On annule Madrid. Et de tenter de revendre les billets pour le Prado sur Le Bon Coin. On annule ainsi, à tour de bras. Pas sans regret ni remord, on ne peut quand même pas dire ça. On annule parce que le blé manque, qu’il fera trop chaud, on annule parce que quand même faut pas pousser, on annule parce que tu ne gagnes pas assez de fric, que tout repose sur mon dos, et que ça commence à bien faire. Que la retraite, je ne la voyais pas comme ça. Que tout est bien sûr encore de ma faute et que je laisse passer l’orage parce que tu veux dire quoi, faire quoi. Encore 150 euros pour finir de payer les pneumatiques — quatre d’un coup, pour être tranquille, toute saison — et qui s’ajoutent encore au reste. J’y vais ce matin pour 9 heures, tout est prêt comme à l’hôpital, on vous attend, tout juste s’il n’y a pas masque et gants blancs. Lu un peu de tout. Rien qui me donne envie d’en parler parce qu’en parler, je ne sais pas faire. Mon truc, c’est de l’écrire, mais hier encore beaucoup plongé dans le code pour améliorer l’aspect rien de ma nouvelle version. C’est-à-dire retirer peu à peu. Oh, le graphisme, la mise en page, ce n’est rien. C’est de tout autre chose dont il faut parler. Ou plutôt non, ne rien dire du tout. Faire. Sinon, le cousin a dû rentrer de l’hôpital. Problème de vessie ou de rein, on ne sait pas encore. On gratte, on prélève, on suppute. Résultats fin de mois. Ne pas oublier. Presque oublié de le noter hier. Sinon, des rêves incroyables encore en si peu d’heures de sommeil. À croire que l’on pourrait faire une théorie basée sur le faible temps de sommeil et la qualité des détails oniriques. Le type que j’ai écrabouillé avait un imper gris maculé de taches de graisse. Mais ce n’était rien à côté de l’odeur épouvantable, un mélange de tabac et de sueur, avec un je ne sais quoi d’épicé à l’urine et au foutre. Et de le croiser comme ça au crépuscule. « Je n’arrive pas à mettre les photos sur Le Bon Coin, tu peux venir m’aider ? » Donc le croiser au crépuscule et de me souvenir d’avoir été frappé par ce type autrefois. Et lui de me sourire en me croisant et moi de lui aplatir la gueule, ni plus ni moins, comme si je voulais oblitérer son visage large, mais ma main, même écartée à fond, n’allant pas jusqu’à ses contours. Ce qui, par dépit, s’achève in extremis par un coup de pompe dans les parties. Mais ce n’est rien. La suite : je me retrouve dans une sorte de prison et un type cogne à la porte et me remet un couteau en plastique encore sale de beurre. Il faut comprendre immédiatement que l’autre que j’ai sonné a le bras long et qu’il veut se venger. Fondu au noir. On se retrouve dans une salle de sport et je vois le type qui m’a tendu le couteau qui ressurgit, mais d’en haut. Il y a un étage. Il tente de m’agresser avec des ciseaux à bout plat bizarres. Genre pelle à tarte, ce qui me fait pouffer. Du coup, je lui dis : « Salut, moi c’est Michel. » Incroyable, non ? Michel est mon second prénom. On devient copains. Mais il y aura des suites, l’autre, le commanditaire, est rancunier. Qui ne le serait pas après avoir reçu un coup de pompe dans les parties ? « Tu as vu l’heure ? Tu ne t’es pas lavé. » Donc il faut que j’arrête là, à contrecœur. Car le rêve continue encore, tout à fait net encore, et je pourrais le poursuivre les yeux ouverts sans difficultés. Mais la contingence oblige.


We cancel Madrid. And try to sell the Prado tickets on Craigslist. We cancel like that. Left and right. Not without regret or remorse, you can’t say that. We cancel because there’s no money, it’ll be too hot, we cancel because enough is enough, we cancel because you don’t make enough cash, everything’s on my back, and this is getting old. Retirement I didn’t see like this. Everything’s my fault of course and I let the storm pass because what you want to say what to do what. Another 150 bucks to finish paying for the tires—four at once, to be safe, all-season—and that goes on top of everything else. I’m going this morning at 9, everything’s ready like at the hospital, they’re waiting for you, just short of masks and white gloves. Read a little of everything. Nothing makes me want to talk about it because talking about it I don’t know how to do. My thing is writing it but yesterday still deep in the code to improve the look nothing of my new version. That is removing little by little. Oh the graphics the layout, that’s nothing. It’s something else entirely we need to talk about. Or rather no, say nothing at all. Do. Otherwise the cousin had to come home from the hospital. Bladder or kidney problem we don’t know yet. We scrape we take samples, we guess. Results end of month. Don’t forget. Almost forgot to write it down yesterday. Otherwise incredible dreams again in so few hours of sleep. You’d think you could make a theory based on little sleep and the quality of dream details. The guy I smashed had a gray raincoat stained with grease spots. But that was nothing next to the awful smell, a mix of tobacco and sweat, with something spicy like urine and come. And running into him like that at twilight. I can’t get the photos on Craigslist can you come help me. So running into him at twilight and remembering being hit by this guy before. And him smiling at me as we pass and me flattening his face plain and simple like I wanted to obliterate his wide face but my hand even spread out all the way not reaching his edges. Which out of spite ends up with a kick in the balls. But that’s nothing. Next thing I’m in some kind of prison and a guy bangs on the door and hands me a plastic knife still dirty with butter. You have to understand right away that the other one I knocked out has connections and wants revenge. Fade to black. We’re in a gym and I see the guy who gave me the knife coming back but from above. There’s a level. He tries to attack me with weird flat-tipped scissors. Like a cake server which makes me laugh. So I tell him hi I’m Michel (incredible right ?). Michel is my middle name. We become friends. But there’ll be consequences, the other one, the guy behind it, holds grudges. Who wouldn’t after getting kicked in the balls. You see what time it is, you haven’t washed. So I have to stop here against my will. Because the dream continues still completely clear still and I could keep going with my eyes open no problem. But reality requires it.