16 juin 2025

On annule Madrid. Et de tenter de revendre les billets pour le Prado sur Le Bon Coin. On annule ainsi, à tour de bras. Pas sans regret ni remord, on ne peut quand même pas dire ça. On annule parce que le blé manque, qu’il fera trop chaud, on annule parce que quand même faut pas pousser, on annule parce que tu ne gagnes pas assez de fric, que tout repose sur mon dos, et que ça commence à bien faire. Que la retraite, je ne la voyais pas comme ça. Que tout est bien sûr encore de ma faute et que je laisse passer l’orage parce que tu veux dire quoi, faire quoi. Encore 150 euros pour finir de payer les pneumatiques — quatre d’un coup, pour être tranquille, toute saison — et qui s’ajoutent encore au reste. J’y vais ce matin pour 9 heures, tout est prêt comme à l’hôpital, on vous attend, tout juste s’il n’y a pas masque et gants blancs. Lu un peu de tout. Rien qui me donne envie d’en parler parce qu’en parler, je ne sais pas faire. Mon truc, c’est de l’écrire, mais hier encore beaucoup plongé dans le code pour améliorer l’aspect rien de ma nouvelle version. C’est-à-dire retirer peu à peu. Oh, le graphisme, la mise en page, ce n’est rien. C’est de tout autre chose dont il faut parler. Ou plutôt non, ne rien dire du tout. Faire. Sinon, le cousin a dû rentrer de l’hôpital. Problème de vessie ou de rein, on ne sait pas encore. On gratte, on prélève, on suppute. Résultats fin de mois. Ne pas oublier. Presque oublié de le noter hier. Sinon, des rêves incroyables encore en si peu d’heures de sommeil. À croire que l’on pourrait faire une théorie basée sur le faible temps de sommeil et la qualité des détails oniriques. Le type que j’ai écrabouillé avait un imper gris maculé de taches de graisse. Mais ce n’était rien à côté de l’odeur épouvantable, un mélange de tabac et de sueur, avec un je ne sais quoi d’épicé à l’urine et au foutre. Et de le croiser comme ça au crépuscule. « Je n’arrive pas à mettre les photos sur Le Bon Coin, tu peux venir m’aider ? » Donc le croiser au crépuscule et de me souvenir d’avoir été frappé par ce type autrefois. Et lui de me sourire en me croisant et moi de lui aplatir la gueule, ni plus ni moins, comme si je voulais oblitérer son visage large, mais ma main, même écartée à fond, n’allant pas jusqu’à ses contours. Ce qui, par dépit, s’achève in extremis par un coup de pompe dans les parties. Mais ce n’est rien. La suite : je me retrouve dans une sorte de prison et un type cogne à la porte et me remet un couteau en plastique encore sale de beurre. Il faut comprendre immédiatement que l’autre que j’ai sonné a le bras long et qu’il veut se venger. Fondu au noir. On se retrouve dans une salle de sport et je vois le type qui m’a tendu le couteau qui ressurgit, mais d’en haut. Il y a un étage. Il tente de m’agresser avec des ciseaux à bout plat bizarres. Genre pelle à tarte, ce qui me fait pouffer. Du coup, je lui dis : « Salut, moi c’est Michel. » Incroyable, non ? Michel est mon second prénom. On devient copains. Mais il y aura des suites, l’autre, le commanditaire, est rancunier. Qui ne le serait pas après avoir reçu un coup de pompe dans les parties ? « Tu as vu l’heure ? Tu ne t’es pas lavé. » Donc il faut que j’arrête là, à contrecœur. Car le rêve continue encore, tout à fait net encore, et je pourrais le poursuivre les yeux ouverts sans difficultés. Mais la contingence oblige.


