse toujours sans peur ou plutôt pour être exact je les laisse me traverser. Sans doute que l’entrainement choisit autrefois à rester assis et à méditer prend toute son importance à cet instant précisément.
Enfin les deux armées si je peux dire disparaissent. Je vois une lumière comme je n’en ai encore jamais vue de mon existence de terrien. On dirait un immense soleil qui a tout envahi de mon champs de vision. Sa lumière est merveilleuse et chaleureuse, extrêmement chaleureuse je dirais, elle n’est constituée que d’amour. Et je sais que je viens de là, que je suis une partie voir le tout de ce soleil tout entier.
J’ai envie de marcher vers lui de le rejoindre, mais quelque chose m’en empêche.
Comme si je n’avais pas terminé quelque chose avant de pouvoir le faire librement.
— C’est très bien Shanti, tu as passé le cap ! La voix de Myrdinn me récupère juste au bon moment j’ai l’impression.
— Mais que c’est-t ’il donc passé où donc étais-je ?
Tu étais dans le Soi ! tu y étais même à fond si je peux dire, et oui Shanti, sur le chemin de la Source. Et tu étais à deux doigt de t’y confondre à nouveau pour une période qu’on ne saurait estimer, peut être des milliers d’années si on calcule en temps humain.
— Oui je me suis senti aspiré par la lumière, j’étais vraiment à deux doigts de le faire, mais quelque chose m’a retenu. Ma vigilance me l’a ensuite interdit.
— Tout à fait Shanti, on a eu chaud, un peu de plus sans le savoir tu m’emportais avec toi tout l’univers connu et inconnu. Si tu avais effectué cette fusion, tout aurait alors disparu.
Il n’y aurait plus désormais que le néant. Et bien que ce soit normalement impossible, tu aurais réalisé l’impossible, tu aurais tué l’amour.
tu aurais tué toute possibilité d’amour aussi bien en toi que chez tous les êtres.
En n’allant pas dans la lumière tu as choisis le monde, la vie, les autres, pour que l’amour poursuive son chemin.
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}