Atelier d’écriture, revisite 05 double tu.

Gregory Derenne peinture

Toi œuvre à venir

Projet projection projetée à partir de qui de quoi qui es tu ?

sinon un rêve, mieux encore rêvé d’un ou de milliers de rêves multiples

arbre à maintes branches et racines

quelle est ta taille, ton épaisseur ton encombrement, ton essence ton emplacement au sein de la grande de l’immense forêt des œuvres déjà faites, de celles à venir ?

Est-ce toi qui m’ impose d’aller à ta rencontre ou la petite mélodie de l’air du temps

Et si je me bouche un instant les oreilles perdrais-je alors la chanson ou bien est-elle déjà là inscrite depuis toujours tout au fond de moi, dans l’élucubration due à mes insomnies ?

Mais alors dans quel moi vraiment te tiens-tu et qui m’échappe sitôt que j’effectue par distraction le moindre pas au dehors dans la rue

n’es-tu pas pure distraction qui m’oblige à m’enfuir dans d’autres toujours si décevantes pour revenir vers toi ?

Toi peintre imposteur

Tu es peintre, tu dis que tu es peintre et cela te semble si ridicule de vouloir ainsi te définir au regard d’autrui. Peut-être que c’est pour qu’on te flanque la paix, qu’on cesse de t’ennuyer avec ce fameux qui es-tu. Tu t’es inventé un rôle, une fonction, mais non par vocation vraiment, pas par désir, par obligation serait plutôt le mot. De là toutes ces difficultés, parmi lesquelles celle surtout de rester face à ton chevalet alors qu’en fait tu préférerais mille fois aller marcher dans la campagne, voir leurs formes leurs couleurs leurs mouvements, en être sans éprouver le moins du monde le besoin de l’exprimer.

Toi tu dis que tu es peintre mais tu ne peins pas tant que ça, tu donnes seulement l’impression que tu peins ce qui passe de moins en moins inaperçu à des regards avertis, à tes yeux à toi tout au moins. Ce qui te fait songer à cette vieille cette profonde résistance à tout engagement de ta part sinon pour pallier au plus pressé toujours à l’ urgence, aux factures, à l’argent, à tout ce qui est bien loin d’être poétique ou romantique. Tu dis que tu es peintre pour faire le malin, l’avocat du diable, tourner en dérision un mythe, peut-être ce mythe de l’œuvre à venir et qui ne vient jamais, car comme le disent les punks :" no futur" mon petit vieux, tout au présent sont les êtres les choses les vérités comme les illusions.

Et tu pourrais en être désespéré si tu ne trouvais pas tout ça si drôle si bizarre, si beau, mais d’une fréquence dure à tenir pour s’en souvenir.

Post-scriptum

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Pour continuer

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

technique mixte 70x70 cm

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener