On peut contourner la difficulté par le présent. Écrire au présent. Le présent est un cadeau que l’on s’offre à soi-même, puis par ricochet, comme les rais de lumière, où ils veulent, où l’on voudra bien s’y accorder. Ajoutez à cela l’abandon, tous les abandons. Une exploration de l’abandon, la matière abandon. Concordance des temps : retrouver ce matin dans ma boîte aux lettres numérique plusieurs émissions d’Alain Veinstein, des fragments en PDF, un abécédaire en ePub, le tout envoyé par FB. Une gêne à commenter en lisant la liste déjà longue de ceux déjà là. La plupart datent de 2021. L’abandon des commentaires concorde avec de nombreux autres. L’abandon s’effectue au présent. Il est absurde de dire "j’ai abandonné ceci ou cela" comme "j’abandonnerai".
Le tabac, sa présence, son absence aussi se relèvent, se révèlent au présent. De vieux souvenirs de photographies en noir et blanc apparaissent dans une cuvette jaune. La notion d’instantané. Mais l’avantage — n’en faut-il pas toujours tant qu’on s’obstine à se sentir floué — est la volatilité de la pensée, de l’envie, de la douleur, quand déjà elles s’évanouissent, qu’une journée passe.
Mon épouse compte les jours. C’est devenu un rituel matinal. Il y a un calendrier sur la porte du réfrigérateur. Il faut plier les genoux pour cocher la journée avec un Stabilo bleu. Tout travail mérite salaire. C’est cette phrase qui me vient en cochant la journée d’hier. L’abandon du comptage des jours se trouve renforcé par ce calendrier ; le comptage est un jeu sans importance. On vérifie qu’on peut plier les genoux et encore bien d’autres choses.
-- Comme tu es calme, c’est vraiment étonnant, me dit-elle.
Je ne cherche pas à l’être, mais bizarrement tout concorde.
Le site sous SPIP avance jour après jour. Quelques articles à la volée. Des photographies exhumées. Pas encore certain de la mise en page. L’avantage, c’est qu’on peut le reconfigurer autant qu’on le désire si l’arborescence tient la route. Et même celle-ci, c’est un jeu encore de pouvoir la modifier à tout moment.
L’illustration est un tableau peint à l’huile, son titre "Lost in the horizon". Dimensions : 80 × 80 cm. Date : 2018.