We cancel Madrid. And try to sell the Prado tickets on Craigslist. We cancel like that. Left and right. Not without regret or remorse, you can’t say that. We cancel because there’s no money, it’ll be too hot, we cancel because enough is enough, we cancel because you don’t make enough cash, everything’s on my back, and this is getting old. Retirement I didn’t see like this. Everything’s my fault of course and I let the storm pass because what you want to say what to do what. Another 150 bucks to finish paying for the tires—four at once, to be safe, all-season—and that goes on top of everything else. I’m going this morning at 9, everything’s ready like at the hospital, they’re waiting for you, just short of masks and white gloves. Read a little of everything. Nothing makes me want to talk about it because talking about it I don’t know how to do. My thing is writing it but yesterday still deep in the code to improve the look nothing of my new version. That is removing little by little. Oh the graphics the layout, that’s nothing. It’s something else entirely we need to talk about. Or rather no, say nothing at all. Do. Otherwise the cousin had to come home from the hospital. Bladder or kidney problem we don’t know yet. We scrape we take samples, we guess. Results end of month. Don’t forget. Almost forgot to write it down yesterday. Otherwise incredible dreams again in so few hours of sleep. You’d think you could make a theory based on little sleep and the quality of dream details. The guy I smashed had a gray raincoat stained with grease spots. But that was nothing next to the awful smell, a mix of tobacco and sweat, with something spicy like urine and come. And running into him like that at twilight. I can’t get the photos on Craigslist can you come help me. So running into him at twilight and remembering being hit by this guy before. And him smiling at me as we pass and me flattening his face plain and simple like I wanted to obliterate his wide face but my hand even spread out all the way not reaching his edges. Which out of spite ends up with a kick in the balls. But that’s nothing. Next thing I’m in some kind of prison and a guy bangs on the door and hands me a plastic knife still dirty with butter. You have to understand right away that the other one I knocked out has connections and wants revenge. Fade to black. We’re in a gym and I see the guy who gave me the knife coming back but from above. There’s a level. He tries to attack me with weird flat-tipped scissors. Like a cake server which makes me laugh. So I tell him hi I’m Michel (incredible right ?). Michel is my middle name. We become friends. But there’ll be consequences, the other one, the guy behind it, holds grudges. Who wouldn’t after getting kicked in the balls. You see what time it is, you haven’t washed. So I have to stop here against my will. Because the dream continues still completely clear still and I could keep going with my eyes open no problem. But reality requires it.

Carnets | juin 2025

30 juin 2025

Gros boulot sur le base de données. Renommage de toutes les tables et suppressions de certaines qui semblaient poser problème. Je n'ai pas encore réussi à nettoyer la rubrique import de toutes les balises wp dont sont truffés les articles. Après moult essai et l'importation d'un dernier script, j'envoie un ticket à OVH. J'ai rétrogradé ma version php de manière à être dans les clous avec la version 4.4.4 de SPIP. Bref, accaparé par ces contingences techniques je ne peux pas dire que ce soit une journée palpitante. De gros coups de chaud mais pas dûs aux températures. Demain nous allons à C. S. et moi pour voir E. et l'après-midi rendez vous avec le remplaçant de B. Le tableau est prêt. Nous verrons L. et A. seulement dimanche avec M. et C. Espèrons qu'il leur plaise. Préparation pour affronter Avignon. Avec cette chaleur, j'avoue que je ne me vois pas du tout arpenter la ville. Je prévois d'apporter un carnet à dessin et de me mettre à l'ombre. Petite pluie tout à fait ridicule en fin de journée. pas grand chose d'autre à ajouter. Le mois se termine en queue de poisson on dirait bien.|couper{180}

relevé

Carnets | juin 2025

29 juin 2025

Réveil 3h30. Il faut un petit laps de temps pour que je retire le masque de mon visage. Le temps de visualiser l'enchaînement des gestes. D'abord appuyer sur le bouton off de la machine. Puis retirer l'harnachement de sangles et de lanières. Ne pas oublier de déloger les deux petits pitons de leurs encoches respectives, de chaque côté du morceau de plastique dur. Enfin libéré, se diriger vers l'interrupteur et allumer. Puis démonter la partie souple en contact avec le nez pour se rendre à la salle d'eau et la plonger dans le bol préparé la veille. Mélange d'eau et de savon. Ne pas oublier non plus de vider le réservoir d'eau, de le rincer et de le retourner sur une serviette afin qu'il sèche. Ne reste que le long tuyau rigide à rincer. Eau et savon encore mais au-dessus de la baignoire cette fois. Puis l'accrocher sur l'étendage afin que tout soit de nouveau opérationnel pour la nuit prochaine. Hier vers la mi-journée j'ai achevé la commande de A. et L. J'ai pris une photographie et je la leur ai envoyée. J. arrive vers 12h. Nous prenons un moment pour faire le point sur nos faiblesses, nos obstacles, nos maladies avant de nous mettre à table. Poulet rôti et pommes de terre au four. Nous testons le vin restant dans le cubi. Il est encore correct. Sieste ensuite. Puis nous sortons sous la chaleur, nous prenons la Twingo pour aller chercher la fraîcheur à Saint-Pierre-de-Bœuf. Marche le long de la rivière. Spectacle assuré par les canoteurs. Puis nous avisons un petit établissement. Terrasse ombragée. Café et verre d'eau glacé. Nous restons là à prévoir notre prochain séjour en Avignon. S. nous a trouvé un hébergement à Montfavet. On ira certainement voir la tombe de Camille Claudel. De mon côté je préviens que je ferai cavalier seul. Un programme parallèle qui me dispensera de me jeter dans cette course annuelle et frénétique vers les salles de théâtre. Il doit bien y avoir des choses à visiter autres que des théâtres, dis-je. Nous restons encore un peu puis nous repartons. Les sièges de la Twingo sont bouillants. Nous proposons à J. de dormir à la maison mais il décline. Il prend le train de 8h02 pour Lyon.|couper{180}

relevé

Carnets | juin 2025

28 juin 2025

À droite de l'écran se dresse d'abord un mur vert percé d'une fenêtre grande ouverte en raison de la chaleur que l'on cherche à expulser pour la remplacer par la fraîcheur matinale. Considérations climatiques futiles qui m'auront échappées puisque j'étais parti pour décrire les lieux. Mais j'y reviendrai peut-être. Sur le climat. Donc, nous avons une fenêtre de forme rectangulaire, il est rare par ici de voir des fenêtres carrées. Les rondes ou en losange sont encore plus rares. Ici aussi je crois qu'on pourra se passer de la géométrie. Au-delà de la fenêtre, un mur qui monte jusqu'à une ligne taillée en biseau, et qui est tout simplement le fait souligné d'une ombre encore plus noire que la pénombre. Si l'on veut laisser l'œil s'élever encore on peut avoir un triangle de ciel gris bleu dans la partie supérieure de la fenêtre. Avec peut-être une légère nuance purpurine. Description qui n'est que l'écho d'une page lue ce matin. Ce qui me fait penser à Laurent Mauvignier quand on lui demande quels sont les auteurs qui l'ont inspiré. Il parle de cet écho chez d'autres auteurs d'un quelque chose qu'il cherche à dire. Est-ce cela l'inspiration, je ne sais pas. Peut-être que ça parle de solipsisme prometteur plutôt. Comme si à la lecture on avait franchi un mur. On aurait découvert cette percée, cette fenêtre que j'évoque au début, on passerait par celle-ci et l'on se retrouverait dans un jardin, dans une ville, dans ce que l'on voudra, une bibliothèque. La seule chose dont on ne pourrait plus douter c'est que c'est à soi de s'occuper des lieux. Car pas de jardinier ici, pas d'éboueur pour ramasser les ordures, pas de bibliothécaire pour épousseter les ouvrages, balayer les sols. Tout nous appartiendrait, d'accord. Mais nous serions les seuls responsables à la fois des merveilles qu'on y trouve comme des dégâts qu'on y cause. Une idée fugace passe, laisse-la passer, ne la retiens pas. Patience. Si elle revient une seconde fois note qu'elle se représente avec un léger étonnement. Mais laisse-la passer encore. La troisième fois cependant note-la car il y a de grandes chances qu'elle ne se représente plus. Cet espoir de retrouver goût à la lecture lui tomba dessus comme la grâce. Qu'allait-il en faire lui qui dans chaque espoir décelait déjà les prémisses d'une deception à venir. Donc le mot propriété revient par la bande. C'est à dire que tu lis un livre, tu le lis parfois plusieurs fois, tu t'en imprègnes et à la fin de voici étrangement devenu son propriétaire . Je ne parle pas de placer le livre sur l'étagère de la bibliothèque, évidemment. Je parle de cette sorte d'avidité incroyable au fond de soi qui s'accapare le monde de toutes les manières dont on peut imaginer que le monde se présente à soi. Que ce soit une rue que l'on arpente à période régulière et dont on fait sa familère, comme jadis on parlait de favorite. Que ce soit les fleurs du jardin que l'on arrose le matin pour qu'elles ne dépérissent pas trop vite. Que ce soit les livres que l'on lit et dans lesquels parfois on se reconnaît plus ou moins. L'idée d'être assisté pour respirer. Par une machine. L'agacement soudain s'additionne à la chaleur, se cumule, s'amplifie. Vers 23h j'arrache le masque. C'est à dire que le confort au bout d'un moment m'est tout aussi insupportable que tout le reste. C'est à ce moment, ne parvenant plus à dormir que j'ouvre les Nouvelles Complètes de Conrad, chez Quarto. Je n'avais jamais lu la préface de Jacques Darras. Il évoque la présence de Rimbaud et de Jozef Konrad Korzeniowski au même moment à Marseille, en 1875. Et surtout cet attrait des deux jeunes hommes pour les langues étrangères notamment l'anglais et le français pour le jeune polonais. "L'oreille devient organe majeur, les recherches linguistiques saussuriennes sont proches d'une formulation théorique". Hier encore je m'interrogeai sur l'utilité d'un récit de voyage et aussitôt que je lis ces pages ce sont les noms de lieux qui attirent l'oeil. l'île de Bangka au nord de Sumatra Semarang Singapour et Bornéo Aden Kinshasa Stanley Falls Harar L'hôpital de la Conception à Marseille.|couper{180}

Auteurs littéraires Autofiction et Introspection réflexions sur l’art