huile sur papier 14 x 22 cm mars 2023

Hockney est devenu visible par ses piscines. Mais quand on parcourt son œuvre on voit à quel point il a peint de différentes façons, parfois enfantines ou abstraites. De plus malgré la pression très forte autour de lui il n’a jamais dit qu’il désirait faire partie de près ou de loin du Pop Art. C’est un véritable outsider, un inclassable. Plus sympathique que l’affreux Dubuffet. Mais un peintre se soucie t’il d’être sympathique ?
Sur mon autre site je poursuis sur les "carnets" je n’avais pas pensé aux photographies jusque là. Et puis soudain en effectuant une recherche par hasard sur la photothèque de l’Ipad je retrouve des images de 2004. Vertige. Cela oblige à revenir patiemment dans toutes ces photographies dont la plupart ne sont pas légendées ni vraiment localisées. Recréer des albums , replacer ensuite dans un contexte. Même des factures, des tickets de carte bleue peuvent être utiles pour se refabriquer une histoire du temps.
Et puis le vertige est trop puissant je m’en écarte pour faire une petite peinture sur papier. Bleu de céruléum, jaune de cadmium et un rouge de cadmium clair., guère de blanc. Il en résulte une grille. La question ensuite serait : est-ce que je vois le monde à travers de telles grilles ou bien je place des grilles devant moi pour que le monde ne me voit pas ne me voit plus... peut-être un peu des deux ou rien de tout ça. Il s’agit juste d’une recherche d’accords de couleurs.
J’ai déjà fait ce travail des dizaines de fois, sur papier ou sur toile. Mais le souvenir en est vague, je ne parviens pas à restituer ça dans une époque dans une chronologie "normale" , d’où l’intérêt de chercher à classer les photographies que j’ai pu prendre- en espérant que j’en ai pris. Sinon il reste aussi la spéléologie pour aller dans les caves ou au grenier retrouver des traces. Encore une fois se pose la question d’une existence intemporelle qui ne soucie pas des choses faites mais de celles à faire au présent, quitte à réinventer plusieurs fois la roue.
Le fait de se raccrocher à une histoire, fut elle celle de l’art et plus précisément de la peinture, revient aussi à se créer une place, un temps, se créer tout court, à s’incarner. Ensuite il y a bien sûr la nécessité d’un désir d’une envie. C’est certainement comme renoncer à l’alcool , au tabac, un peu difficile au début et puis on finit par s’y faire, on peut même en éprouver une certaine satisfaction, une sensation bizarre de liberté.
forte émotion de voir le tableau de l’Annonciation de Fra Angelico repris par Hockney puis cet autre toile sur laquelle on voit un couple dans une pièce. La femme est la vierge Marie, son écharpe est un vagin, l’homme assit en vis à vis semble abattu, sur ses genoux un chat blanc, et plus loin par terre présence du Verbe sous la forme d’un téléphone.

En même temps ce vide entre les êtres, spécifique à l’Amérique, que l’on peut retrouver chez Hooper. Ce vide que j’ai aperçu sur des images des manifestations d’hier, dans les rues de Paris. Le même qui a gagné le monde entier. Une disparition de la culture, le vide laissé par son absence, de son ignorance désormais. Et en regard cette haine cette violence inouïe qui fera feu de tout bois pourvu qu’elle s’exprime.
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}