Refaire ressentir reconnaitre

Il y a un film dans ma tête mais je ne me souviens ni du titre ni de l’auteur, il est en noir et blanc, avec Jean Pierre Léaud peut-être… ce serait donc à priori un film de Lelouche. Ce film parle de la première fois, je ne me souviens plus s’il ne parle que de ça, peut être parle t’il d’autre chose qui a moins retenu mon attention.

Je me souviens cependant de ce morceau d’éveil fatalement fugace que l’expression avait soudain déclenché. La première fois que l’on se trouve confronté à quelque chose, au monde, par lequel on se trouve soudain comme en accord ou en désaccord authentique indéniable avec celui-ci. La première gifle, le premier baiser, mais je vais bien trop vite il faudrait encore remonter plus tôt, le premier pas, la toute première fois qu’on est parvenu à tenir debout tout seul après de nombreuses tentatives qui n’étaient qu’une sorte d’amusement, de jeu, avec tout le sérieux que dissimulent ces termes ; ou encore la toute première fois que l’on s’est retrouvé ahuri de pouvoir rouler à vélo sans tomber. Et encore mille et mille premières fois qui s’enfuiront, à chaque fois englouties dans la répétition, pour retrouver une sensation qui toujours s’amenuise et finit pas disparaître sous le rouleau compresseur des occupations, du quotidien.

Alors on ne sent plus le monde comme au premier jour, on le ressent.

Alors on ne donne plus le baiser on le redonne.

Alors on ne se fait plus mal on se refait mal . On est refait comme disent les jeunes.

Alors on ne connaît plus rien on se contente de reconnaître quelque chose de plus ou moins flou, un visage, une rue, un objet, un tableau, un enfant. D’ailleurs ce mot pour l’état civil … reconnaître un enfant.

C’est comme si dans la connaissance première nous sentions une chute qui n’en finit jamais de nous aspirer vers le bas, de nous faire choir à terre. On s’imagine alors que par une simple reconnaissance des choses on remontera vers la lumière.

Régulièrement j’en doute.

Post-scriptum

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener